Victor Thevenet

LA CARTE PERFORÉE
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LES MACHINES À STATISTIQUES
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Les premières machines :
        La première application, qui a donné naissance à la mécanographie a été le dépouillement du recensement de la population des USA en 1890.

Les fonctions nécessaires étaient :
        - la préparation des documents assurée manuellement, qui consiste à les regrouper et à codifier certaines zones de données,.
        - la perforation des données sur cartes
        - la vérification des cartes
        - la mise en ordre des données selon des critères géographiques et individuels pour créer des séries de cartes homogènes.
        - la détection des séries de cartes pour les totaliser.

Les machines sont spécialisées par fonction de la manière suivante :

        - les perforatrices entièrement mécaniques ne possèdent qu’un clavier numérique (la perforation d’un caractère alphabétique est réalisée par l’appui simultané sur 2 touches). Les opératrices lisent les documents originaux et perforent les zones de données caractère par caractère. Les opératrices sont rémunérées " au rendement " : en moyenne celui ci varie de 3 à 6.000 perforations à l’heure. Plus tard les perforatrices seront électriques, avec clavier alphabétique dès 1940, et le rendement pourra atteindre 7 à 8.000 perforations à l’heure. Les opératrices groupées en atelier sont surveillées par un contremaître qui outre le rendement décompte les erreurs et les cartes mises au rebut par chaque opératrice. Le travail est très pénible.

        - les vérificatrices sont électriques. L’opératrice reprend un paquet de documents et les cartes correspondantes qu’elle met dans le magasin de lecture de la machine, Elle retape les données et à chaque frappe d’un caractère au clavier la machine vérifie que la perforation de la carte a la même valeur et se trouve à la bonne colonne. S’il n’y a pas correspondance la machine se bloque. Le rendement moyen varie de 6 à 9.000 perforations à l’heure.

        - les trieuses sont conçues pour mettre un fichier de cartes dans l’ordre défini à partir de critères perforés sur les cartes elles-mêmes. La trieuse ne traite qu’une colonne numérique à la fois, elle répartit les cartes dans des cases numérotées de 0 à 9. L’opérateur reconstitue un fichier en " ordre croissant " en ramassant successivement les cartes ventilées dans les cases de 0 à 9. Si les cases de 9 à 0 sont successivement ramassées, l’ordre du fichier est décroissant.

        - la fonction essentielle des premières " machines à statistiques " (qui deviendront des tabulatrices lorsqu’elles seront pourvues de la fonction d’impression) est de totaliser des séries de cartes. La détection des séries est constituée par deux postes de lectures capable de lire simultanément deux cartes qui se suivent et de comparer la valeur du numéro de série (ce dispositif est appelé " contrôle d’indicatif ").

Les données sont lues à partir du 2ème poste de lecture et envoyées dans des positions de totalisateurs mécaniques rotatifs, directement issus des calculatrices à manivelle.
Tant que le contrôle d’indicatif n’a pas détecté de différence de valeur, la tabulatrice continue de lire les cartes qui sont totalisées. Dès qu’il y a une différence, c’est la fin d’une série de cartes, la tabulatrice est arrêtée et l’opérateur peut relever visuellement les totaux, puis les remettre à zéro et redémarrer la machine.
        Cette tabulatrice possède un dispositif de programmation ressemblant à un petit standard téléphonique avec plots et jacks, il est appelé " tableau de connexion ". Pour chaque travail, il permet à l’opérateur :
        - de choisir les plots " sortis " des postes de lecture sur lesquels il recueillera les numéros de séries et de les relier aux entrées du dispositif de contrôle d’indicatif 
        - de choisir les plots du 2ème poste de lecture sur lesquels il recueillera la lecture des zones à totaliser et de les relier aux entrées des positions de totalisateurs.

tabu-cu_1922.jpg (13836 octets)

     - de choisir les plots " sortis " des postes de lecture sur lesquels il recueillera les numéro de séries et de les relier aux entrées du dispositif de contrôle d’indicatif 
     - de choisir les plots du 2ème poste de lecture sur lesquels il recueillera la lecture des zones à totaliser et de les relier aux entrées des positions de totalisateurs.

La tabulatrice typique de cette époque la " Frédrick Rosing Bull " est en cuivre.

technologie
La technologie est la même que celle utilisée par l’industrie téléphonique :
        - courant continu de 48 volts fourni par des accumulateurs
        - relais, constitués d’un électroaimant qui commande l’ouverture et la fermeture de contacts électriques.

les utilisateurs
        Ce sont essentiellement des administrations, qui ont des besoins spécifiques, sont très exigeantes ; la plupart des machines sont personnalisées et faites sur mesure.

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