V - LES AVENTURES D'UN TECHNICIEN EN DEPLACEMENT

Ces anecdotes concernent aussi bien le travail à faire que les problèmes posés par le voyage.

1947 : En route pour Bruxelles illuminée

Technicien au labo général naissant de Bull, M. A. Perrot, m'envoie en Belgique pour prendre contact avec la Société belge des Machines Bull, dirigée alors par un des 3 frères Ziguelde, afin de l'informer de certaines nouveautés réalisées à la Cie.

En cette fin 1947, la France se fait remarquer par ses grèves à répétition. Au moment de partir, grève totale des chemins de fer français. Après plusieurs faux départs, dans la pagaille, je pars finalement en car pour Bruxelles avec L. Guillemot (Principal au Service Entretien Ville), dont je fais la connaissance à cette occasion (L. Guillemot était entré à la Cie en 1931).

Après un long voyage jusqu'à la frontière, nous changerons de véhicule après une longue attente et contrôle sérieux des bagages ; nous arriverons vers 11h du soir dans une ville où l'éclairage public et les pubs scintillantes me surprennent beaucoup, ainsi que les nombreuses voitures américaines qui circulent.

En France, nous roulons avec nos vieilles voitures dans le Paris "Ville Lumière" ! , ce qui fait sourire nos amis belges, au moins ceux qui savent.

Avec bien du mal, nous trouverons à 11h du soir une chambre avec un seul grand lit à Bruxelles. C'est un peu tard pour dire "à la guerre comme à la guerre", mais enfin on s'arrangera pour se satisfaire de cette situation. Le lendemain, nous irons chez Bull où nous sommes attendus par des gens très amicaux mais perplexes en ce qui concernait notre voyage. Il n'y avait pas encore le "portable" ! et la nuit, il n'y a personne à la société belge des Machines Bull.

Ma mission, après ces petits problèmes, se déroulera sans problème.

1949 : Dans les champs de tulipes

Je suis chargé de la mise au point d'une machine très spéciale, le "bill-feed", appareil monté sur la tabulatrice et destiné à imprimer des cartes perforées. Il doit pouvoir être mis en et hors service en 15 minutes. Cet appareil est destiné à la Cie Générale d'Electricité de Rotterdam. L'étude et la réalisation ont été faites en un temps record. Les caractéristiques ont été données au Bureau d'Etudes par M. G. Vieillard, qui avait rencontré précédemment les responsables de la Cie d'Electricité, cliente de Bull et d'IBM.


1948 - Le "bill-feed"
A cette époque, les transports internationaux en train sont soumis à la fouille des bagages, avec descente du wagon pour passer la Douane, 2 fois pour aller en Hollande, dont une fois en pleine nuit. Dans les trains internationaux, il y a cinq classes (3ème, 2ème, 1ère, Pullman 2ème classe, Pullman 1ère classe). La Compagnie Bull nous offre royalement une 2ème classe, ce qui ne nous place pas parmi la clientèle pour laquelle on a des égards à la Douane.

Arrivé à Rotterdam, je n'ai pas de difficultés pour trouver un hôtel et rejoindre la Cie d'Electricité. Suite aux bombardements, le centre de Rotterdam a été complètement rasé avant reconstruction, ça me rappelle Le Havre.

Le matériel est arrivé en temps et en heure et le chef de service met une tabulatrice à ma disposition pour faire les modifications et montage du bill-feed.

Le chef de service, sympathique et parlant quelques mots de français, me rend visite et, au cours des discussions, il apparaît vite que l'appareil ne correspond pas à ses besoins, qui sont satisfaits avec le bill-feed d'IBM, plus compliqué, lourd et cher.

C'est à ce moment que j'ai appris que c'est M. G. Vieillard qui avait mis cette affaire en route. Sur l'instant, je ne sais pas quoi dire et je suis plutôt paniqué. A l'époque, il ne suffisait pas d'envoyer un fax pour être en contact rapidement et même les liaisons téléphoniques internationales n'étaient pas toujours faciles.

Après réflexion, je me rends compte que, moyennant une modification, il était possible de rendre l'appareil partiellement utilisable.

Echanges téléphoniques, courrier détaillé avec Paris et, grâce à la mise à disposition des machines outils du service entretien de la Cie d'Electricité, je peux rendre, en partie, notre appareil utilisable. A Paris, le B.E. étudie des pièces nouvelles que je viendrai installer dès que possible, lors d'un second déplacement. C'est la seule fois de ma carrière où j'ai utilisé mes connaissances du travail d'atelier.

Au cours de mon premier séjour, j'ai été logiquement en liaisons avec le représentant de Bull en Hollande ; je lui ai rendu service en ce qui concernait une traductrice récalcitrante. Pour me remercier, il m'a payé le voyage de retour en Pullman. Je ne suis pas descendu à la Douane et le contrôle des bagages a été plutôt "léger" !

Juillet 1950 : Une mise en route difficile à Nancy

J'ai terminé la mise en point du prototype de la reporteuse et je vais à Nancy, dans l'agence d'une banque (gros client de Bull) pour effectuer la mise en route de la machine ; nous avons quelques petits problèmes et il faudra une semaine pour effectuer la mise en route. Le client est très mécontent et m'appelle dans son bureau pour me "passer un savon" car la Cie lui faisait payer la location depuis le 1er juillet, ce que j'ignorais totalement. Dans mon esprit, dans un cas semblable, j'étais persuadé que la location ne pouvait débuter au plus tôt qu'après la réception de la machine.

Je n'ai pu que me disculper prudemment et encaisser ! A mon retour, j'ai fait savoir à la Cie, en le disant très fort, que ces pratiques commerciales étaient inadmissibles et je sais que l'agent commercial responsable n'a pas eu de compliments. Ceci dit, le directeur de l'agence m'avait paru très imbu de sa personne et assez antipathique !

NB : Cette machine compliquée et délicate pour certains réglages me vaudra plusieurs déplacements qui me permettront de voir les régions de France sans gros soucis techniques.

1951 : Foire de Milan

Après un voyage pour lequel on m'avait fait passer par Modane (panne de wagon en Suisse), arrivée à 1h du matin à Milan, où personne ne m'attendait plus. La suite s'est bien passée, malgré un nombre d'heures de travail très conséquent, pendant les heures d'ouverture et en dehors. Mon rôle principal était de présenter le premier système à bande perforée qui utilisait du matériel Olivetti modifié. Olivetti, à cette époque, était associé avec Bull et était un gros fabricant de téléimprimeurs. J'ai eu l'occasion de visiter l'usine d'Ivrea, située dans un décor magnifique, au pied des Alpes. D'autre part, les gens que j'ai côtoyés, qu'ils soient italiens ou français, ont tous été très cordiaux et nous avons pu nous rendre des services mutuellement. Pour les gens chez Bull, je repense à M. Rajablat, qui deviendra responsable à Bull Deutchland, A. Langjahr, avec qui j'aurai plus tard des relations lorsqu'il sera au service méthodes maintenance, ainsi que R. Etienne.

Détail cocasse : sur un stand voisin du nôtre, il y avait une calculatrice UNIVAC (concurrent), qui venait de Paris et vendue à UNIVAC par Bull. A l'époque, UNIVAC nous achetait des calculatrices et des inter-classeuses.

1957 - Ce n'est pas encore l'Amérique

A cette époque, Bull vendait aux U.S.A. des perforateurs 300 c.p.m. (L.P. 300). Le collègue de la maintenance chargé de la mise en route de ces machines se trouve débordé, les U.S.A., c'est grand, et il n'est pas possible d'être au sud et au nord à la fois. La Direction de Bull (Commercial -> Etudes), me demande de faire le déplacement de toute urgence, il semble que le torchon brûle de l'autre côté de l'Atlantique !

Branle-bas de combat. C'est mon ami, J. Hochard, qui est chargé de l'organisation du voyage (à l'époque, il faut 1 mois pour obtenir les papiers pour entrer aux U.S.A.).

En début d'après-midi, j'appelle ma femme au téléphone pour lui dire qu'elle vienne me chercher au premier train à la gare de Maisons-Laffitte ; heureusement, nous avons voiture et téléphone et ma femme peut se rendre disponible. La Compagnie a déjà préparé les recommandations urgentes pour la Préfecture de Versailles et l'Ambassade des Etats-Unis.

Arrivé à Maisons-Laffitte, nous devons passer à la gendarmerie, puis trouver un photographe qui veuille bien nous faire sur-le-champ des photos d'identité "spéciales Passeport" (Photomaton strictement interdit, le format n'est pas bon). Nous en faisons faire à Saint-Germain-en-Laye, d'où nous filons à la préfecture avec nos lettres de recommandation. Nous avons le passeport le lendemain matin à la première heure. De Versailles, je reprends le train pour Paris afin de me rendre à l'Ambassade pour obtenir le fameux visa pour les U.S. L'Ambassade ayant été avertie par la Cie, je suis reçu rapidement par un représentant "habilité" et "l'interrogatoire", on peut dire ça ! sera court, environ 1/2 heure. Je ne suis pas communiste, je ne fais pas de syndicalisme (je n'en faisais plus et je me suis bien gardé de parler de ces occupations passées), différentes questions concernant ma famille et mes relations. L'employé, probablement rassuré, me fait faire immédiatement le visa. Avant midi, je suis de retour à la Cie. Jean a fait préparer le billet pour partir le soir. Nous sommes contents de nous, nous nous sommes bien débrouillés.

A trois heures, on nous annonce que le problème aux U.S.A. était résolu et, en conséquence, le voyage annulé !

Terminé !

1962 - Un salon spécialisé à Munich

Une exposition où tout a bien fonctionné. C'est encore Jean qui est chargé de l'organisation. J. Chopin sera responsable du matériel électronique, dont un prototype pour la reconnaissance optique des caractères, et moi-même, responsable des lecteurs, perforateurs, imprimantes et matériel de bande perforée. Le plus gros problème n'a pas été de faire fonctionner le matériel, nous avions des techniciens de haut niveau pour nous assister, mais d'assurer l'aller et surtout le retour du matériel avec nos emballages qu'il fallait conserver en état dans un lieu sûr pendant l'exposition. L'opération avait mal commencé car, à l'arrivée à Munich des machines "sous douane", on s'aperçoit que le numéro d'un perforateur de cartes n'était pas lisible à travers une trappe prévue à cet effet et les douaniers nous font toute une histoire, le transporteur se débattant comme un beau diable pour résoudre ce délicat problème, ce qui sera fait au bout de plusieurs heures. Cet incident ne nous arrangeait pas, le temps pour mettre tout en état de fonctionnement était très court.

Dès l'ouverture de l'Exposition, nous avons la visite quasi permanente d'un très curieux visiteur, habillé bizarrement, en chemisette, short bavarois, gabardine pliée sur le bras et nus pieds. Il a le nez littéralement plongé dans les machines, ça ne fait pas très sérieux dans ce salon très huppé. Au bout de deux jours, nous sommes obligés de lui dire de ne pas rester en permanence sur le stand. Nous n'avons jamais su si c'était un farfelu ou un connaisseur qui voulait améliorer ses connaissances, … personnelles ou non !

196X - Un baptême de l'air très tourmenté

Les temps changent, les moyens de transport aussi. C'est ainsi que, pour la première fois de ma vie, je vais voyager en avion et faire mon baptême de l'air en Caravelle, le fleuron de l'aviation française. Auparavant, j'ai manqué à plusieurs reprises des baptêmes sur avions d'aéroclubs. La Caravelle est un avion très sûr et confortable, tout au moins au début de sa carrière, car après le succès "obligera" à resserrer les rangs.

Je prends donc l'avion Paris-Milan pour une mission chez Olivetti. L'avion doit franchir les Alpes pour ce voyage et, manque de chance, un sérieux orage éclate lorsque nous sommes au-dessus des montages. L'avion saute dans tous les sens, traversant un ciel noir, rempli d'éclairs. Pas rassurant du tout, ce voyage ! Qui a dit que la Caravelle était un moyen courrier confortable ? L'arrivée à Milan, déjà délicate en temps normal à cause de la proximité de la montagne, se fera avec quelques fortes secousses, mais sans dégât. J'étais perplexe sur le confort des voyages en avion, mais il ne faut jamais se fier à une première impression. Dans les années suivantes, je ferais de nombreux voyages pour mes déplacements à la C.I.I. J'ai parcouru plus de 40.000 km en Caravelle et je n'ai jamais rencontré de problèmes.

1972 - Enfin l'Amérique

Nous sommes dans la période de Multinational data et je dois, comme représentant du service Fiabilité-Qualité (Manager Fiability-Quality sur ma carte de visite), me rendre, seul, à Rochester, dans le Michigan, pour obtenir tous les renseignements sur une imprimante C.D.C. que nous pensons utiliser sur nos systèmes C.I.I. La mission consiste à voir sur place l'organisation, les éléments d'étude, de fiabilité, de qualité et d'organisation de fabrication. J'en ai conclu que C.D.C. était un fabricant bien organisé à tous les points de vue et le personnel, à tous les échelons, compétant et très ouvert sur l'extérieur. Un seul problème, les Américains ne parlent … que "l'américain" et n'ont pas idée d'essayer de parler une autre langue que la leur, à part quelques "marginaux" qui parlent un peu notre langue, qu'ils ont appris au hasard de leur existence. Très peu de personnes parlent français à C.D.C., ils sont connus et servent d'interprète pour les points délicats. Ceci mis à part, lorsque je suis arrivé à Rochester, dans le hall d'entrée, il y avait inscrit sur un écran "Welcome, M. Cain, C.I.I."

Mais tout ceci n'est pas l'essentiel de mon propos, qui concerne surtout le voyage. L'organisation est faite, pour l'essentiel, par un technicien spécialiste de ce matériel, il est français et c'est le correspondant de C.D.C. pour la France.

Le parcours est le suivant :
Paris => New-York en 747, changement d'aéroport, avion pour Détroit.
A Détroit, location d'une voiture, ce qui ne pose aucun problème, il n'y a pas d'acompte à verser, à partir du moment où C.I.I. est sur la liste et que je vais pour le Business à C.D.C. (un point pour les Américains simplificateurs).

Nous sommes en novembre, il fait nuit et je dois faire une longue route. Comme plan, j'ai une photocopie d'une partie de carte US. J'ai bien examiné mon plan et je démarre … en manquant d'écraser le préposé de chez Hertz. Normal, il est passé devant la voiture juste quand je l'ai mise en Drive. Personne ne m'avait dit qu'avec les boîtes automatiques, il fallait mettre le pied sur le frein pour que la voiture n'avance pas à l'enclenchement de la boite. Bon ! maintenant, je le sais et ça ne m'arrivera plus.

Je sors de l'aéroport et doit prendre une route à droite (que je rate) sur le free-way. Ayant la carte dans la tête (pas l'écran vidéo, il n'y en avait pas à cette époque), je vais jusqu'au prochain trèfle, ce qui me permettra de revenir sur le free-way dans l'autre sens, et là, retour à la case départ à Détroit pour reprendre la route dans le bon sens. La 2ème fois, je ne raterai pas ma route. J'aurais encore des hésitations parce que, le free-way étant en construction, il a fallu à plusieurs reprises faire du gymkhana entre route nationale et free-way. D'autre part, le nom de la ville indiquée sur ma carte n'était pas indiqué au début du parcours.

Enfin, à 11 h du soir, je vois à l'entrée de Rochester, un motel éclairé. L'hôtel où je devais normalement aller était à l'autre bout de la vile. Vu l'heure tardive et suivant les conseils de mon correspondant C.D.C., je m'arrête là pour passer la nuit. C'est un petit établissement plutôt familial et, finalement, j'y resterai tout le séjour. Le lendemain matin, à mon réveil, tout est couvert de neige, 20 centimètres. C'est la première neige. Le patron du motel, bien sympa, sans que je le lui demande, me prête une brosse avec un grand manche prévu pour déneiger les voitures. Dans la matinée, je me présente à l'usine, facile à trouver sur la nationale. Je me fais annoncer et je prends contact avec un manager, très surpris et un peu perplexe de me voir arriver dans ces conditions (sur ce coup, le petit Frenchie a marqué un point).

Le séjour s'est très bien passé et j'ai trouvé tous ces techniciens extrêmement attentionnés avec moi et très ouverts en ce qui concerne le travail?

C'était mon premier séjour aux Etats-Unis et j'ai été surpris de rencontrer des gens tous bons pères de famille, sérieux dans leur travail. Je me rendrai compte plus tard, lors d'autres séjours, qu'aux U.S., si un projet n'avance pas comme prévu, toute l'équipe se fait "virer" sans préavis.

L'image que l'on se fait, dans les années 60, de l'Américain grand brasseur d'affaires est comparable à l'image du français avec son béret et sa baguette de pain.

197X - Le plus long voyage

Je pars pour un voyage aux U.S.A. regroupant plusieurs missions, la première doit nous amener chez C.D.C., à l'usine de production de Tucson, en Arizona. Au départ, nous sommes trois, Daniel Mercier, le chef de produits terminaux, R. Valère, un de mes collaborateurs et moi-même. Nous partons d'Orly et le Boeing 747 doit nous emmener à Los Angeles, d'où nous devons prendre une correspondance pour Tucson - Durée prévue : 18h.

Au départ d'Orly, une sécurité de verrouillage de porte est défaillante, nous perdons 1h et l'avion va faire escale à Londres, nous n'avons jamais su pourquoi, ce qui nous coûte 1h 1/2 d'arrêt. Nous arrivons à Los Angeles, correspondance ratée. En discutant, nous pouvons avoir un avion pour Phœnix, puis une correspondance pour Tucson, où nous arriverons au milieu de la nuit. En arrivant, nous avons la surprise de voir un correspondant de C.D.C. que nous avions tenu au courant de notre périple. Le correspondant nous emmènera directement à l'hôtel. C'était vraiment aimable de la part de C.D.C. Je ne suis pas sûr que la C.I.I. en aurait fait autant à Paris, car nous n'étions pas du personnel de très haut rang.

Le voyage aura duré plus de 30 heures bien agitées et nous étions très fatigués à l'arrivée.

La suite du voyage se passera sans incidents notables. Nous irons à Las Vegas, où il y avait un salon pour les périphériques d'ordinateurs, ça fait plutôt vacances. Las Vegas, il faut absolument voir, on aime ou on n'aime pas, mais c'est unique. Les gens de C.D.C. nous emmèneront dîner au Mexique, à Nogales, dans la grotte historique où Geronimo, le chef indien, faisait de la résistance. Le week-end, nous irons visiter le grand Canyon du Colorado et passerons par Phœnix avant de reprendre l'avion pour le nord, à Minneapolis, où se trouve le quartier général, et une usine de production à Saint Paul.

J'ai laissé repartir mes premiers collègues et j'ai réceptionné à Minneapolis un autre groupe Etudes et un chef de produit, notre ami D'Allemagne. Je connais le parcours et je suis le chauffeur pour emmener les uns à Minneapolis et les autres à Saint Paul.

Quelques jours après je repartirai, seul, pour une autre mission dans une autre société, à Boston, après avoir fait un arrêt à New York pour le week-end. J'en profiterai pour monter à la statue de la Liberté, visiter Central Park, la 5ème Avenue, Greenwich Village, le City Music-Hall. Un week-end à New York, c'est bien, mais je n'aimerais pas y rester toujours. Le métro, il fait peur, certains quartiers étaient ... à éviter !.

NB : suite à une panne d'appareil photo, j'ai gâché une pellicule exposée, elle a fini dans une corbeille à papier au pied de la statue. Dommage !

Le lundi matin, je retrouve mon correspondant à l'aéroport de Syracuse, heureusement ! et nous sommes partis à Boston avec sa voiture très spéciale. La visite des labos et de l'atelier était intéressante, le personnel très aimable et dynamique, mais il n'y a pas eu de suites commerciales.

J''étais très heureux de rentrer à la maison après ce périple de trois semaines, malgré tout assez fatigant car, si je n'ai parlé que des anecdotes de voyage, il y avait de longues journées de discussion plutôt épuisantes.

Le cas particulier des SICOB


Je ne voudrais pas terminer sans parler des S.I.C.O.B., dans lesquels j'ai opéré pendant 10 ans, d'abord à la Porte de Versailles, puis au C.N.I.T., à la Défense (les tours n'existaient pas encore).


Au Sicob 1951

Certains SICOB sont relativement calmes mais, en général, du fait que l'on y montre des nouveaux matériels, les techniciens sont très sollicités et doivent opérer sans que cela se remarque, dans la mesure du possible. Surtout au début, les techniciens cherchent à connaître les nouveautés du concurrent, c'est à dire IBM pour nous. C'est un peu de l'espionnage, mais les techniciens d'un camp ou de l'autre sont vite connus et interdits de séjour chez le voisin. A cette époque, approximativement 1947-1957, il y avait deux constructeurs qui rivalisaient à part égale, … et les autres.

Je me souviens, en 1952, nous présentions un nouveau matériel à bande perforée qui m'a posé beaucoup de soucis pour son exploitation. La malheureuse opératrice a aussi passé 10 journées très laborieuses. C'est aussi l'année où nous présentions le premier Gamma, alimenté sur groupe électrogène. Il savait parfaitement faire des multiplications de 12 chiffres par 12 chiffres, mais pas les multiplications à un chiffre (problèmes de bruits de fond ou parasites ?)


Au Sicob 1952

Retour Suite