CAE CII
10010
La CAE a développé son premier mini-ordinateur
conçu et construit en France; le modèle 10010, pour répondre
à son marché temps réel qui exigeait des machines moins onéreuses
que la série 90/20 d'origine SDS.
La carrière de cette machine devint limitée, en 1967, par l'orientation nouvelle donnée par la première convention calcul (qui orientait la CII vers des machines de gestion) et les limitations apportées par ses actionnaires à l'activité engineerie. Le 10010 continua d'être produit pour les affaires déjà engagées, et fut officiellement réorienté , sous le nom de Iris 10, vers un marché de satellite de la ligne Iris que lui laissaient CSF et CGE. On peut noter que la vente en 1969 de la licence au constructeur hongrois EMG Videoton permit au EMG810 de faire bonne figure dans l'informatique d'Europe de l'Est. Ce contrat a été conclu à l'initiative de la Délégation à l'Informatique. C'est le Mitra 15 (projet Q0) qui lui succédera en 1972 (annonce mai 1971) dans le catalogue CII. |
CAE developed its first
French genuine minicomputer as 10010 for the lower end of
the "real-time market" (the upper part being covered by SDS
machines).
In 1967, the 10010 carrier became limited by the government subsidized Plan Calcul that prescribed the CII (a company merging SEA and CAE) to devote its efforts to the support of business applications ans also because CII's shareholders CAE and CGE imposed that CII restrict drastically its engineering activities. The 10010 continued to be manufactured for on going customers and was reoriented, under the Iris 10 name, towards a role of satellite for the Iris line of business computer. The license of the 10010 minicomputer was sold in 1969 to the Hungary manufacturer EMG Videoton, under French Governement initiative.. The 10010's successor was to be the Mitra 15 (Q0 project) in 1972 (introduced in May 1971). |
Le 10010 est un Mini-ordinateur conçu par André Vallet sur un schéma original inspiré de l'architecture du RW530 (et du CAE 133) mais utilisant la technologie et les périphériques produits sous licence SDS série 9x0 (CII 90-10). Ce mini-ordinateur est vendu à un prix moyen de 200KF.
Il comprend trois parties :
- une mémoire qui enregistre les informations,
- une unité centrale qui les traite,
- une unité d’échange qui commande les échanges entre l’ordinateur et l’extérieur.
Unité mémoire
· Type : tores de ferrite.
· Organisation : par octet ; découpage
en pages de 256 octets.
La page 0 constitue la mémoire
de travail ; elle est destinée à recevoir des informations particulières
utilisées dans des cas précis, tels que comptage d’instructions, gestion
d’entrées-sorties, utilisation des systèmes d’interruptions, etc.
La page 1 est utilisée pour les comptages d’impulsions en provenance de
l’extérieur.
Elle est assemblée en groupes
de 4096 octets, puis en blocs de 16 Ko.
· On distingue mémoire
interne et mémoire externe.
La mémoire interne a une
capacité au plus égale à 16 Ko ; l’ordinateur se présente alors en
coffret.
La mémoire externe est nécessaire
lorsque la capacité dépasse 16 Ko ; elle peut comprendre jusqu’à 3 blocs de
16 Ko, portant la capacité maximum à 64 Ko ; l’ordinateur se présente alors
en armoire.
· Fonctionnement : lecture-écriture
en parallèle par octet.
· Accès : par l’unité
centrale ou direct. Si l’on dispose d’une mémoire externe, les deux voies
peuvent travailler simultanément.
· Vitesse : cycle écriture-lecture
de 1 µs ; temps de transfert d’un octet en accès direct : 1,5 µs.
· Dispositifs en option :
contrôle de parité et protection écriture.
Unité centrale
· L’unité centrale effectue des opérations logiques, arithmétiques, des opérations de transfert, de décalage, de tests et de sauts. Elle manipule des mots (16 chiffres binaires) et des octets (8 chiffres binaires). Elle possède trente instructions câblées dont la multiplication et la division.
· Les registres généraux sont au nombre de 9 et sont :
- l’accumulateur A étendu par B,
- l’additionneur D,
- l’indicateur de retenue R,
- le registre E d’échange avec la mémoire,
- les registres OP, N, I contenant le code de l’instruction en cours,
- le registre S d’adresse de la mémoire.
Unité d’échange
L’unité d’échange commande les échanges entre l’ordinateur et l’extérieur. Les échanges se font sur 4 types de liaisons différentes :
· La Liaison Standard, appelée aussi liaison multiplexée (LM), à laquelle sont raccordées les unités périphériques standards de la série 10000, et qui permet des transferts simultanés sur 4 voies indépendantes. A chacune d’entre elles sont affectées jusqu’à 8 unités de liaison pour périphériques, une seule lui étant connectée à un instant donné. La cadence de transfert de la liaison varie, selon les modes de transfert, de 40 000 octets/s à 330 000 octets/s.
· La Liaison Programmée (LP) qui permet d’assurer les fonctions d’échange des informations octet par octet, en opérant sur des instructions d’entrée/sortie du programme. Cette liaison permet aussi le comptage en mémoire. La durée de transfert est d’environ 8 µs.
· La Liaison Directe (LD) dont les transferts sont commandés par l’équipement extérieur. Dans le cas de l’utilisation d’un bloc de mémoire externe, les transferts sur la liaison directe sont rigoureusement indépendants des transferts entre l’unité centrale ou l’unité d’échange et le bloc de mémoire interne. La cadence de transfert atteint 660 000 octets/s en mode asynchrone.
· La Liaison pour Signaux d’Interruption qui possède les circuits nécessaires au fonctionnement de quatre classes différentes d’interruptions hiérarchisées (voir ci-après).
· L’Unité d’Échange comprend deux parties :
- l’unité d’échange programmée (UEP) en standard, à laquelle sont reliées la liaison programmée et la liaison pour les signaux d’interruption,
- l’unité d’échange multiplexée (UEM) en option, qui assure, en plus du raccordement des deux liaisons précédentes, l’entrée de la liaison standard.
Le Système d’interruptions
Le 10010 comporte 4 classes d’interruptions hiérarchisées dans l’ordre décroissant suivant :
· Classe 0 : cette classe
comprend les 4 interruptions suivantes :
- mise sous tension,
- coupure tension,
- erreur de parité,
- protection mémoire.
· Classes 1 et 2 : les interruptions de ces classes sont des interruptions associées aux organes périphériques connectés sur la liaison programmée et la liaison directe. Chaque classe peut grouper jusqu’à 256 interruptions hiérarchisées.
· Classe 3 : cette classe groupe les interruptions associées aux périphériques classiques connectés sur la liaison multiplexée. Le nombre d’interruptions possibles ne dépend que du nombre de périphériques connectés (en principe 32).
Périphériques
· sur la liaison programmée LP : de façon à pouvoir utiliser le 10010 pour des applications en temps réel avec l’unique liaison programmée, il a été prévu d’y connecter un certain nombre de périphériques nécessaires à son exploitation.
- Téléscripteur : machine à écrire émettrice-réceptrice 10 car/s, avec lecteur-perforateur de ruban à 10 car/s.
- Lecteur de ruban perforé rapide à 300 car/s.
- Lecteur-perforateur de ruban rapide, 300 car/s en lecture et 53 car/s en perforation.
- Ensemble de commande pour machine à écrire à 10 car/s.
- Minidisques rapides de 200, 400 et 800 Ko et extension à 1600 Ko.
Par ailleurs, se connectent sur la liaison programmée :
- le coupleur temps réel qui est une unité qui engendre une ligne omnibus sur laquelle peuvent être connectés tous les périphériques temps réel avec leurs unités de commande et en particulier :
- les sous-ensembles de traitement des entrées numériques,
- les sous-ensembles de traitement des sorties numériques,
- les sous-ensembles de traitement des entrées analogiques,
- les machines à écrire de sortie.
- le coupleur de transmission asynchrone (CTA).
- le coupleur de transmission synchrone (CTS).
· sur la liaison multiplexée LM : les organes connectables sur la LM font partie des périphériques de la série 10000. Les principaux sont :
- Téléscriptrice d’entrée-sortie avec clavier et imprimante,
- Téléscriptrice avec lecteur-perforateur de ruban,
- Lecteur-perforateur de ruban : 300 car/s en lecture, 50 car/s en perforation,
- Perforateur de ruban à 50 car/s,
- Lecteur de ruban perforé à 300 car/s,
- Lecteur de cartes perforées à 150 cartes/min.,
- Perforateur de cartes à 120 cartes/min.,
- Imprimante à tambour à 200 lignes/min.,
- Bandes magnétiques 9 pistes, 800 bpi, 37,5 ips, 30 Koctets/s,
- Bandes magnétiques 7 pistes, 200/556 bpi, 37,5 ips, 7,5 à 20,8 Koctets/s.
Système de programmation
Le système de programmation du 10010 comprend l’assembleur ASTROL et le FORTRAN 10010, associés à une vaste bibliothèque de sous-programmes en virgule fixe ou flottante, de fonctions mathématiques et de programmes de service et d’entretien.
· ASTROL : l’assembleur
ASTROL accepte le programme source rédigé en langage symbolique, convertit
les symboles et fait appel aux sous-programmes. Il produit un
programme-objet ainsi qu’une liste d’assemblage indiquant les erreurs,
les adresses du programme en mémoire, les instructions du programme-objet
et le texte du programme source.
L’assembleur existe en deux versions :
- ASTROL 4 utilisable avec le 10010 équipé d’une mémoire de 4 Koctets,
- ASTROL 8 utilisable avec le 10010 équipé d’une mémoire au moins égale
à 8 Koctets.
L’assembleur ASTROL 8 permet une programmation plus riche en symboles que
l’assembleur ASTROL4.
· FORTRAN 10010 : permet
de faire la programmation d’un problème dans un langage très proche du
langage mathématique. Le système convient à l’utilisateur qui a peu ou
pas de connaissances sur l’organisation interne du calculateur. Les
variables peuvent être traitées en virgule fixe ou flottante.
Le FORTRAN 10010 peut être utilisé sur un ordinateur possédant une mémoire
au moins égale à 8 Koctets.
· Programmes de service et d’entretien : un ensemble de programmes de diagnostic est fourni pour simplifier l’entretien du système. L’utilisateur peut vérifier ainsi le fonctionnement de l’ordinateur et de la mémoire. Des programmes annexes de diagnostic sont fournis pour la vérification des éléments périphériques.
4 juillet 1967: communiqué de presse CII.
La CII, Compagnie
Internationale pour l'Informatique, annonce le lancement de l'ordinateur
10 010.
Cet ordinateur est le premier
ordinateur européen de la troisième génération dont le prix modeste,
la robustesse, l'encombrement réduit et les performances élevées
répondent dans le domaine des applications en temps réel et des
applications scientifiques aux besoins d'un marché important en rapide
expansion. L'ordinateur 10 010 a été conçu et
développé pendant la période qui a précédé la signature, dans le
cadre du Plan Calcul, de la Convention entre l'État et la CII. Son
lancement pendant la période de préparation des systèmes du Plan
Calcul souligne l'effort industriel et commercial fait par la CII sur sa
gamme actuelle de systèmes et matériels de Traitement de
l'Information.
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CII avec le plan calcul se limitera à une fabrication
du 10010 en OEM (essentiellement pour le compte de ses sociétés mères) , mais
relança en septembre 1969 le système sous le nom de Iris 10 dans des
configurations "packagées". Sous ce nom générique, la CII offre des systèmes complets, intégrant dans
une conception unique un ensemble de matériels comprenant un ordinateur CII 10
010 et les programmes d'exploitation correspondants.
IRIS 10 est présenté sous trois versions :
¤ La version temps partagé est destinée à l’enseignement de masse de l’informatique (initiation) et plus précisément à la formation accélérée à la programmation à partir de consoles de dialogue - 4 à 16 terminaux - qui sont de simples machines à écrire avec lecteur-perforateur de ruban permettant le dialogue avec l’ordinateur. De son côté, le professeur possède une machine à écrire particulière à partir de laquelle il peut effectuer la préparation des exercices.
Le moniteur " Temps Partagé " qui gère ce système est conçu pour permettre la traduction et la mise au point de programmes introduits en parallèle sur les 16 terminaux ; des possibilités conversationnelles sont offertes à partir de chaque terminal pour l’introduction des programmes depuis le clavier ou le lecteur de ruban perforé du terminal, pour la correction des erreurs, la traduction et l’exécution des programmes, leur stockage sur mémoire à disque, le listage de l’assemblage sur l’imprimante, la sortie des programmes générés sur le perforateur de ruban du terminal
Ces possibilités facilitent également l’écriture et la mise au point rapide de programmes d’intérêt pédagogique. Elles permettent d’effectuer sur chaque terminal toutes les opérations nécessaires à l’introduction, la mise au point et le stockage de tels programmes.
Des langages particulièrement destinés à l’enseignement de l’informatique
sont fournis avec le système IRIS 10 " Temps Partage " :
- ASTROL R a pour vocation d’apporter aux élèves la connaissance du
fonctionnement d’un ordinateur, unité centrale, organes d’entrée/sortie
; c’est un langage d’assemblage, issu du langage Astrol 8 d’apprentissage
très aisé.
- FORTRAN 10010, sous-ensemble d’un langage scientifique
universellement utilisé, est bien adapté à l’enseignement par sa
structure suffisamment complexe et son exploitation aisée, en particulier
grâce aux possibilités d’analyse syntaxique des ordres frappés par les
élèves.
- Le langage de commande du système d’exploitation est un véritable
langage de gestion, qui permet à chacun des utilisateurs de gérer et de
manipuler ses propres fichiers résidents sur une mémoire à disque.
Par ailleurs, divers exercices de simulation d’applications réelles
peuvent être réalisés à l’aide des langages ci-dessus pour la
formation des élèves aux techniques de la gestion des entreprises.
Le système IRIS 10 Enseignement en temps partagé est composé des
éléments suivants :
- une unité centrale 10010
- une mémoire de 32 Koctets,
- un disque magnétique à têtes fixes de capacité 400 000 octets,
temps d’accès moyen 10 ms, cadence de transfert 160 000 octets/s,
- des périphériques : une machine à écrire, un lecteur de ruban,
- un coupleur multiplexé de lignes asynchrones pour la connexion de 4 à
16 consoles de dialogue, proches ou éloignées de l’ordinateur.
¤ La version universelle comporte, en plus de la fonction " Temps
Partagé ", une fonction " Satellite " qui permet d’utiliser
les langages et les ressources d’un ordinateur plus puissant situé à
distance, et relié à l’IRIS 10 par voie téléphonique (réseau commuté
ou ligne privée).
Le système IRIS 10 universel est composé des éléments suivants :
- une unité centrale 10010,
- une mémoire de 32 Koctets,
- un disque magnétique de 800 000 octets,
- un lecteur de cartes perforées (200 cpm),
- une imprimante rapide (200 lpm),
- une machine à écrire,
- un coupleur multiplexé de lignes asynchrones pour la connexion de 4 à
16 consoles de dialogue, proches ou éloignées de l’ordinateur.
- un coupleur de transmission synchrone pour la connexion à un
ordinateur central éloigné.
Marché
in 1969, 63 appareils ont été livrés ; 223 ont été lancés et sont produits par l'usine de Toulouse à la cadence de 12 par mois
Parmi les applications importantes du 10010, on notera:
Des automatisations de la circulation
-Le 17 octobre 1968, la CII a reçu la commande de neuf ordinateurs 10 010, par la Société Crouzet, maître d’œuvre, et la Compagnie Générale d’Automatisme (C.G.A.), destinés à l’automatisation du Réseau Express Régional de la R.A.T.P. Le rôle de ces ordinateurs est, en particulier, d’assurer sur le tronçon ouest de la ligne le contrôle automatique des tickets magnétiques de métro dans chaque station ; cette mise en œuvre n’est qu’une première tranche du projet total qui concerne l’ensemble du réseau ferré de la R.A.T.P.
- Réseau Express Régional – RER : sur les trente 10010 commandés par la RATP pour l’automatisation du RER, dix ont été livrés en 1969 pour la ligne Nation-Boissy Saint Léger. La livraison des vingt autres sera échelonnée jusqu’en 1971 pour la ligne Étoile-Défense.
- système 10010 installé à la sortie de l’autoroute A6 à Pouilly-en-Auxois. Sur plus de cent km (entre Avallon et Mâcon) il régularise la circulation, règle les feux de signalisation, organise les délestages, calcule le temps nécessaire à la résorption des bouchons, pour rétablir à l’instant voulu la circulation sur l’itinéraire normal.
- C.G.A. : régulation de la circulation à Toulouse.
--Thomson-CSF: Centre d’Informations Routières
Des automatismes:
- système 10010 servant à la gestion de télécomptage du complexe de la Centrale Électrique de Richemont.
-Le 21 octobre 1968, la CII a livré à la Société Neptune un ordinateur 10 010 ; cet ordinateur doit être intégré dans un " système d’instrumentation pour mesure d’ancrage " d’un engin flottant de forage. Il permet en particulier d’étudier l’ancrage de l’engin en fonction de son environnement météorologique et océanique. Cette instrumentation est réalisée pour le compte de l’ERAP. au titre de l’exécution d’un programme d’études marines
Des testeurs de composants à la SESCOSEM et à la CIT
Une utilisation au CNET Lannion et à la CIT (3 systèmes) pour le CNET ( commutation téléphonique)
Dans les applications de gestion, on notera les CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) de Tours et de Limoges dans la préparation des décomptes d’assurances maladie
L’ordinateur 10 010 construit par la Compagnie pour la réalisation système de traitement d’information biologique et médicale réalisé à partir de cet ordinateur par l’Électronique Marcel Dassault (E.M.D.). Cet ordinateur équipera prochainement le Centre Hospitalier et Universitaire Necker et sera connecté au Centre de Calcul et de Statistiques de la Faculté de Médecine dirigé par Monsieur le professeur Gremy. L’Électronique Marcel Dassault (E.M.D.) et la Société d’Étude des Systèmes d’Automation (SESA) ont exposé les grandes lignes du système de traitement d’information biologique et médicale que ces deux sociétés étudient et réalisent sous l’égide de la Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique (DGRST).
Dans l'éducation, une des cibles de l'Iris10, l'AFPA (Formation Professionnelle des Adultes), l'IUT de Lyon-Villeurbanne, quelques lycées
A l'étranger, l'essentiel se fera dans le cadre de l'alliance Videoton qui commandera 20 systèmes complets puis 25 destinés au montage et à la mise au point en Hongrie.
La république de Cuba commandera en fin 1970 8 systèmes destinés à une mise en réseau.