Innovatron       CII-HB     Bull

Carte à puce                                       Smart Card

L'introduction des circuits intégrés LSI dans les années 1990 conduisit à l'idée de transporter des données entre ordinateurs sous la forme compacte dans un format carte de crédit.
L'invention peut être mise au crédit de Roland Moreno, idée qu'il avait eu au cours d'un stage dans les laboratoires de Honeywell-Bull où il avait pu se mettre au courant des procédés de micropackaging et des applications des circuits PROM.

Roland Moreno créera la société Innovatron pour l'exploitation de ses brevets qui seront industrialisés par plusieurs industriels français et achetés par des industriels du monde entier à des fins de protection juridique.
 

The introduction of LSI integrated circuits in the 1970s led to the idea of a simple cheap way of transporting data between computer systems in a credit card format.
The invention is credited to Roland Moreno who created it during a stay in Honeywell-Bull lab where he observed the design of the micropackaging process and the usage of PROM circuits.

Roland Moreno will create Innovatron company to exploit his patents that will be industrialized by several French manufacturers and bought by world wide companies for legal protection.
 

 
La première version de la carte à puce, utilisant la technologie TAB de Bull-General Electric fut dévoilée en décembre 1974 sous forme d'une carte comportant 1 Kbit de mémoire PROM bipolaire. Elle fut réalisée dans le laboratoire de Saint-Ouen de Honeywell-Bull sous la direction de Karel Kurzweil. Cette carte était plus épaisse (1.6mm) que les cartes de crédit classiques ou à strip magnétique et possédait un connecteur en bout de carte un peu du genre  PCMIA.
 
photo ©2007  Karel Kurzweil
 
En juillet 1977 elle fut suivie d'une version de PROM bipolaire 4Kbits
 
Ces cartes furent utilisées par Roland Moreno pour des démonstrations et une étude de marché. Celles-ci montrèrent que le marché était bien plus large si la carte pouvait être portée de manière identique aux cartes de crédit.

C'est ainsi que naquit le format actuel avec son connecteur en surface et une épaisseur identique à celle d'une carte de crédit.

Ce modèle fut introduit en décembre 1978 avec une puce 1Kbit en technologie EA ROM avec une possibilité de recevoir de plus une strip magnétique ER 1400.

Ce format fut commercialisé sous la forme de cartes prépayées téléphoniques pour les PetT françaises. Elles furent fabriquées notamment par Schlumberger.

Ce type de carte ne comprenait que de la mémoire, l' "intelligence" étant entièrement contenue dans l'électronique du dispositif de lecture/écriture. La disponibilité des microprocesseurs et des "brûleurs de PROM" rendait la sécurité de ce type de cartes aussi problématique que celle des cartes à strip magnétique et donc nettement insuffisante pour justifier l'augmentation de leur coût dans des transactions financières.

 

C'est ainsi que naquit un nouveau type de cartes à microprocesseurs dont l'essentiel a été créé dans une équipe de CII-HB avec Michel Ugon. Cette équipe se constitua à partir du laboratoire de technologie CII des Clayes.
Les premiers brevets de carte à microprocesseur furent déposés en 1977. En 1978 fut lancée l'architecture SPOM (Self Programmable One chip Microcomputer). Ces cartes ont en commun avec les cartes à mémoire que l'alimentation est externe fournie par le lecteur ainsi que le type de connecteur en surface

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En 1979, un premier prototype de carte hybride à 2 chips (microprocesseur et mémoire) fut présenté.

En 1981 fut introduit le chip SPOM1 en NMOS 3.5µm (42000 transistors sur 19.5mm²).

En 1987 le chip SPOM11 en HCMOS 1.5µm (100000 transistors sur 21 mm²)

En 1988, le chip 21 avec une mémoire EEPROM (effaçable électriquement)

Le microprocesseur assurait le contrôle des transferts avec le monde extérieur et donnait la possibilité d'encryption des données. Sa mémoire programme permettait d'envisager plusieurs applications simultanées, au prix d'une plus grande complication et de sévères problèmes de comptabilité et de renouvellement des cartes.

1980 fut l'année de l'expérimentation en France de la carte bancaire (Groupement Carte Bleue) et la fabrication de cartes ouverte non seulement à Bull-CP8 mais aussi à Gemplus et à Schlumberger.

En 1980 une carte de format différent, mais au même type de logique fut introduite pour le réseau ANTIOPE de Télévision de France.

La diffusion ne dehors de France fut très lente malgré la création d'une filiale spécialisée de Bull CP8 aux USA MCTI en 1984.
Le développement prit son essor quand la carte CP8 fut définitivement choisie par les Banques Françaises et que fut finalisé l'inter-bancarité des distributeurs DAB avec une admission dans le réseau VISA.


Carte utilisée comme badge d'accès (Bull vers 2000)

Bull CP8 -dont les labos et le siège étaient regroupés à Louveciennes- entreprit une fabrication de cartes dans les années 1980 dans un atelier à Trappes. En parallèle se faisait l'intégration de Transac , qui produisait notamment des distributeurs de billets, dans Bull, tandis que Bull prenait une participation dans Ingenico, qui développa des terminaux de paiement et des lecteurs de cartes.

La rentabilité de Bull-CP8 se fit notamment par les redevances des brevets pris au début des années 1980s. Cependant la pression pour une baisse de coût des cartes restait forte. Gemplus fondée par Roland Lassus disposait d'un outil industriel plus moderne que celui de Bull, si bien que la fabrication des cartes fut cédée par Bull-CP8 à l'imprimeur Oberthur. Au cours des opérations de restructuration de Bull à la fin des années 1990, c'est toute l'activité "smart cards" qui sera cédée à Schlumberger où elle sera regroupée avec la fabrication de cartes Schlumberger puis depuis externalisée dans Axalto.

d'après une présentation de M Ugon et une conversation avec Roland Moreno

Bibliographie:

JM Séné (STERIA) L'évolution de la Monétique en France des années 1960 à nos jours: l'originalité du réseau cartes bancaires in Actes du 6 ème colloque Histoire de l'Informatique et des réseaux Grenoble novembre 2002