SEMINAIRE HISTORIQUE GCOS 7
« GCOS 7 vu de ses clients »
(Christian
GOURSAUD, coordination de l’exploitation au ministère de
l’intérieur)
Ce
témoignage se décline en trois parties, correspondant à trois volets de mon
activité autour du système d’exploitation GCOS 64/GCOS 7, au cours de ces trente
dernières années :
-
Support
national logiciel GCOS 64 / GCOS 7 (CNL) puis technico-commercial chez
Bull,
-
Support
applications GCOS 7 puis coordination de l’exploitation au ministère de
l’intérieur,
-
Animateur
GCOS 7 au sein du CUBE.
1)
Support
national logiciel
Dès 1973, la
Direction Commerciale France de Honeywell-Bull, se préoccupe de constituer une
nouvelle équipe de support logiciel en prévision de l’annonce de la nouvelle
ligne de produit (NPL) de systèmes moyens qui se profile, plus ou moins
mystérieusement, pour l’année suivante.
En
préliminaire à cet événement, je passe un an en formation aux études, avenue
Gambetta, où je vais faire la connaissance de la plupart des développeurs du
système GCOS 64 et acquérir les bases fondamentales de l’Intérior
Decor.
Dès
l’annonce du 23 avril 1974, le Support National Logiciel GCOS 64 (SNL64),
constitué de 5 ou 6 personnes sous les ordres de Paul Derrien, est en place, rue
d’Avron, et va aussitôt accompagner le démarrage des trois premiers systèmes
mondiaux, de modèle 64/20 :
-
SEB, le tout
premier en octobre, à Dijon,
-
puis De
Dietrich, en Alsace,
-
et INFOLAB,
SSII de la banlieue parisienne (à Levallois).
Il s’agit de
clients Bull GE100 et cette première version GCOS 64-GA exécute uniquement un
LOAD-MODULE DECOR 100, permettant la reprise intégrale des programmes et des
fichiers GE100 par émulation.
Grâce à
l’immense qualité et fiabilité du DECOR 100 (développé par les équipes de Robert
Fayot), ces démarrages se passent sans aucune difficulté.
En attendant
le mode natif, le niveau 64 utilise sa parfaite capacité à émuler des machines
étrangères. Après le décor GE100, apparaît le décor H200 (émulation des OS
H200/H2000 d’Honeywell), avec la version GCOS 64 GB (plus tard viendront les
décors SIRIS3 et SIRIS8).
1.2 - Des
débuts difficiles.
Au support
national, nous suivons jour après jour les signatures de nouveaux clients. Elles
sont trop peu nombreuses à notre gré. Les clients sont satisfaits mais, en
interne, des menaces pèsent sur GCOS 64, encore trop limité fonctionnellement et
trop lent dans ses opérations natives (INIT du système, introduction des
travaux, traduction des JCL, …). On parle d’un abandon pur et simple du projet
de mode natif au profit du niveau 66 ex General Electric, de l’ACOS 64 de NEC ou
bien du décor H200 Stand Alone d’Honeywell.
Pendant
cette période, les clients GCOS 64 sont principalement (voire exclusivement)
issus du secteur privé. Nous avons quelques contacts «cordiaux» avec l’AUSI, le
club des utilisateurs de systèmes Honeywell-Bull.
En 1976, est
lancée la première version native, GCOS 64 1A, avec un compilateur COBOL ANSI74
et la méthode d’accès BFAS, permettant principalement l’exécution de programmes
en traitement par lots, en mode multiprogrammation.
Nous voyons
apparaître les premiers clients natifs. Il s’agit principalement de clients
fidèles à Bull, mais également de nouveaux clients, enthousiasmés par un système
100% français, apportant des concepts novateurs, et qui semble plein de
promesses. Puis arrive la version majeure GCOS 64 1C, qui apporte principalement
le transactionnel TDS, la méthode d’accès UFAS, le SGBD Codasyl IDS2, le
transfert de fichier FTF, le transfert de travaux RBF,
etc.
Mai 1975, a
vu la création de CII-Honeywell-Bull et c’est l’arrivée des (grands) clients du
secteur public. Le choix GCOS 64 a, plus ou moins, été imposé à ces utilisateurs
de systèmes SIRIS (accord de garantie d’un montant de commandes avec le
gouvernement) et en particuliers ceux du système SIRIS8, plus évolué et plus
sophistiqué que GCOS 64. Les rencontres avec le Cercle (clients d’origine CII)
sont particulièrement difficiles. Le SNL64 sert de relais entre ces utilisateurs
«exigeants» et les études GCOS 64 qui ne peuvent répondre, sur-le-champ, à
toutes les demandes :
-
extensions
des limites TDS (segments de type 2, buffers, fichiers),
-
index
secondaires avec les fichiers UFAS sequentiel indexé,
-
gestions des
quotas d’espace sur disques,
-
Dynamic
Linker et SM privés,
-
plus grande
ouverture de l’OS,
-
accès au
code source,
-
…
Progressivement,
la plupart des demandes sont prises en compte. Les développements non-standard
(DPNS) réalisés à la demande des grands comptes (EDF, HCL, Forges de Clabecq,
…), sont rapidement intégrés dans les versions standard.
L’arrivée de
GCOS 7 en mars 1984 concrétise l’émergence d’un grand système
d’exploitation.
Malgré
quelques petits reproches subsistant ponctuellement par-ci par-là (comme
l’absence d’un véritable éditeur plein écran), tous les clients GCOS 7 sont
devenus de farouches défenseurs de leur système et de redoutables experts.
Il faut dire
qu’il comporte quelques fleurons de tout premier rang mondial
:
-
un
compilateur COBOL de très haut niveau (le 1er à satisfaire totalement
à tous les tests de l’ANSI),
-
TDS, reconnu
comme l’un des tous meilleurs transactionnels du marché et le couple TDS/IDS2,
reconnu comme l’un des plus performants,
-
SBR,
remarquable outil de métrologie, sans équivalent chez les concurrents (même chez
IBM),
-
GAC, un
gestionnaire d’accès concurrent parmi les plus
sophistiqués,
-
un système
de journalisation complet et puissant,
-
RDDF7, un
système de réplication de données et TDS-HA, un système transactionnel de haute
disponibilité, très en avance sur leur temps,
-
Etc.
En 1987, une
enquête DATAPRO menée auprès des utilisateurs US, désigne GCOS 7 comme le
«meilleur système d’exploitation» du marché Nord
Américain.
GCOS 7
atteint sa plénitude avec les versions V6 et V7, au début des années
90.
On compte, à
cette époque, plus de 4000 systèmes dans le monde.
Part la
suite, les évolutions se porteront essentiellement sur l’interopérabilité avec
le monde extérieur.
2)
Ministère de
l’intérieur
2.1 –
Support des applications
Après un
passage dans le corps technico GCOS 7 du Réseau Commercial Administration (RCAD)
de Bull, en 1987, je suis embauché en 1992 par le ministère de l’intérieur pour
mettre en place une équipe de support aux toutes nouvelles grandes applications
réglementaires GCOS 7 (Permis de conduire, Cartes Grises,
Etrangers).
Ces
applications utilisent toutes les grandes fonctionnalités de GCOS 7. Elles se
répartissent en une cinquantaine des transactionnels, interconnectés par XCP1,
utilisant des bases de données IDS2 nombreuses (plus de 400 aires) et
volumineuses, … A cette date, on compte, pour les seules applications
réglementaires, une quinzaine de systèmes DPS7000 répartis sur une dizaine de
sites.
Avec l’aide
de Bull (assistance technique, DPNS, PES, …) nous mettons en place
:
-
une
administration sophistiquée des bases de données (qui en 12 ans n’auront pas
connu une seule anomalie logicielle),
-
des
procédures de qualification technique des applications (avec TILS, SBR et les
outils de non-régression),
-
un système
de gestion automatisée des grilles déportées sur TCS et
PC,
-
un processus
de livraison synchronisée des versions d’applications,
-
un plan de
sauvegarde global intégré au Journal After,
-
…
2.2 –
Coordination de l’exploitation
Depuis 1999,
j’assure la coordination de certains projets transversaux de l’exploitation et
régulièrement, dans ces nouveaux projets faisant intervenir des technologies
dites «nouvelles», il existe un réel besoin d’injecter tout ou partie de la
discipline, de la rigueur, de la sécurité, de la robustesse qui ont fait, et qui
font encore, l’excellence des systèmes et des applications GCOS
7.
2.3 –GCOS7
au ministère de l’intérieur
A ce jour,
GCOS 7 au ministère de l’intérieur, c’est encore 80% des applications «métiers»,
réparties en deux grands domaines fonctionnels :
-
Domaine
police
·
2 systèmes
de production (TA40) en secours mutuel (avec RDDF7),
·
1 système de
développement (Diane XTA40),
·
1 dizaine de
TDS (Personnes Recherchées, Véhicules Volés, Visas, Schengen national, Fichier
des Infractions, Renseignements Généraux, Gérant des Habilitations,
…).
-
Domaine
Réglementaire
·
Environnement
national :
. 2 systèmes
de production (TA27) en secours mutuel (avec RDDF7),
. 3 TDS
nationaux (Etrangers, Permis de conduire, Cartes Nationales
d’Identité).
·
Environnement
régional :
. 2 systèmes
de production (TA40 et MT82),
. 1 système
de secours dédié (MT52) (avec RDDF7),
. 1
vingtaine de TDS (Etrangers, Permis de conduire, Cartes
grises).
·
Environnement
de développement :
. 1
bi-système (MT52).
Tous les
systèmes sont en version GCOS 7 V9-TS 9866 (sauf le Diane, en V10-TS
9870).
Ces
applications GCOS 7 tournent sans aucun problème majeur et donnent entière
satisfaction, en terme de performance, de disponibilité, de sécurité. Leur
remplacement, souvent envisagé et toujours différé, sera long et coûteux. Il
n’existe pas de progiciels dans notre domaine d’activité et les solutions de
migration iso-fonctionnelles (vers UNIX) ont fait long feu. La solution retenue
sera la refonte complète.
En attendant
cette refonte complète de la totalité de nos applications (dans 3, 5, 10 ans ?),
plusieurs projets d’ouverture au grand public ou à des partenaires, via
internet, voient le jour.
Le tout
premier en place est le téléservice «TéléCarteGrise», utilisant l’architecture N
tiers J2EE. Il permet à tout citoyen, depuis un navigateur, d’accéder au système
GCOS 7 de gestion des cartes grise et d’obtenir, sur son imprimante personnelle,
un certificat de non gage pour l’achat ou la vente de son
véhicule.
3)
Le
CUBE
Dès 1984,
les deux clubs utilisateurs de systèmes Bull se sont regroupés pour former le
CUBE. Nous venons d’organiser, cette année, au mois de mai, la 20ème
assemblée générale de l’association.
Le collège
GCOS 7 (animé depuis l’origine par Alain Fabre de FT R&D) a toujours
constitué la principale composante du CUBE (avec jusqu’à 500 sociétés adhérentes
sur 800).
En 1988, le
groupe PES GCOS 7 est constitué pour qualifier, fédérer, superviser toutes les
propositions d’évolutions système. A ce jour, plus de 600 propositions ont été
adressées à Bull et plus des 2/3 ont été satisfaites. Elles ont permis aux
clients de participer à l’enrichissement de leur OS
favori.
En 1994, je
deviens adhérent du CUBE pour le compte du ministère.
En 1996,
j’intègre le groupe PES (animé depuis 1997 par P. Labourdique).
En 1999, je
reprends l’animation du groupe de travail GCOS 7 Ile de France, qui devient
alors le groupe technique Open GCOS 7. Chaque réunion, préparée avec l’aide
précieuse d’A. Aussedat et avec la participation active de Bull, regroupe
régulièrement plus d’une trentaine de participants.
En 2000
j’entre au conseil d’administration du CUBE.
La courbe
des adhérents du CUBE suit, à peu près, la courbe des utilisateurs GCOS (7 et 8)
de Bull.
Le CUBE est indépendant de Bull mais lui est étroitement lié. Lors d’une assemblée plénière GCOS 7, un consultant a pu affirmer que Bull avait l’immense privilège, probablement unique dans ce métier, de bénéficier d’un attachement sans équivalent de ses clients.
Je crois
pouvoir dire que GCOS 7 bénéfice d’un attachement sans équivalent de ses
utilisateurs.
Lorsque le
23 avril dernier, j’ai envoyé un petit message à mes adhérents du CUBE, pour les
30 ans de GCOS 7, j’ai reçu en retour de nombreux messages d’utilisateurs
actuels ou passés qui, tous, témoignaient de leur admiration pour ce système, et
parfois leur de regret de l’avoir abandonné. En voici quelques extraits
:
-
« Je
pense que peu de lignes de produits peuvent se targuer de 30 ans de carrière en
informatique !… et ce n’est pas fini ! »
-
« Après
avoir connu GCOS 7 pendant 25 ans (1979), j’ai vu partir notre 7000 il y a 6
mois maintenant. »
-
« J'ai
moi même introduit dans l'entreprise, où je suis encore aujourd'hui, un DPS 64
en 1979. Aujourd'hui nous possédons un XTA 20 comme outil de production,
alimentant toutes sortes de frontaux. Certains de nos programmes de nos
développeurs et de nos exploitants ont traversé le temps et le siècle. La
pérennité de cette plate forme a rendu si simple les évolutions que nous avions
fini par trouver naturel qu'un changement de machine ne soit qu'une opération
banale. Les entreprises ont besoins de systèmes qui préservent leurs
investissements logiciel; il y aura d'autres
anniversaires. »
-
« Figures-toi
que j'ai commencé il y a 25 ans sur un 64/20 Release 1C !!! et depuis, je n'ai
jamais quitté GCOS (et je n'en ai pas envie, du reste
!). »
-
« Oui,
une bien belle aventure et pas terminée. »
-
…