Introduction.
L’exposé qui va suivre présente la naissance de la gamme GCOS7 durant la période allant du début de son développement mi-70 jusqu’à la première livraison client en 1974.

Ce projet doit être remis dans le contexte historique des partenariats – actionnariats successifs de Bull :
- jusqu’en 1964 Bull est un constructeur indépendant qui finance le développement de ses produits (le Gamma 60 et le Gamma 10 en sont les plus représentatifs) et de son réseau commercial en France et à l’international (principalement en Europe).
- l’émergence du marché locatif et le nécessaire renouvellement des gammes de produits imposent en 1964 une alliance avec General Electric faute de trouver les financements en France. Dans le même temps, l’état français crée CII. Bull prend alors le nom de Bull General Electric. Formellement deux structures sont crées : une pour la distribution des produits dans les territoires alors couverts par Bull, dans laquelle GE est majoritaire, l’autre pour les études et la fabrication en France dans laquelle Bull est majoritaire. En dehors des produits cette alliance marquera profondément la compagnie via la mise en place par GE de processus très normalisés , dans la finance et la gestion du cycle de vie des produits notamment. Les réflexions préliminaires sur une nouvelle gamme de produits « unifiée » furent conduites avec GE.
- en 1970, General Electric vend son activité informatique à Honeywell qui le remplace donc au capital de Bull désormais dénommée Honeywell Bull. C’est dans cette configuration que fût autorisé le projet L64 dont nous allons parler. Je préciserai plus loin les responsabilités des différentes équipes d’études de ce nouvel ensemble.
- En 1976, le gouvernement français décide de rapprocher CII et Bull et de mettre fin à la coopération européenne au sein d’Unidata. Ce sera l’occasion pour la gamme L64 d’accélérer sa montée en niveau de puissance. Bull, renommé CII-Honeywell-Bull, voit alors l’Etat devenir son actionnaire majoritaire.
- En 1983, Honeywell se retire à son tour de l’informatique; Bull rachète cette activité. Il intègre alors le management de l’ensemble des territoires (US, Italie, UK, Asie) et des lignes de produits jusqu’alors pilotés par Honeywell ( L66, L62, Telecom….). En 19XX Bull reprend son nom d’origine.
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Origine des principaux systèmes commercialisées dans chaque période
- avant 1964,comme évoqué précédemment, Bull ne pouvait seule développer la totalité de l’offre réclamée par la clientèle à laquelle elle s’adressait. Si les Gamma 3, Gamma 5, Gamma 10 et M40 étaient conçus et fabriqués par Bull, le Gamma 30, un produit moyen de gamme destiné au marché très porteur de la gestion pour grosses PME, était commercialisé et assemblé sous licence RCA. Son successeur technologique, le 140, de la lignée des IBM 360, était encore en développement lorsque fut négocié l’accord avec GE; à noter que ce produit perdit en 1964 un de ses principaux marchés potentiels, celui de l’administration, réservé dorénavant à la CII que l’état français venait de créer de toutes pièces.
Sur la période GE, seul l’entrée de gamme, série GE5x sera de conception française; le moyen de gamme GE100, sera conçu et fabriqué par la division Olivetti acquise par GE, le haut de gamme GE400 et le très haut de gamme GE600 étant conçus et fabriqués par la division GE de Phoenix. Certaines fabrications seront cependant transférées à Angers tandis que le projet 140 fût arrêté et sa licence vendue aux Tchèques. Il fallut attendre la définition par GE d’une nouvelle génération pour que Paris puisse se réinsérer. Cette génération baptisée NPL visait à unifier des architectures et des gammes quelques peu disparates face à la « compatibilité » des 360, mise en avant par IBM.
Honeywell reprit une partie du projet de GE à l’exception du haut de gamme qui conserva son architecture spécifique et se contenta d’outils de migration pour reprendre les grands systèmes produits par Honeywell avant la fusion (le marché du transactionnel ne faisait qu’émerger sur ce segment et il fallait aller vite). Paris obtint la mission du système moyen de gamme dénommé L64 ainsi que l’ entrée de gamme laquelle consistait en une évolution du GE5x; Milan, piloté en direct par les US reçut la mission du bas de gamme successeur du GE100, le L62; en fait seule cette dernière machine présentait un bon degré de compatibilité avec l’architecture du L64. En synthèse, jusqu’à la livraison en volume des L64, fin 74, l’origine des produits resta celle mise en place du temps de GE
A partir de 1976, le rapprochement avec la CII, apporta une source de clientèle moyen-haut de gamme, à laquelle il fut décidé de fournir une voie d’évolution au sein de la ligne L64. Outre l’apport de ce nouveau marché, cela eut comme effet de bord de réduire à partir de 1980, mais essentiellement en France, les besoins en L66 pour de nouveaux clients. De même, lors de l’arrivée ultérieure de systèmes L64 à base de technologie CMOS, le volume de systèmes importés d’Italie sera en baisse. Par contre de nouveaux systèmes, les Mini6 firent irruption sur ce marché; importés de Boston- Billerica, ils furent aussi assemblés à Tour.
La période partant de 76 ne vit pas de changement profond quant à l’origine des systèmes si ce n’est que chaque grande entité (US,UK, Italie, Bull) tente de fournir son marché avec ce qu’il conçoit et fabrique localement. On voit ainsi sur le marché US et UK les L66-DPS8 descendre en gamme au point de rendre le L64-DPS7 sans intérêt pratique sauf migration des clients existants.
- Enfin, à partir de 1983, UNIX viendra se rajouter au catalogue, soit produit par Bull soit d’origine partenaires.

L’organisation opérationnelle sur la période de développement initiale.
Le groupe Honeywell comportait plusieurs divisions ; de 1970 à 1973 le tandem de direction de l’ensemble (CEO, COO) était constitué de MM Binger et Keating, auxquels succéda le tandem Keating-Spencer de 1974 à 1976.
Deux divisions traitaient d’ordinateurs :
- La division Process Control produisant les minis série 16 et 32 ; elle était dirigée par E.W. Spencer
- La division Information Systems (HIS) produisant les systèmes et leurs périphériques (carte, bandes, disques, imprimantes; elle était dirigée par C.W. Spangle.
Chaque division gérait ses structures géographiques, ses centres de R&D, ses usines, et ses filiales avec peu ou pas d’intégration entre divisions excepté pour les périphériques. Pour ce qui est de la division HIS la ligne hiérarchique était la suivante :
- HIS Grande Bretagne à laquelle était rattachées l’Irlande, l’Australie et l’Afrique du Sud; Cette entité comportait un petit centre de R&D, partenaire/concurrent de Boston et consacré aux télécoms (ils avaient développé et installé avec succès un frontal à base d’une série 16 pour la ligne H2000); et à des applicatifs de type BOMP (gestion de production). Ils disposaient d’une petite usine en Écosse.
- HIS Italie, à laquelle était rattachée la Yougoslavie (un futur bon client L66) et la Libye ainsi qu’une activité export dans les pays de l’Est Européen. Les centres de R&D de Milan et de Turin ainsi que leurs usines produisaient les G100, des imprimantes et des bandes.
- HIS North American Opération qui comportait les centres de R&D de Boston et de Phoenix et leurs usines. ainsi que les territoires des US, du Canada, du Mexique, de l’Asie,
- Enfin CII-HB dont le PDG était J.P. Brulé. L’organisation de cette dernière entité était la suivante :
Un réseau de distribution couvrant la totalité de l’Europe hors Italie, la plupart des pays d’Afrique francophone, l’Amérique du sud., et une structure grand export pour les autres pays. Ce réseau représentait une grande valeur tant par son parc installé que par la capacité des équipes à distribuer des produits. Honeywell ne disposait pas d’un tel réseau et trouvait là une opportunité de premier choix.
Des départements de R&D en charge de concevoir et de livrer au réseau de HB et aux 3 autres entités, UK, Italie, NAO, des produits pour lesquels ils sont missionnés par HIS; ce sont
Le département périphérique de Belfort qui produisait essentiellement des imprimantes à cette époque,
Le département Petits systèmes de Gambetta qui concevait le GE5x puis le L61; il était dirigé par Claude.Bouvier
Enfin le département systèmes moyens, dirigé par Marc Bourin. Il était en charge du système L64. Dans cette phase allant de 1970 à 1974, l’organisation et les effectifs (en pointe) ont été les suivants :
- direction du projet et Intégration : J.P. Hardy / E.J. Dieterich , 15 pers
- Architecture et logique : G. Lepicard ; 123 pers max.
- Logiciel et CAO : T. Chain / J. Becker ; 367 pers max.
- Technologie et Matériels : C. Joly ; 234 pers max.
- Marketting : J. Fourot / A. Lesseur ; 130 pers max.
- Qualification & ateliers : R. Hamy / R. Sery ; 298 pers max.

Le mode de fonctionnement:
Dans la quasi-totalité de ses divisions, GE avait adopté au niveau mondial un mode de fonctionnement par projet. La responsabilité de chaque projet était assignée à une organisation sous forme de MISSION. HIS reprit cette approche ; ainsi une dizaine de missions majeures furent ainsi identifiées et assignées à des responsables et des entités dûment répertoriées. Pour ce qui concerne les systèmes, la répartition fût la suivante :
- Grands systèmes L66 NAO centré sur Phoenix
- Moyens systèmes L64 CHB - France , Marc Bourin
- Petits systèmes L62 HIS-Italy
- Systèmes d’entrée L61 CHB - France, Claude Bouvier

La mission Systèmes moyens :
Il n’allait pas de soi que cette mission fût attribuée à CHB. En fait le responsable études de Boston, Mr Dunkle poussait à un partenariat entre Boston (Waltham et Billerica) et Paris selon lequel Paris devait agir en tant que sous traitant selon des modalités de contrôle très strictes, allant même jusqu’à une allocation des tâches non par domaine technique mais selon les contraintes de charges, semaine par semaine.
La contre proposition de CHB supposait un leadership de CHB mais en confiant à Boston certains domaines substantiel et bien identifiés tels que les contrôleurs de périphériques bandes et disques, le compilateur Cobol, l’émulateur H200, la base de données IDS. CHB assurait dans ce schéma les développements de l’unité centrale, du contrôleur de périphériques lents et des télécoms, du système d’exploitation, de l’émulateur G100 et de l’intégration du tout, ce qui était indispensable pour piloter techniquement la mission.
L’état major de HIS arbitra en notre faveur en grande partie grâce au plus grand réalisme de notre proposition. La responsabilité fût confiée à Marc Bourin. Celle-ci s’exerçait au niveau mondial et recouvrait pour l’essentiel les aspects suivants :
- Conduire les développements : bien sur cela recouvre la directions des équipes de CHB et de Boston. Mais pour ces dernières cela implique aussi de négocier en permanence que les ressources sont bien présentes et du niveau requis, ceci représenta un défit permanent.
- Délivrer aux clients selon le niveau de qualité et de fiabilité requis et mettre en place les correctifs tant avant livraison que lors de la présence en parc. Cet aspect recouvre la préparation des filiales de distribution afin qu’elles soit prêtes pour vendre, démontrer, installer et supporter le produit ce qui explique les effectifs marketing présentés plus haut.
- Enfin, Assurer un reporting consolidé sur l’ensemble des fonctions et des tâches du programme et mettre en place les actions correctives adéquates afin de maintenir le programme dans le cadre économique et technique qui ont été documentés lorsque le programme a été autorisé :
° Dépenses d’études, de marketing,…
° Plans de fabrication, de commercialisation, de maintenance,
° Calendrier de développement, d’annonce, de livraisons,
° Organisation de revues indépendantes et contradictoires, les fameuses IPR et CDR,
° États des revenus de ventes, locations, logiciels, maintenance,
A noter que bon nombre de ces actions impliquait un fort niveau de négociation avec les entités qui dépendait de structures hiérarchiques situées hors du département études; par exemple les réseaux commerciaux, les usines, les autres entités de HIS (UK, Italie, NAO).
Les avantages présentés par ce mode de fonctionnement étaient principalement :
° Une responsabilité visible, peu diluée, à la différence d’un pilotage via des comités
° La possibilité de réagir rapidement,
En contrepartie quelques inconvénients restent bien présents :
°La nécessité de négocier en permanence sur les ressources hors juridiction,
° Le fait de veiller à l’adéquation des ressources en dollars et en qualité,
° Le peu de prise sur la commercialisation par les réseaux de distribution.

Le département des Systèmes moyens en 1970.
Lorsque la mission nous fut affectée, le département présentait les caractéristiques suivantes :
Nous partions d’une bonne expérience des développements matériels acquise notamment avec la 140, et d’une relative inexpérience des développements logiciels. Cette dernière était compensée par un grand enthousiasme et par la jeunesse des équipes, la motivation de ces dernières étant très orientée concepts.
Le poids des outils de développement, les processus de création de versions de logiciels, nous étaient mal connus et n’avaient jamais été expérimentés par les équipes.
D’autre part nous avions une solide expérience de livraison à des clients et du support à ces clients au travers de nombreuses filiales. Cela avait été appris sur les gammes de produits commercialisées jusqu’alors (GE400, GE600, Gamma 30, GE100, …)

Notre plan de marche tel que validé au travers de la mission était le suivant : annonce du système en Avril 1973 pour des premières livraisons fin 73.

Plus de détails sur le partage des responsabilités en logiciel :
La répartition visait à tirer le meilleur parti des savoir faire de chacun et concernant Paris il s’agissait en outre de tenir en main directement les composants clés de la livraison initiale et de l’intégration. On verra plus tard que cette répartition évoluera au profit de Paris, après que le mode natif ait été délivré en clientèle (1975).
- Étaient développés à Paris : Le Superviseur, les méthodes d’accès séquentiel et librairies (servant à stocker les exécutables et leur source), le Macro générateur, le langage de développement MLP (une sorte de macro assembleur évolué), le compilateur Fortran et l’émulateur G100. On verra plus loin que cet émulateur était à la base des premières livraisons en Europe hors UK.
- Étaient développés par Boston : les outils de développement sous Multics, Le compilateur PL1-HPL (langage dans lequel était développé l’essentiel des logiciels et qui était sensé être commun aux L64 et L66), l’assembleur, le séquentiel indexé CKD compatible avec le format IBM, un jeu de méthodes d’accès compatibles avec les H200, la base de données IDS2 selon une définition semblable à celle délivrée sur le L66, les télécommunications sous Cobol , le Cobol et l’émulation H200 ( cette gamme représentait le cœur du business de Honeywell). On verra plus loin que ce produit était à la base des premières livraisons à effectuer sur les territoires de NAO et de UK. A noter qu’un émulateur 360 fut mené jusqu’à l’état de prototype, mais qu’il fut abandonné parce que la cible en était par trop évolutive.

Les développements étaient réalisés sur des systèmes Multics, d’abord au MIT puis progressivement investis à Boston puis à Paris.

Plus de détails sur le partage de responsabilité en matériel:
Comme en logiciel, le partage visait à utiliser les compétences là où elles existaient et plus particulièrement de réaliser sur Paris les éléments indispensables à la maîtrise du système et de son intégration. Ainsi :
- Étaient développés à Paris : l’unité centrale et sa mémoire, le contrôleur d’unités lentes URC (imprimantes, cartes, cassette, communications intégrées), l’émulateur G100 les versions du micro logiciel et l’intégration du système.
- Étaient développé par Boston : le sous système disque, le sous système bande et l’ensemble matériel et micro logiciel de l’émulateur H200. Les sous systèmes constituaient des ensembles complexes du fait du haut degré de compatibilité qu’ils offraient avec le monde IBM et les H200 (interchangeabilité des media et de data).

Chaque entité développait les tests et diagnostics des matériels de sa responsabilité. Ceux-ci étaient ensuite intégrés à Paris sous un environnement développé dans l’URC.

Évolution des effectifs affectés au projet:
Comme on le voit dans le tableau ci-dessus l’effectif doubla globalement dans les deux premières années. Certaines unités durent même quadrupler en deux ans; ce fut le cas de la direction logiciel. Cette croissance représenta peut être la plus grande difficulté du projet, d’autant plus que tant en France qu’aux US, la demande en ingénieurs, notamment logiciel, était très forte. D’autres compagnies recrutaient, telles que la CII, sur le marché comme dans nos effectifs. Beaucoup d’énergie a été consacrée à constituer des équipes, à les former sur le projet, à les motiver et à développer le savoir faire pratique de jeunes ingénieurs frais émoulus des options informatiques des écoles et universités. On eut même recours à des recyclage de filières souffrant de manque de débouchés par le biais de formations accélérées délivrées par ces écoles avec l’aide de nos ingénieurs les plus expérimentés.
Certaines équipes furent renforcées par des personnels issus des filiales; outre ce renfort, leur présence permettait de les former aux spécificités du produit qu’ils auraient à démontrer, supporter, dépanner. Ils furent ensuite re-transférés dans leurs unité d’origine.
Enfin il ne faut pas oublier que la formidable productivité d’une équipe somme toute pas si imposante fût démultipliée par l’attrait d’un tel projet. La motivation était à la hauteur de l’enjeu et elle ne faillit jamais; rares furent les jours et les heures durant lesquels les équipes et les moyens de développement s’arrêtèrent durant ces cinq années.

A noter que selon les périodes, de quinze à vingt ingénieurs de NEC ont été présents dans nos équipes. Des accords de licence avaient en effet été passées avec ce partenaire de Honeywell. On verra plus loin que ces ingénieurs furent suffisamment efficaces pour livrer avant nous un système pilote en clientèle.

Les coûts de développement sous le contrôle de la mission.
Le tableau ci-dessus décrit la répartition des coûts de développement entre Boston et Paris ; ils sont exprimés en dollars courant soit approximativement 0,76 euros.
Comme on le voit le coût de R&D avant livraison pilote de la première version du mode natif (R1) voisine les 100 millions d’euros auxquels il convient d’ajouter les investissements industriels et les coûts de préparation dans les filiales. Sur cette somme 53 millions ont été affectés aux études du matériel.
La répartition est de deux tiers pour Paris contre un tiers pour Boston, sachant qu’en 1972 le projets de haut et très haut de gamme P8 et P9 furent repensés et le P8, affecté à Boston, fût abandonné.
Dans ces coûts sont inclus les investissements en ordinateurs destinés aux équipes développement des matériels et des logiciels. Leur affectation est décrite dans le tableau ci-dessous.
Enfin le tableau XXX récapitule le volume de code produit sur la période; la première version du mode natif (R1) aura coûté 47 millions d’euros pour un volume de code de 617 mille lignes produites par 650 années / homme.
Ces montants d’investissements peuvent être réduits de 11 millions chacun si l’on veut évaluer les dépenses de R&D encourues avant que n’arrivent les premiers revenus liés aux livraisons des premiers systèmes sous émulation. Nous reviendrons plus loin sur ces chiffres et l’impact de décalage des plans de réalisation.

Le volume de code logiciel:
Le tableau ci-dessus récapitule le volume de code produit pour chaque version de logiciel avant que le code induit par la prise en compte des options haut de gamme du système de convergence CHB plus CII.
On notera plusieurs phénomènes :
- le volume de la première version du mode natif (R1) représentait plus du double des versions d’émulation GA-GB. Cela explique qu’il fût nécessaire de procéder à une intégration progressive plutôt qu’en big-bang. Petit à petit se définirent des bloc d’intégration suffisamment indépendants pour permettre un certain niveau de parallélisme entre les équipes techniques. Disons que la maturité en la matière fût atteinte avec la version R3.
- à lui seul l’effort en outils de développement représentait la moitié du code de la première version native,
- certains produits ont été récrits d’où un volume net fin 78 inférieur au total du code produit,
Un certain nombre de statistiques furent établies à cette époque,; elles montraient quelques lois empiriques quant à la vitesse d’intégration, au nombre d’erreur par millier de lignes, …Peu d’information circulait alors dans la profession en matière d’ingénierie du logiciel. Dans les années 80 nous avons découvert que les concurrents avaient encore un peu d’avance sur nous qui étions partis d’une feuille blanche. Les mesures correctrices furent alors mises en place.
Enfin on se rendra compte plus tard de la solidité des concepts d’architecture; le système d’exploitation a pu évoluer sans refonte majeur vers le haut de gamme comme vers le bas de gamme, incorporer les composants transactionnels et interactifs sur des configurations à plusieurs milliers de terminaux, aujourd’hui s’insérer dans Internet ou inclure des processeurs spécialisés fonctionnant par exemple sous UNIX. L’overhead initial lié à l’architecture fut rapidement compensé par la rapidité avec laquelle la technologie évolua. (tailles mémoires notamment).

Les étapes de développement du matériel.
Le calendrier des principales étapes qui est décrit ici, est celui constaté et non celui du plan initial. En effet, ainsi que nous le décrirons plus loin, le projet prit environ un an de retard par rapport au plan présenté en début 1970 lors de la définition de la mission. Il faut dire à ce sujet que la demande du marché ne faisait que croître en termes fonctionnels, sous la pression de la concurrence, et que nous avions été optimistes quant aux calendriers de développement , plus particulièrement logiciel ( voir aspect recrutement mentionné plus haut, entre autres raisons).
Les principes de développement étaient les suivants :
Nous achetions des circuits électroniques correspondant à des fonctions, ou bien nous les assemblions pour constituer ces fonctions. Ces circuits étaient ensuite implantés sur des plaques lesquelles étaient reliées entre elles par un back panel. Une fois l’ensemble des plaques disponible, les ateliers d’étude construisait le prototype puis le mettait au point.
La mise au point donnait lieu à un certain nombre d’itérations sur les phases amont, jusqu’à ce que les tests machine puisse valider toutes les fonctions du système telles qu’elles avaient été spécifiées dans les documents de référence tels que le BL011.
Le premier système produit par l’atelier des études fut ainsi remis aux équipes du logiciel en Octobre 1972.
Un premier dossier de fabrication fut simultanément remis à l’usine d’Angers laquelle sortit son premier exemplaire fin 72. Ainsi que nous l’avons vu plus haut ces premiers système furent destinés aux équipes d’études tant logiciels que matériels; par exemple il fallait mettre au point les contrôleurs d’entée sortie et la connexion des divers périphériques ; coté logiciel les composants du superviseur ne pouvaient guère avancer sans la disponibilité de ces prototypes.
Après quelques mois de stabilisation, un dossier de fabrication fût transmis à l’usine de Brighton aux US, afin de lancer la fabrication seconde source. Cette démarche était relativement générale dans le groupe Honeywell afin de sécuriser les capacité à délivrer sur les principaux marchés; et compte tenu de l’importance aux US du parc H200-2000, les volumes destiné à NAO étaient élevés, du moins dans le plan initial.
La mise au point se poursuivit jusqu’en 3T74; bien sur les années 73 et 74 furent à dominante logiciel, et la premier système destiné aux clients fut délivré par Angers en Octobre 1974. Ce client était la SEB implanté près de Dijon, ou il succédait à un GE100. L’émulateur de cette machine qui constituait l’essentiel de la première version du logiciel (dénommée GA), y donna pleine satisfaction.
Pour plus de détail sur ces phases, voir les présentations spécifiques qui seront effectuées lors des sessions dédiées au matériel et au logiciel.

Une étape critique en 74 : des doutes sérieux sur le projet:
Comme indiqué précédemment, le projet faisait régulièrement l’objet d’évaluations « indépendantes »; leurs résultats (findings et projets de réactions) étaient débattus au plus haut niveau de la division IS. Ainsi, en 1974 plusieurs zones de risques très élevées se confirmèrent : gros retards dans la fourniture du logiciel, incertitudes sur les performances, forte dégradation du bilan financier du projet.
Ces constats conduisait à des décisions fort difficiles, parmi un large éventail de possibilités, dont l’arrêt du programme ou le transfert de la mission à d’autres unités. Boston dont la mission sur le P8 avait été arrêtée en fin 72. Je reviens sur ce point dans le paragraphe suivant
En fait le risque majeur tournait autour du logiciel et ce risque à lui seul conduisait à la détérioration du bilan financier. Il y avait à cela plusieurs raisons
- les processus de développement étaient plus lourds que prévus; nous manquions de savoir faire dans la construction de versions suffisamment stables pour permettre les développements par incrément et leur distribution des deux cotés de l’Atlantique. Nous avions sous estimé à la fois l’effort nécessaire et du fait des difficultés à recruter, sur estimé notre productivité : l’enthousiasme ne suffisait pas à combler l’écart.
- le contenu fonctionnel des composants ne faisaient pas l’objet d’un consensus et la cible n’était pas stable. En fait il y avait deux lignes directrices qui s’opposaient : l’une ciblait un équivalent fonctionnel du DOS IBM; l’autre visait plus haut vers l’IBM OS/MVS (cible de l’ex P8 et du P9). En conséquence certains produits étaient surdimensionnés dans leurs concepts de base, ce qui conduisait à une consommation de puissance excessive pour les modèles bas de gamme. Le graphique ci-dessous donne une image du niveau fonctionnel de systèmes repris, des systèmes concurrents et des options en compétition.
- le temps passant la demande du réseau commercial en Europe et aux US évoluait aussi; ainsi l’exigence d’un mode transactionnel et d’une offre télecommunication (hard et soft) s’imposa dès 1973. Il fallut dégager les ressources nécessaires.


Les risques révélés en 1974 conduisirent à plusieurs arbitrages très importants :
Le premier arbitrage consista à viser un peu d’abord au dessus du DOS puis de procéder par étapes. En fait le niveau OS/MVS ne fut vraiment approché qu’au milieu des années 80; les premières versions du mode natif furent recentrées sur un niveau DOS.
Le second arbitrage consista à donner une priorité absolue au remplacement des G100 et H200 dont la compétitivité commerciale touchait à sa fin : ce fut le rôle des versions sous émulations :
- GA, GB pour les G100, basées sur le Superviseur du futur mode natif,
- et HA pour les H200, basé sur un superviseur de travail développé à Boston pour les besoin de mise au point des produits sous leur responsabilité en attendant que Paris puisse livrer un Superviseur natif stable.
- La mise sur le marché se ferait en deux temps : remplacement du matériel en parc sans toucher aux applications du client, puis un an plus tard mise à disposition des logiciels en mode natif (compilateur, méthodes d’accès, télécommunications..) lequel permettrait aux clients de développer de nouvelles applications. Seule cette dernière version donnait une capacité à adresser de nouveaux clients.
De cette manière, les solutions aux difficultés inventoriées purent être étalées dans le temps et être mise sous contrôle.

Relations avec les associés de NAO.
Comme indiqué plus haut, les développements avaient été répartis entre Boston et Paris. Les échanges étaient denses tant au niveau technique qu’au niveau pilotage. Avec l’apparition des décalages entre la réalité et les plans, un « renfort » dans l’équipe de J.P. Hardy fut désigné par la Division HIS :Mr. Ernie Dieterich.
Ses premières interventions eurent lieu dès la préparation des versions d’émulation GA-GB, après qu’un premier arbitrage leur ait donné la priorité absolue. Il put alors constater que le calendrier avait été repris en main, au moins pour cette partie du projet.
Par contre le calendrier du mode natif restait à risque en terme de délai et de contenu. Ce fut l’occasion pour Boston de proposer un plan alternatif basé sur le matériel du L64, mais utilisant deux solutions en terme de logiciel :
-  pour les clients d’origine H200- 2000, les développements de l’OS2000 seraient poursuivis et le résultat serait intégré sous le superviseur 4A Back-up que BCO avaient développé « en attendant l’arrivée du superviseur natif de Paris »,
- pour les clients d’origine G100, un GCOS 64 simplifié serait développé à la suite des version émulation initiales.
- une convergence des deux voies techniques aurait lieu fin 76.
Une équipe d’évaluation du scénario 4A Back-up fut envoyée aux USA à partir de la semaine du 16 décembre 1974. Elle était pilotée par Alain Lesseur,en charge du product planning, et comportait Marcel Lemasson , responsable de l’intégration du logiciel, Claude Rolland, responsable du développement du superviseur, Philippe de Rivet, responsable des mesures de performances, et Lucien Nègre responsable du contrôle des plans.
Les équipes d’évaluation travaillèrent jusqu’à fin Janvier 75 et les recommandations furent présentées le 5 Février par Ernie Dieterich au comité de direction exceptionnel suivant :
- C.W. Spangle directeur de la division Information Systems
- R.F. Anderson
- Ugo Gagliardi
- Lee Sheehan
- Marc Bourin et Michel Rocher
Ernie Dieterich recommanda de poursuivre le plan simplifié proposé par Paris, ce qui fut entériné, et la recommandation finale fut validée au niveau du comité de direction de Honeywell group à Minneapolis ( Mr. Renier).

Cet épisode reflète, à l’occasion d’un aléa réel du projet, combien le partenariat pouvait tourner à la concurrence et combien le leadership sur la mission pouvait à tout moment être remis en question.



Relations avec nos associés de NEC
Comme indiqué plus haut NEC était un partenaire de longue date de Honeywell dont il commercialisait la gamme H200-2000; il était aussi partenaire de GE par héritage de l’activité informatique de Mitsubishi; il avait en parc un certain nombre de GE600. NEC avait donc acheté la licence des P7 et P9 qui allait devenir les ACOS4 et ACOS6 respectivement. Une équipe d’interface résidait à Paris ; elle envoyait régulièrement les composants que nous avions intégrés afin de constituer la version nipponisée. Ils travaillaient de même avec Boston notamment sur l’émulateur H200, mais aussi comme nous le découvrirons plus tard sur le scénario 4A Back-up, ce qui s’explique, compte tenu de l’origine de leur business.
Eux-mêmes développaient certains composants; par exemple ils connectaient leurs propres périphériques, notamment les disques, qu’il produisaient. De même en logiciel, ils développaient leurs propres compilateurs. Cette activité était significativement supportée par le MITI et NEC soignait particulièrement la visibilité de sa valeur ajoutée auprès de cet organisme.
Nous eûmes l’occasion d’en voir les effets au moins à deux reprises sur cette période (il y en aura bien d’autres plus tard).
- Un scoop dans la presse japonaise : NEC livre le L64 avant CII-HB :
Face à cette nouvelle, nous organisons une mission à Tokyo, pour découvrir que deux systèmes avaient été installés à l’université de Osaka, où une équipe de techniciens y terminaient la mise au point. Il n’empêche que cela faisait désordre et dans le contexte de compétition avec BCO, nous avions là un challenger de plus, et qui tenait à démontrer qu’il était le meilleur.
- Proposition de NEC de nous vendre le compilateur Cobol
Cet évènement se déroula en 1975, de façon concomitante à l’analyse 4A Back-up.
La proposition était en fait plus politique que technique et elle n’alla pas à son terme, surtout parce qu’il nous semblait difficile d’intégrer un troisième centre de développement alors que se profilait déjà un rapprochement avec la CII. Cependant nous avons acquis une bibliothèque de test du Cobol, qui nous fut fort utile, car absente de nos plans ainsi que quelques améliorations du macro assembleur MLP et du tri. NEC prit alors grand soin de communiquer sur ce succès dans la presse économique et technique.
Ces deux épisodes montrent combien notre leadership pouvait être contesté lorsque nous ne tenions pas nos échéances.
Nous aurons l’occasion par la suite de voir que l’investissement de NEC sur la gamme ACOS4 était véritablement stratégique : ils avaient en fait décidé d’en faire leur gamme principale et de la monter en gamme. Dans le ciblage ils avaient choisi le MVS et commercialement, leurs commerciaux poussaient le L64 et non le L66. Nous les retrouverons sur ce terrain une dizaine d’année plus tard.

Le tableau ci-dessus résume de façon simplifiée l’évolution des plans/
- l’annonce des systèmes a été décalée de 1 an
- le contenu de l’offre prévue dans le plan initial a été répartie sur 3 ans, et la disponibilité initiale réduite au simple mode émulation
Conséquences : la courbe des dépenses se creuse de 23 millions d’euros par an, la courbe des revenus se décale d’un an et compte tenu de la restriction au mode émulé(qui oblige à travailler sur parc pendant pratiquement 2 ans) la montée des revenus est largement inférieure aux attentes initiales.
Ceci est résumé par la figure 31 ci-dessous. On peut comprendre que le degré de surveillance du projet se soit accru dès 1973.

L’introduction et les premiers résultats.
Comme indiqué précédemment, la difficulté de l’introduction d’un tel système ne présentait pas que des défis techniques pour les équipes d’étude et de fabrication.
Il convenait de préparer toutes les structures des filiales qui auraient à travailler avec ce système : les vendeurs, les technico-commerciaux, la maintenance, les formateurs des clients, …
Il convenait aussi de bien sélectionner les premiers clients afin qu’ils puissent constituer rapidement des références tout en validant une dernière fois la bonne marche des différentes configurations logiciel et matériel, dans un cadre réel et sans risque pour les clients pilotes.
Enfin il fallait tenir compte des capacité de montée en charge des usines, pour livrer en qualité.
Le tableau ci-dessus montre comment cela s’est traduit :
- 21 livraisons furent effectuées dans les neuf premiers mois, réparties dans 9 filiales de toutes les entités (NAO, UK, Italie et CHB) plus quelques systèmes chez NEC, 2/3 étant d’origine G100 et 1/3 d’origine H200.
- 175 commandes prises dans les six premiers mois, dès que les résultats sur les premiers clients furent connus : cela traduit bien que les attentes de nos clients étaient fortes et qu’elles étaient satisfaites ; le niveau de prise de commandes en 1975 le confirma : 215.

Les réactions des premiers clients
Les volumes de commandes présentés plus haut démontrent combien l’opinion des premiers clients fût globalement positive :
- Les application G100 et H200 fonctionnaient parfaitement et sans changement; aucun besoin de recompilation, reprise des données sans difficulté particulière.
- Les performances étaient conformes à ce que nous avions vendu : plus 30% en performances pour un prix inférieur de 30% à celui du système remplacé.
- Le silence de fonctionnement de nouvelles imprimantes à bande fabriquées par Belfort faisait l’unanimité.

Cependant, quelque défauts furent mis en évidence auxquels il fallut remédier aussi vite que possible :
- l’imprimante était plus sensible à la qualité du papier que l’ancienne génération; les clients n’avaient pas été alertés et avaient des stocks.
- Une qualité insuffisante des connecteurs perturbait les sous-systèmes bandes et disques; un plan d’amélioration dut être déclenché en liaison avec Boston qui en était le concepteur; NAO rencontrant les mêmes difficultés, cela accéléra les choses.
- Le temps d’initialisation du Système était vraiment très long; cela venait d’options trop ouvertes qui n’avaient pas d’utilité évidente dans le contexte restreint du fonctionnement sous émulation; il en était de même pour les procédures de reprise lorsqu’un incident système survenait , ce qui malheureusement est toujours trop fréquent en début de vie d’un produit. Ces deux sujets ont mis quelques temps à être corrigés.
- Enfin, nous avions du mal à délivrer les pièces détachées dans les délais requis; la courbe d’apprentissage des équipes entraînant aussi une demande d’échanges plus élevée que normale.

Tout cela était pisté par les équipes de lancement et donnait lieu à des plans d’action surveillés de près par toutes les équipes de développement. Mais la vision globale contribua à renforcer l’enthousiasme de ceux qui en parallèle travaillaient sur le versions à venir : le Mode Natif

L’évolution du Logiciel.
Les arbitrages de 1974 avaient conduit à étaler dans le temps l’arrivée du logiciel en mode natif dont les fonctionnalités permettaient seules aux clients de réaliser les applications nouvelles dont ils avaient besoin tout en obtenant des performances encore améliorées et en phase avec le marché.
C’est en fin 75 que ce mode natif fit son apparition : une voie d’exécution venait s’ajouter aux voies en émulation; elle permettait essentiellement aux programmeurs des clients de développer et de tester leur nouvelles applications;
Le mode natif en multi-programmation et comportant la première version du moniteur transactionnel TDS ainsi qu’une nouvelle génération de fichiers plus adaptée à cet environnement (UFAS) fut mise en clientèle en 1976.
Ce fût la véritable version de convergence pour les clients issus du G100 comme du H200. L’excellence du TDS, similaire au moniteur existant sur le L66, mais disposant d’atouts déterminants liés à l’architecture du L64 en firent rapidement un très bon outil de pénétration hors de notre parc. Le graphique suivant montre ainsi la progression régulière du volume de ce parc.
Chaque année furent ajoutée de nouvelles fonction logicielles (base de données, mode interactif, performances, outils de reprise de parcs concurrents…) et matérielles (nouveaux modèles, périphériques, télécommunication..).Entre temps, l’ensemble des développements pris en charge par HIS-BCO furent ramenés sur Paris qui avait retrouvé sa crédibilité.
Ainsi, lorsque survint la fusion entre CHB et CII, la compétitivité de l’offre et de l’architecture de l’ensemble matériel et logiciel du L64, permit de retenir cette gamme comme gamme de convergence. La conception de systèmes plus puissants fut entreprise, et l’extension du GCOS vers des fonction plus proches du MVS fut relancée.

Le plan d' avril 1975 :mise à jour des données financières
Les arbitrages techniques de début 74 avaient donné lieu à l’élaboration d’un nouveau plan financier pour tenir compte des nouvelles charges de R&D en regard du décalage du plan de revenus.
Un an plus tard se tint une nouvelle revue du projet, alors que les plans semblaient stabilisés. Un nouveau bilan financier fût établi en regard d’un plan de sortie des produits en cours de développement ( c(est à dire en dehors des hypothèses liées au rapprochement CHB-CII).
Bien sur un tel plan restait assez théorique au delà de 3-4 ans puisque l’anticipation des efforts nécessité pour rester compétitif n’est pas une science exacte. Le tableau suivant résume ce plan :

La réalité fut sensiblement différente puisque la gamme évolua plus vite en haut de gamme (effet CII). On peut simplement noter que le revenue directement généré par cette gamme dépassa le milliard de dollars en 88.
Certains peuvent être surpris par l’ampleur des coûts de distribution; il est important de savoir que la commercialisation de tels systèmes implique beaucoup de métiers dans les réseaux commerciaux :
- Capacités de démonstration dans la plupart des filiales ou dans quelques pays aisément accessibles par les prospects : cela veut dire investir des systèmes, localiser des démonstrations en fonction des cibles de marché, réaliser des benchmark, …
- Former les différents personnels de l’interne et ceux des clients,
- produire les documentations commerciales, les documentations techniques , les documents d’annonce , très souvent dans la langue du pays,
- constituer des offres applicatives spécifiques d’un certain nombre de métiers et secteurs économiques clients sur lesquels les réseaux focalisent leur prospection; entretenir la compétitivité de ces offres au travers de partenariats avec des producteurs externes qui sont partiellement financés sous une forme ou sous une autre,
- Mettre en place des équipes de support central à ces différents métiers, afin de traiter les cas les plus délicats et de véhiculer le savoir faire,
- Enfin, et ce n’est pas le moindre effort, la maintenance des matériels et logiciels en clientèle, bien qu’elle s’accompagne de revenus, nécessite nombre d’investissements en hommes, en pièces détachées, en outils et méthodes ainsi qu’ en logistique.

Tous comptes faits, les coûts de distribution représentent entre deux et trois fois les coûts de R&D.
Traduits en terme de cash-flow cumulé, la révision du plan décidée début 74 et contrôlée un an plus tard montre un décalage d’un an du point d’équilibre. Le lancement du projet haut de gamme nous empêche aujourd’hui de mesurer la pertinence de cette prévision puisque de nouveaux investissements R&D furent décidés qui ont généré de nouveaux revenus à partir de 1977 pour les premiers