Histoire de la CII
(1)
1967-1969
Note: Les archives Bull ne contiennent pas de documents internes d'origine CSF ou CGE précédant le lancement du plan calcul. Des témoignages en ont été présentés dans le colloque sur le Plan Calcul tenu en 1990.
27 mai 1966: document « Position de la Compagnie des Compteurs relativement à la Création d’une industrie française de calculateurs », non signé.
La Compagnie des Compteurs a été
amené, depuis déjà de nombreuses années, à participer de diverses
manières aux activités de traitement de l’information. Si la Compagnie s’est intéressée tout spécialement au calculateur qui devient l’élément central obligatoire de tout système de traitement de l’information, c’est avant tout pour des raisons techniques parce que cela lui est indispensable pour conserver la maîtrise de ses activités traditionnelles. La Compagnie des Compteurs ne l’a pas fait, et ne souhaite pas le faire, pour ajouter un objet nouveau à son activité industrielle, comme elle aurait pu le faire en s’intéressant aux faisceaux hertziens par exemple, et comme d’ailleurs elle l’a fait dans le domaine connexe de l’enregistrement magnétique. La Compagnie des Compteurs est prête à mettre l’expérience unique de ses équipes de traitement de l’information au service d’une construction réunissant tous ceux qui, à un degré plus ou moins grand, sont concernés par les activités du traitement de l’information. Elle demande cependant que les modalités de cette participation lui permettent de rester en mesure de conserver pour elle-même une maîtrise convenable des techniques et activités liées à la mesure et à la régulation. Le Groupe C.d.C. est susceptible, en outre, d’apporter une contribution d’une autre nature à la mise sur pied d’une industrie de calculateurs, grâce à son expérience ancienne et à ses réalisations en enregistrement magnétique, grâce à sa maîtrise des fabrications de mécanique fine, le Groupe peut, en liaison avec l’éventuelle société de calculateurs, mettre sur pied une industrie de périphériques de premier plan. |
24 juin 1966: document adressé par la Compagnie des Compteurs à Monsieur
François ORTOLI, Commissaire Général au Plan, 18 rue Martignac, Paris 7ème.
Monsieur le Commissaire Général,
Au cours de récents entretiens, nous vous avons
précisé la position de notre Compagnie sur le « Plan Calcul » ; à la
veille de décisions gouvernementales, nous croyons utile de vous la
confirmer. Elle risquerait autrement de compromettre
gravement son avenir et par là, pensons-nous, l'avenir de certaines
positions françaises dans le domaine de la mesure. Parallèlement, la nécessité de créer des chaînes homogènes joignant l’instrumentation à l’interprétation, nous a conduits à nous attaquer au problème de fond de la technologie même des calculateurs et à réaliser, à côté de périphériques spécialisés, des unités centrales originales : le PB 250 et la PALLAS, avec la mise au point complète du software de base. Aussi, dans la mesure où l’État interviendra de
façon décisive pour la création d’une industrie française du
calculateur, nous estimons-nous fondés, dans notre intérêt mais
aussi dans l’intérêt de la technique française et de la réussite au
sens large des objectifs gouvernementaux, à demander que la
COMPAGNIE DES COMPTEURS y soit conviée. A défaut d’une telle intégration, nous devrions
assurer d’autre manière les engagements déjà pris par nous en
matière de calculateurs et le développement de nos activités de
périphériques. Il nous apparaît qu’une voie permettant encore de
maintenir une coordination étroite des techniques françaises serait
alors la création, aux côtés de la société de calculateurs, d’une
société de périphériques élargie. Aussi avons-nous pris, avec une
importante maison française qui avait exprimé des préoccupations
similaires, des contacts permettant un regroupement et ainsi une
réalisation solide. |
11 juillet 1966 : document « Très Confidentiel », établi par les groupes industriels consultés [CAE et SEA], intitulé :
PROPOSITIONS RELATIVES AU PLAN CALCUL On trouvera ci-après une première expression,
établie en commun par les groupes industriels consultés, de leurs
propositions relatives au Plan Calcul. CHAPITRE I Les groupes industriels consultés se proposent de réunir tous leurs intérêts concernant le domaine du calcul, dans une entreprise unique résultant de la fusion des activités Informatique de la CAE et de la SEA. 1°) La stratégie de cette entreprise visera à atteindre d'ici cinq ou six ans un volume d'activité, un équilibre d'exploitation, et une indépendance technique tels que l'entreprise puisse tenir sa place sur le marché européen, en étant maîtresse de ses décisions et en pouvant se passer d'un soutien de l'État autre que le soutien normal. Au départ, la réunion des deux entreprises
représente pour 1966 un chiffre d'affaires de l'ordre de 180
millions et 2000 personnes dont 900 ingénieurs et techniciens, la
moitié du chiffre d'affaires étant faite avec des produits relevant
de licences étrangères. L'objectif visé par l'entreprise dans le
cadre du Plan Calcul est, tout en développant ses produits propres
actuels et ses activités sous licence pour assurer son équilibre à
court et moyen termes et prendre ou conserver les positions
commerciales nécessaires, de développer une activité autonome en
deux étapes : La dimension initiale de l'entreprise est juste
suffisante pour aborder l'essentiel de l'étape de la gamme I. 2°) Mais pour l'immédiat, afin d'assurer la continuité du programme industriel et surtout commercial, CAE a été amenée à entreprendre et annoncer, en plus de ses produits propres, plusieurs lancements de modèles de calculateurs, construits sous licence SDS. C'est à partir de cette situation de fait qu'est
proposé un échelonnement de l'introduction des calculateurs du Plan
Calcul, gamme I, qui représentent en fait la gamme intermédiaire
préparant le long terme, et qui doivent inclure la satisfaction des
besoins impératifs de Défense. 3°) Des liens avec l'industrie américaine restent
nécessaires, d'une part pour appuyer nos recherches à long terme,
d'autre part pour avoir accès sans retard à certains produits et
techniques qui ne seraient pas développés en France, enfin pour
ouvrir à nos produits le marché américain. C'est sous cet angle que
l'entreprise sera amenée à définir sa politique vis-à-vis de
l'industrie US et à examiner d'une part les accords CAE-SDS, d'autre
part le protocole SEA-CONTROL DATA CORPORATION. 4°) Vis-à-vis de l'industrie des composants,
l'entreprise doit s'efforcer de disposer de plusieurs sources, dont
l'une au moins donne l'assurance de la sécurité de fourniture. Les
relations sont celles de client à fournisseur, dominées par le prix,
le délai et la qualité 5°) Des études de marché précises ont été remises dans le cadre du marché de définition DRME-DGRST. On résumera seulement ici les objectifs commerciaux pour la première étape : ils sont fixés moins en fonction du volume global d'un marché en expansion rapide que des probabilités de réussite, et orientés nettement par le souci de préparer l'étape suivante. A - Gestion - En partant de l'implantation des SEA 3900 et 4000
- qui doit atteindre en 1968 une soixantaine d'ensembles de gestion
moyens en exploitation - préparer l'instrument commercial pour
introduire en 1968 le bas de la nouvelle gamme et en 1969 le haut de
gamme suivant une stratégie prudente : La politique proposée ici devrait, en particulier,
répondre de manière satisfaisante aux besoins principaux de
l'équipement administratif des services publics. Elle postule :
On insistera ici sur le sens d'une telle politique : à l'État, elle donne la garantie de voir satisfaire ses besoins par des matériels compétitifs ; à l'entreprise, elle procure les références absolument indispensables à l'action commerciale dans le secteur privé et à l'exportation. B - Le marché scientifique – L'entreprise disposera dans ce domaine d'une base de départ significative constituée par l'implantation d'environ 300 calculateurs (CAB 500, CAE 510, C 90). Le débouché en machines scientifiques est constitué principalement par l'Université, la Recherche d'État et les grandes entreprises publiques et privées. Afin d'assurer au Plan un maximum d'efficacité, l'État devra, dès notification de sa décision, encourager l'utilisation préférentielle par les organismes publics et parapublics des matériels produits par l'entreprise. Cette remarque acquiert une signification toute particulière en ce qui concerne l'Université et le CNRS. En outre, une telle politique permettrait de faire participer un nombre croissant de jeunes chercheurs universitaires aux divers aspects du développement de l'Informatique. Pour les machines de haut de gamme (P3, P4 explicitées plus loin), elle devrait aboutir à une coopération fructueuse du type MIT-GEC et BERKELEY-SDS pour la définition et l'étude des softwares GE 645 et SIGMA 7. C - Le marché industriel - Le marché des applications industrielles, sans
avoir atteint sa maturité, entrera néanmoins dès le départ pour une
part significative dans le chiffre d'affaires de l'entreprise grâce
aux positions de premier plan acquises par CAE et SCHNEIDER sur le
marché français (80%) et européen. D - Le marché militaire - Le programme calculateurs des Armées est déjà engagé pour le présent et les années à venir. Des positions fortes existent dès à présent, en particulier par l'exécution par la CAE des deux plus importants programmes de traitement de l'information associés à la force de frappe (MSBS SSBS), portant sur plus de 60 systèmes pour un montant total qui dépassera 300 millions de francs. Pour la période considérée, le Plan Calcul doit à
la fois : E - Évolution et décomposition des chiffres d'affaires - L'évolution du chiffre d'affaires retenu pour
l'entreprise part du chiffre d'affaires cumulé de CAE et SEA en 1966
et élimine pour la période consécutive les recouvrements estimés
entre les anciennes prévisions des deux Sociétés. Le plan présenté vise comme, objectif un chiffre
d'affaires pouvant atteindre, en fin de période, 500 millions TTC,
correspondant à un volume de production nettement plus important
compte tenu de l'incidence des locations. Une telle action entraîne une réduction à 47% de
la part location dans la valeur totale des équipements civils
fournis, contre 68% dans l'hypothèse où l'État n'aurait pas modifié
sa politique. On peut indiquer que les différents secteurs de l'ensemble du domaine géographique (gestion, scientifique, industriel et militaire) interviennent chacun sensiblement pour 25%. La répartition entre secteur public et privé est
également difficile à préciser, d'autant que les structures des
industries et services dépendant de l'État sont très différentes
suivant les pays et les domaines. Malgré l'importance particulière du secteur public en France, celui-ci semble ne pas devoir dépasser 40% du chiffre d'affaires civil total en 1971. La part du secteur privé devrait croître relativement plus vite à partir de la fin de la période. La part exportation devrait croître tout au long
de la période, pour atteindre 20 à 25% en 1971, en développant le
réseau de ventes international à partir de l'implantation existant à
ce jour. - CHAPITRE II - 1.- SITUATION DE DÉPART - La gamme actuelle des calculateurs comporte : - pour la CAE : applications civiles : - pour la SEA : la machine de gestion SEA 4000,
les calculateurs industriels 2.- GAMME I - a) Projets antérieurs - Les projets antérieurs des deux Sociétés
comportaient : b) Plan commun CAE-SEA Une première confrontation des idées et des
projets antérieurs des deux Sociétés nous a amenés à la gamme
suivante de machines (par tailles croissantes) :
Afin de répondre aux besoins qu'exprimeraient des
grandes Administrations, certaines entreprises nationalisées et
l'Université, l'entreprise pourrait dans le cadre d'un marché en
régie, réaliser un et préférablement deux prototypes d'un grand
calculateur P4. 4 - GAMME II - On peut aujourd'hui penser valablement qu'à long
terme "petits systèmes" (pour les petites et moyennes entreprises en
particulier) et "grands systèmes" (pour la gestion intégrée des
services et des grandes entreprises, partagée avec les calculs
scientifiques et techniques) seront les deux pôles essentiels du
marché d'application. Mais ni la date, ni les conditions réelles du
marché ne sont prévisibles avec exactitude. La préparation de la gamme II est en fait contenue
dans le programme à moyen terme de recherches à engager
immédiatement, de telle sorte qu'en 1969 des spécifications précises
des produits et domaines d'applications puissent être énoncées.
Deux plans principaux de recherches et de développements sont présentés : Plan 1 - court et moyen termes - a) les études de technologie - b) les études de structures de calculateurs et
systèmes - c) systèmes de programmation et programmes de
simulation - Plan 2 - long terme - 6.- PÉRIPHERIQUES - - CHAPITRE III - Une entreprise unique réunissant l'essentiel des
activités de SEA et CAE sera constituée par fusion de ces Sociétés,
avant la fin de l'année en cours. 2.- Les structures de la nouvelle entreprise
devront assurer en particulier : L'importance et le caractère spécifique des activités militaires, en particulier sur les plans conception des systèmes et technologie, justifient la réunion de tous les moyens techniques, commerciaux et administratifs afférents à ce domaine dans une division militaire verticalisée. 3.- Afin de ménager les transitions nécessaires,
d'éviter les difficultés que pourrait créer une opération aussi
radicale, et de ne pas perdre un temps précieux dans le démarrage du
Plan Calcul, il est convenu de mettre sur pied, dès la notification
par les Pouvoirs Publics de leur décision de lancer le plan, un
comité de liaison à l'échelon des directions générales des sociétés,
ayant pour tâche, en attendant la fusion juridique et en se plaçant
dans l'optique définie en (2) : 4.- Le champ d'activité de l'entreprise peut être ainsi défini : Concevoir, fabriquer, vendre ou louer des calculateurs et des produits de traitement de l'information de tous types (numériques, analogiques, hybrides et mixtes) et les systèmes de traitement de l'information catalogables ou sur devis, assurer la programmation et l'aide à la clientèle pour la mise en œuvre des systèmes fournis par l'entreprise. Aucune limitation a priori n'est fixée aux domaines d'application, les compétences de la société étant celles nécessaires à son activité propre et celles nécessaires à l'établissement des dialogues avec les sociétés utilisatrices, notamment les sociétés d'automatisme industriel. Le domaine ne couvre pas l'ensemble des périphériques. Il peut inclure l'étude et la production de périphériques dans la mesure où leur conception est inséparable, dans les systèmes, de celle des unités centrales. 5.- La nécessité du Plan Calcul et l'assurance que les efforts qui y seront déployés viendront nourrir le progrès des industries concourant à l'équipement du pays en moyens de traitement de l'information, impliquent que dès le départ ces efforts ne restent pas isolés de l'activité générale de l'informatique. Cette remarque s'applique à la collaboration aussi bien avec l'Université et la Recherche d'État qu'avec les sociétés qui ont acquis une compétence affirmée dans certaines catégories de matériels adaptés à des environnements particuliers, par exemple militaires et spatiaux, dans les équipements périphériques ou d'exploitation annexe, ou encore dans l'élaboration de software. L'établissement de liens particuliers techniques, commerciaux et même industriels et financiers avec certaines de ces sociétés pourra se révéler utile et devra être envisagé en temps voulu. Si ces liens devaient en particulier conduire à
des participations de tiers dans le capital de l'entreprise,
celles-ci ne devraient pas pour autant entraîner l'infléchissement
ou la modification des objectifs proposés par l'entreprise et
approuvés par l'État, ni être de nature à amoindrir l'efficacité de
sa Direction dans aucun de ses domaines. - CHAPITRE IV – Le plan de financement présenté correspond au programme exposé au Chapitre II ; il couvre donc la phase initiale et les phases I et II, à l'intérieur de la période d'exécution du Plan Calcul, de 1966 à 1971. Il reflète essentiellement le souci de l'industriel de consacrer les cinq prochaines années à bâtir, avec une aide particulière de l'État, une entreprise française de traitement de l'information capable d'affronter avec succès le marché national et international. En revanche, après 1971, un soutien normal de l'État paraît devoir être suffisant. Le plan présenté inclut, pour les années 1966 à 1971, l'amorce de ce soutien normal sur le plan de la recherche. Le tableau de financement, présenté sous une forme synthétique, a permis de vérifier l'équilibre des grandes masses financières mises en jeu eu cours des années 1966 à 1971 et de la structure financière probable de l'entreprise en fin de période. II ne saurait être tenu pour un programme définitif. Les dépenses et ressources ont été évaluées à parti des chiffres d'affaires aboutissant à un montant de 500 millions en 1971, objectif indiqué au Chapitre 1. Au départ, le chiffre d'affaires prévisionnel
"numérique" et "traitement de l'information spécialisé" des deux
sociétés (1966) est de 30 millions pour SEA et 120 millions pour CAE. 1.- CHARGES - Les dépenses du Plan Calcul peuvent être ainsi
analysées : Le programme couvre toutes les études et recherches nécessaires au développement des matériels définis au Chapitre Il, dont une partie importante de la préparation de la gamme Il, le coût au delà de 1971 pouvant être de l'ordre de 60 millions. Le premier poste en particulier comprend toutes les études d'unités centrales, d'interfaces et d'unités de couplage et de contrôle des périphériques du catalogue, ainsi que de certains périphériques directement associés. La ventilation par groupes de matériels s'établit
ainsi : L'évolution du programme et celle du marché pourront conduire l'entreprise à effectuer certains transferts entre les postes ci-dessus. Militarisation Grand Calculateur (P4) Concours extérieurs B - Programme d'investissements immobiliers,
industriels et commerciaux – C - Charge financière des locations - 2.- RESSOURCES – Il concerne en premier lieu la mise sur pied des
moyens industriels et du réseau commercial aptes à assurer le succès
du Plan Calcul : construction et équipement des immeubles et
extensions nécessaires, création de l'outillage, expansion du réseau
commercial, développement du potentiel de recherches et d'études,
formation et promotion technique du personnel. L'aide de l'État porterait sur une subvention, accompagnée d'un concours du Fonds de Développement Économique et Social sous la forme d'une aide remboursable en cas de succès, et sur une garantie devant permettre l'obtention de moyens de financement. Il serait également demandé à l'État son appui pour résoudre le problème posé par la location. C - Données financières - L'aide de l'État et l'effort propre de l'entreprise peuvent se résumer dans les chiffres suivants : a - Subvention de l'État 310 millions Sous réserve de l'incertitude sur les éléments de
départ qui subsistera jusqu'à réalisation de la fusion, la structure
financière de l'entreprise en fin de période peut -être schématisée
de la façon suivante : - Capitaux propres et bénéfices non distribués 148 L'impossibilité de couvrir par les capitaux permanents à la fois les immobilisations classiques, une partie raisonnable du fonds de roulement et les matériels loués immobilisés, en période de croissance initiale, justifie cette demande d'appui. Le volume de ce financement sera d'autant plus limité que l'État aura pu agir sur les organismes publics et parapublics clients en vue d'une réduction des locations (voir action de l'administration américaine), action portant en elle-même sa justification par l'économie qu'elle entraîne. Garantie de l'État Les conditions d'octroi des crédits en France et
le volume des crédits nécessaires à l'entreprise pourront amener
celle-ci à demander à l'État sa garantie sur certains des emprunts
qu'elle aurait à contracter pendant la période de lancement et de
vente des calculateurs du Plan Calcul, en particulier pour la Lettre
d'Agrément concernant les fabrications. - CHAPITRE V - Pour être pleinement efficace, le plan envisagé devra être mis en œuvre dans les délais les plus brefs. La procédure appliquée devra d'une part assurer la continuité de l'activité des équipes déjà affectées à ces objectifs et d'autre part permettre le déclenchement immédiat des opérations de structuration complémentaire. Sans attendre la conclusion des discussions sans doute longues que nécessitera l'élaboration des procédures administratives, il est indispensable que le signal de départ soit donné dès que la décision de principe sera prise. La forme pourrait en être une lettre des Pouvoirs
Publics aux industriels portant sur : Il devra également être tenu compte dans la
procédure : Pour ces deux raisons, la procédure appliquée
devra se référer sur le plan technique à une définition globale des
objectifs et des fonctions qu'ils devront permettre d'assurer. REMARQUE SUR LES RESSOURCES EN PERSONNEL TECHNIQUE ANNEXE I
Gamme I (Classement par ordre de puissante croissante )
____ études et prototypes |
19 juillet 1966:
Le Conseil interministériel du 19 juillet 1966 a approuvé le rapport établi par le Commissaire Général au Plan, François-Xavier Ortoli, (rapport établi à partir d’une proposition établie en juillet 1966 par la CGE, la CSF et Scheiner S.A., consistant à proposer aux Pouvoirs Publics un plan d’action visant à mettre sur pied dans un délai défini une industrie nationale du traitement de l’information capable d’assurer l’indépendance nécessaire aux stades des décisions et de l’utilisation) et a créé un poste de Délégué à l’Informatique.
Ce Conseil a décidé, en ce qui concerne les relations État – Industrie, que
le Délégué à l’Informatique serait l’interlocuteur unique de l’industrie et
qu’il coordonnerait les actions des différentes administrations et organismes
parapublics dans le domaine de l’informatique. Ce même Conseil a décidé que le
Délégué à l’Informatique serait chargé de soumettre au Gouvernement un projet
d’organisation d’un nouvel Institut de Recherche en Informatique et en
Automatique, IRIA, devant être axé sur la recherche fondamentale ainsi que sur
la formation de base et le recyclage de spécialistes de la conception et de
l’exploitation des systèmes de Traitement de l’Information.
30 septembre 1966: décret officialisant la création du poste de Délégué à
l’Informatique, directement rattaché au Premier Ministre.
8 octobre 1966: nomination de Robert Galley au poste de Délégué à
l’Informatique et décret concrétisant la décision du 19 juillet 1966 en créant
la Délégation à l’Informatique : le Plan Calcul était né.
Le décret précité énumère, en particulier, les principales attributions du
Délégué à l’Informatique qui est chargé essentiellement :
· d’élaborer le plan d’ensemble des moyens humains, scientifiques, techniques et
financiers devant permettre, en France, le développement de l’industrie du
traitement de l’information ;
· de la mise en œuvre de ce plan, ce qui doit se traduire notamment par le
soutien gouvernemental et la coordination des efforts des industriels, en vue de
la mise sur pied d’une nouvelle entreprise d’ordinateurs, indépendante des
techniques et des capitaux étrangers.
· De la promotion de la recherche et de la formation des hommes dans le domaine
de l’informatique.
Cette mise œuvre exigeait essentiellement la création :
· D’un instrument industriel (ce sera la CII),
· D’un organisme de recherche et de formation du personnel (ce sera l’IRIA).
6 décembre 1966: création de la C.I.I.
La C.I.I., Compagnie Internationale pour l’Informatique est née du
regroupement des activités dans le domaine de l’informatique :
· de la Compagnie Européenne d’Automatisme Électronique (C.A.E.),
· de la Société pour l’Étude et la Réalisation des Procédés Électronique de
Calcul (ANALAC),
· de la Société d’Électronique et d’Automatisme (S.E.A.).
La C.A.E. et ANALAC relèvent du groupe « Compagnie pour l’Informatique et les
Techniques Électroniques de Contrôle » (CITEC) dont les actions sont détenues,
moitié par la Compagnie Générale de Télégraphie Sans Fil (C.S.F.), moitié par la
Compagnie Générale d’Électricité (C.G.E.). Le groupe CITEC participe au capital
de la C.I.I. pour environ 56,4 %.
La S.E.A. dépend du groupe Schneider dont la participation est d’environ 33,3 %.
Enfin, le groupe Rivaud (Intertechnique et Mines de Kali Sainte-Thérèse)
participe pour le complément, soit environ 10,3 %.
décembre 1966: création de la SPERAC.
En 1966, THOMSON crée, en association 50/50 avec la COMPAGNIE DES COMPTEURS
(CDC) la société SPERAC (Systèmes et Périphériques Associés aux Calculateurs),
en vue de réaliser dans le cadre du Plan Calcul des équipements périphériques et
des systèmes de télégestion.
Les services d’études et de réalisation des « modems » de télégestion sont
apportés par la Division Télécommunications à la Sperac qui s’installe dans une
usine construite pour elle à Vélizy. La COMPAGNIE DES COMPTEURS apporte un
secteur électromécanique de périphériques qui travaille aux mémoires sur bandes
magnétiques à grande vitesse et aux mémoires sur disques magnétiques à accès
rapide. La SPERAC doit bénéficier d’une convention dans le cadre du Plan Calcul.
3 janvier 1967 : loi d’institution de l’IRIA.
Décidé en novembre 1966, l’Institut de Recherche d’Informatique et d’Automatique
(IRIA) est créée aux termes de la loi du 3 janvier 1967.
Présidé par le Délégué à l’Informatique, l’IRIA participe au développement de
l’informatique en répondant aux quatre missions suivantes :
· acquisition de la connaissance scientifique et technique par la recherche ;
· synthèse des connaissances, animation et irrigation de la recherche ;
· promotion de ces connaissances dans le domaine des applications ;
· information et formation des personnes concernées par l’informatique et
l’automatique.
29 mars 1967 : Michel Debré, ministre de l’Économie et des Finances, reçoit les représentants des trois groupes CGE (Ambroise Roux), CSF (André Danzin) et Schneider (Roger Gaspard) et négocie avec beaucoup de force leurs contributions financières à la création de la CII qui exige des apports d’actifs mais aussi de l’argent frais. Les industriels sont réticents. En réalité, seule CGE dispose de l’aisance de trésorerie nécessaire.
13 avril 1967: signature de la première convention Plan Calcul, pour 5 ans.
La Convention matérialisant les engagements réciproques de l'État et de la
CII a été signée le 13 avril 1967 par quatre Ministres ainsi que par les
représentants des Groupes fondateurs de la CII et des deux sociétés qu'elle
regroupe. Cette Convention établie pour une durée de cinq années définit les
actions de l'Industrie et de l'État qui permettront à la CII d'atteindre pour la
fin de 1971 un potentiel et un volume d'affaires la rendant apte à maîtriser sa
politique industrielle, à maintenir puis accroître sa rentabilité et à tenir sa
place sur les marchés français et international.
Cette Convention précise les étapes du développement technique, industriel et
commercial sur lesquelles la CII s'est engagée. Elle définit les modalités de
l'aide de l'État qui permettra à la CII de se développer au rythme requis
pendant les cinq années de démarrage. Cette aide se traduira par la passation de
marchés d'études et de recherches pour un montant global de l'ordre de 400
Millions de francs, remboursable en partie, et par l'octroi de certaines
facilités de financement auprès d'organismes extérieurs ou de l'État. Cette aide
se traduira également par une collaboration privilégiée qui facilitera, dans le
respect des règles normales de la concurrence, l'implantation technique et
commerciale de la CII. Cette collaboration résultera d'un dialogue technique sur
les politiques et programmes d'équipement de matériels de traitement de
l'information des organismes relevant de l'autorité de l'État ou de son pouvoir
de tutelle. La Convention définit en outre les conditions dans lesquelles la CII
verra sa structure financière progressivement développée par apports de capitaux
de la part de ses groupes fondateurs, par autofinancement et par appel aux
concours des organismes de crédit, la masse financière totale à engager pendant
cinq ans étant de l'ordre de un Milliard de francs.
Le Conseil d'Administration de la CII présidé par M. Jacques MAILLET, par ailleurs Président d'Intertechnique, est composé de M. Robert REMILLON, Vice-Président Directeur Général, par ailleurs Président Directeur Général de la CITEC, M. Guy RENAUDIN, Vice-Président, représentant Schneider SA, M. Henri ALBERT, représentant la CSF, M. Jean AURICOSTE, Directeur Général Adjoint, M. François-Henri RAYMOND, Administrateur délégué à la politique des produits, M. Alain WILLK, représentant la CGE.
Compte tenu de l’importance de cette signature, les documents officiels sont
reproduits ci-après :
- Convention Plan Calcul,
- Accord technique Plan
Calcul.
13 avril 1967: après la signature de la Convention, au Ministère des Finances, M, Michel DEBRÉ, Ministre des Finances, a prononcé une allocution dont le texte a été distribué, accompagné d'un communiqué du Ministère.
Quelques instants après, M. GALLEY assisté de M.
CHARPENTIER, représentant le Ministère des Finances, et de M.
MAILLET, représentant la CII, tenaient une Conférence de Presse
devant une soixantaine de journalistes. Le bref exposé de M. Galley a porté sur les points suivants : 1° / Historique rapide : 3° / A la suite de conversations suivies, les modalités de l'aide financière apportée à la nouvelle Compagnie ont fait l'objet de la Convention signée le matin même par 4 Ministres (Finances, Recherche Scientifique, Industrie, Armées), au nom de l'État, et par les Représentants de CSF, CGE, SCHNEIDER, et de leurs filiales pour l’industrie. 4° / En terminant, M. GALLEY souligne
l’originalité de la dite convention : A la suite de cet exposé, de nombreuses questions
ont été posées par les journalistes. Parmi les réponses faites,
celle-ci du Délégué : |
5 mai 1967: création d’une association ayant pour objet de resserrer les
liens nés ou à naître entre les utilisateurs des systèmes de traitement de
l'information et des matériels de la COMPAGNIE INTERNATIONALE POUR
L'INFORMATIQUE, leur permettre de mieux se connaître et de se communiquer les
résultats de leurs expériences réciproques, en particulier au cours de deux
assemblées prévues annuellement à Paris ou en province.
Cette association a pour nom « Cercle des Utilisateurs de matériels CII ».
25 mai : Première Assemblée du Cercle des Utilisateurs CII.
La première assemblée de cette association placée sous la Présidence de Monsieur Raymond MOCH, Sous-directeur du Laboratoire de Physique atomique et moléculaire du COLLÈGE DE FRANCE, a été tenue le 25 mai 1967 à Paris ; une centaine de personnes représentant 40 organismes publics et privés utilisant des ordinateurs CII étaient présentes.
Après les allocutions d'accueil de Monsieur MOCH et de Monsieur KALLMANN, Directeur de la Divi-ion Systèmes et Matériels d'informatique de la CII, la séance a commencé par la présentation des statuts et une explication détaillée des activités prévues par les membres du Cercle. Elle s'est poursuivie avec deux exposés, l'un portant sur les matériels CII actuellement en service, l'autre sur le premier ordinateur de la Série 10 000 le 10 070 commercialisé depuis octobre 1966 et qui sera mis en service au cours du deuxième trimestre 1968.
Le lendemain de cette première assemblée, les participants se sont réunis par groupes spécialisés selon les matériels qu'ils utilisent ; diverses communications ont été faites par les utilisateurs notamment sur leurs installations et sur les programmes qu'ils ont développés.
Mai 1967 : document en diffusion interne CII sur :
LE PLAN CALCUL ET LA CII
1 Le Traitement de l'Information : élément moteur de progrès techniques et de modifications économiques.
L'application, dans pratiquement toutes les activités humaines, des nouvelles
techniques de l'Informatique basées sur l'emploi des calculateurs électroniques,
a contribué, dans une large mesure, depuis quelques années, non seulement au
développement d'un grand nombre de domaines de la science et de la technique,
mais aussi aux modifications des structures économiques et sociales.
Plus de 45.000 calculateurs d'une valeur totale dépassant 50 Milliards de francs
sont déjà actuellement installés dans le monde dont environ le quart en Europe
et un peu plus de 2.000 en France. Leur nombre s’accroît de plus de 25 % par an.
En France, le Traitement de l'Information représente près du tiers du chiffre
d'affaires des biens d'équipement électronique constituant eux-mêmes plus de 40
% du chiffre d'affaires total de l'Industrie Électronique.
Il faut remarquer que l'évolution rapide de l'Industrie du Traitement de
l'Information exerce un effet moteur considérable sur le développement des
disciplines de base et des technologies, composants entre autres, entrant dans
la conception et la réalisation des matériels. Il faut aussi noter que
l'importance de l'interaction, dans cette industrie, entre la conception et
l'utilisation des matériels amène les équipes techniques des constructeurs à
travailler de façon permanente à l'organisation et à l'exploitation des grands
systèmes de Traitement de l'Information : industriels, scientifiques et
militaires et à influencer ainsi l'évolution des structures dans tous les
domaines d'équipement de l'économie, de la science et de la défense.
Pour maîtriser sa politique dans le domaine industriel du Traitement de
l'Information aussi étroitement lié à son économie, ses recherches et son
industrie électronique, la France doit être en mesure de disposer d'un potentiel
industriel et technique complet propre à assurer l'indépendance de ses
décisions.
II Le Plan Calcul moyen de promouvoir en France l'Industrie du Traitement de l'Information.
La prise de conscience de l'importance capitale de l'industrie du Traitement
de l'Information a conduit en juillet 1966 la CGE, Compagnie Générale
d'Électricité, la CSF, Compagnie Générale de Télégraphie Sans Fil et Schneider
S.A. à proposer aux Pouvoirs Publics un plan d'action visant à mettre sur pied
dans un délai défini une Industrie Nationale du Traitement de l'Information
capable d'assurer l'indépendance nécessaire aux stades des décisions et de
l'utilisation. Ce plan prévoyait une aide de l’État et le regroupement au sein
d'une nouvelle société de tous les moyens des trois Groupes dans le domaine du
Traitement de l'Information.
Cette proposition a servi de base à un rapport établi par le Commissaire Général
au Plan. Le Conseil interministériel du 19 juillet 1966 a approuvé ce rapport et
a créé un poste de Délégué à l'Informatique responsable de la mise en œuvre du
plan de développement en France de l'Informatique. Ce conseil a décidé, en ce
qui concerne les relations État-Industrie, que le Délégué à l'Informatique
serait l'interlocuteur unique de l'industrie et qu'il coordonnerait les actions
des différentes administrations et organismes parapublics dans le domaine de
l'Informatique. Ce même conseil a décidé que le Délégué à l'Informatique serait
chargé de soumettre au Gouvernement un projet d'organisation d'un nouvel
Institut de Recherche en Informatique et en Automatique, I.R.I.A., devant être
axé sur la recherche fondamentale ainsi que sur la formation de base et le
recyclage de spécialistes de la conception et de l'exploitation des systèmes de
Traitement de l'Information.
Monsieur Robert GALLEY a été nommé Délégué à l'Informatique le 8 octobre 1966.
L'ensemble de ces actions et de ces décisions de natures diverses a été appelé
PLAN CALCUL.
III La CII, Compagnie Internationale pour l'Informatique, instrument industriel central du Plan Calcul.
1. Création :
Créée le 6 décembre 1966, la CII, Compagnie Internationale pour l'Informatique,
regroupe les activités ''Informatique'' des filiales de ses groupes fondateurs :
la CAE, Compagnie Européenne d'Automatisme Électronique,
la SEA, Société d'Électronique et d'Automatisme.
Dès 1964, les Groupes CGE et CSF avaient pris l'initiative de se rapprocher et
de confier à une filiale commune 50/50 la CITEC, Compagnie pour l'Informatique
et les Techniques Électroniques de Contrôle leurs activités dans les domaines
de l'Automatisme, du Traitement de l'Information et de la Télétransmission. La
CAE, dont la création remonte à 1960, est devenue, depuis, la filiale la plus
importante de la CITEC. La CAE est spécialisée dans le traitement numérique de
l'information et elle a atteint en 1966 un niveau de développement technique
industriel et commercial lui permettant de constituer une base de départ solide
à l'échelle européenne. La SEA, fondée en 1948 et devenue récemment filiale du
Groupe Schneider, est plus spécialement orientée vers les études et a eu comme
vocation la recherche et l'exploitation des techniques et technologies avancées
dans les domaines du calcul numérique, du calcul analogique et de leurs
applications à l'automatisme.
Dans le capital de la CII, la participation de la CGE et de la CSF par le canal
de leur filiale commune, la CITEC, est de 56,40 %, la participation des Sociétés
Intertechnique et Mines de Kali Ste Thé-rèse, déjà associées à la CITEC au sein
de la CAE, est de 10,27 % et la participation de Schneider SA est de 33,33 %.
Le Conseil d'Administration de la CII présidé par M. Jacques MAILLET, par
ailleurs Président d'Intertechnique, est composé de M. Robert REMILLON,
Vice-Président Directeur Général, par ailleurs Président Directeur Général de la
CITEC, M. Guy RENAUDIN, Vice-Président, représentant Schneider SA, M. Henri
ALBERT, représentant la CSF, M. Jean AURICOSTE, Directeur Général Adjoint, M.
FrançoisHenri RAYMOND, Administrateur délégué à la politique des produits, M.
Alain WILLK, représentant la CGE.
2. Relations entre l'État et la CII :
La Convention matérialisant les engagements réciproques de l'État et de la CII a
été signée le 13 avril 1967 par quatre Ministres ainsi que par les représentants
des Groupes fondateurs de la CII et des deux sociétés qu'elle regroupe. Cette
Convention établie pour une durée de cinq années définit les actions de
l'Industrie et de l'État qui permettront à la CII d'atteindre pour la fin de
1971 un potentiel et un vo-lume d'affaires la rendant apte à maîtriser sa
politique industrielle, à maintenir puis accroître sa rentabilité et à tenir sa
place sur les marchés français et international.
Cette Convention précise les étapes du développement technique, industriel et
commercial sur lesquelles la CII s'est engagée. Elle définit les modalités de
l'aide de l'État qui permettra à la CII de se développer au rythme requis
pendant les cinq années de démarrage. Cette aide se traduira par la passation de
marchés d'études et de recherches pour un montant global de l'ordre de 400
Millions de francs, remboursable en partie, et par l'octroi de certaines
facilités de financement auprès d'organismes extérieurs ou de l'État. Cette aide
se traduira également par une collaboration privilégiée qui facilitera, dans le
respect des règles normales de la concurrence, l'implantation technique et
commerciale de la CII. Cette collaboration résultera d'un dialogue technique sur
les politiques et programmes d'équipement de matériels de traitement de
l'information des organismes relevant de l'autorité de l'État ou de son pouvoir
de tutelle. La Convention définit en outre les conditions dans lesquelles la CII
verra sa structure financière progressivement développée par apports de capitaux
de la part de ses groupes fondateurs, par autofinancement et par appel aux
concours des organismes de crédit, la masse financière totale à engager pendant
cinq ans étant de l'ordre de un milliard de francs.
IV Lignes d'action de la CII.
Pour atteindre les objectifs généraux énoncés dans la Convention, compte tenu des appuis techniques et financiers de ses groupes fondateurs et de l'État, la CII a l'intention de développer son action selon les axes suivants :
1. Accroissement des moyens techniques, industriels et commerciaux sur la production et la mise en service dans les meilleures conditions de qualité et de rentabilité des matériels actuellement commercialisés par la CII.
2.– Choix, au départ, dans les types de matériels et d'applications de
créneaux adaptés à l'implantation actuelle de la CII ainsi qu'à l'expérience
actuelle de ses équipes et permettant une extension vers un éventail plus large
correspondant à la vocation de CII.
A partir de développements propres à la CAE dans le domaine des systèmes, des
matériels et périphériques temps réel et à partir d'une coopération avec la
société américaine SDS, les filières d'application apportées par la CAE sont
centrées sur les applications en temps réel, scientifiques, industrielles, et
militaires avec les systèmes militaires 130/133, les systèmes de la série 90 et
de la série 10.000. Les filières d'application apportées par la SEA, qui a
réalisé en 1950 le premier calculateur électronique français et qui fut
précurseur dans le calcul scientifique français, sont actuellement nettement
orientées vers les applications spécialisées de gestion avec les systèmes de la
série 4000.
L'interpénétration progressive des applications entraînera d'ailleurs une
universalité croissante des ordinateurs produits et un élargissement de leur
champ d'action. Cette universalité est déjà très marquée dans le catalogue
actuel de CII et s'étendra dans le futur vers des gammes compatibles
d'ordinateurs de puissance de traitement accrue.
3.– Expansion continue des moyens d'études et de recherches, ainsi que des
moyens industriels, afin, d'une part, de développer et de produire une gamme de
matériels, dite Gamme I, destinée à succéder progressivement à la gamme
actuelle, d'autre part, de préparer suffisamment à temps les choix fondamentaux
qui conditionneront la conception de la gamme suivante, dite Gamme II, devant
succéder à son tour à la Gamme I.
La Gamme I destinée à pénétrer de façon significative dans les principaux
secteurs du marché se composera de 4 systèmes PO, P1, P2, P3, de puissances
croissantes. La conception de ces matériels repose sur les projets étudiés au
cours de la période préparatoire au Plan Calcul proprement dit. Elle s'appuie
sur des technologies propres et sur des technologies disponibles sur le marché
national.
La Gamme II présentera, par rapport à la Gamme I, une originalité accrue et une
plage plus large d'applications et de performances. Elle sera basée sur des
technologies progressivement contrôlées de manière à assurer la maîtrise et la
cohérence de la politique industrielle de la CII.
4. Accroissement des équipes d'assistance technique en vue d'apporter aux utilisateurs qui demandent non seulement des matériels mais surtout des services, toutes les compétences et l'expérience nécessaires.
5. Accroissement des équipes de dialogue avec les industries connexes telles que celles des composants ou des matériels associés avec lesquelles la CII, qui a la responsabilité complète d'un maître d’œuvre dans la conception, la production et la commercialisation de ses systèmes de traitement de l'information, entretient des relations directes étroites.
V Évolution de la CII de 1967 à 1972.
La CII dispose, dans le domaine du Traitement de l'Information, des
compétences dans les techniques avancées et des possibilités de débouchés
complémentaires apportées par ses groupes fondateurs :
- la CGE, groupe français le plus important dans le domaine électrique et
électronique,
– la CSF, première société française dans le domaine de l'électronique pure,
– et Schneider, groupe le plus important de l'industrie des biens d'équipement
industriel.
Ces groupes, avec des effectifs de près de 200.000 personnes sont implantés à
l'échelon mondial et couvrent de nombreux domaines d'activités.
La CII, instrument industriel central du Plan Calcul, a ainsi les ouvertures
nécessaires sur un plan européen et mondial, susceptibles de lui donner la
dimension propre à lui assurer un succès complet.
L'effectif actuel de la CII est de 2.700 personnes à très forte dominante
technique puisqu'on y compte près de 700 ingénieurs et cadres techniques ainsi
que 800 techniciens.
Ses locaux occupent dans la région parisienne une surface de 40.000 m² pour
moitié dans un centre récemment construit dans la commune des Clayes-sous-Bois,
près de Paris.
Plus de 500 systèmes de Traitement de l'Information ont été installés à ce jour
par la CAE, la SEA et la CII.
Le chiffre d'affaires de 1966 a été de 180 Millions de Francs.
D'ici à 1972, la CII triplera son chiffre d'affaires, portera ses effectifs à
près de 6.000 personnes et utilisera des locaux occupant une surface d'environ
100.000 m² (Direction Générale et Services Commerciaux dans l'Ouest de Paris
Services Techniques aux Clayes-sous-Bois Recherches et Production à Toulouse).
4 juillet 1967 : communiqué de presse CII annonce du 10010
La CII, Compagnie Internationale
pour l'Informatique, annonce le lancement de l'ordinateur 10 010.
Cet ordinateur est le premier ordinateur européen
de la troisième génération dont le prix modeste, la robustesse,
l'encombrement réduit et les performances élevées répondent dans le
domaine des applications en temps réel et des applications
scientifiques aux besoins d'un marché important en rapide expansion. L'ordinateur 10 010 a été conçu et développé
pendant la période qui a précédé la signature, dans le cadre du Plan
Calcul, de la Convention entre l'État et la CII. Son lancement
pendant la période de préparation des systèmes du Plan Calcul
souligne l'effort industriel et commercial fait par la CII sur sa
gamme actuelle de systèmes et matériels de Traitement de
l'Information. |
10 juillet 1967 : communiqué de presse (en date du 12 juillet) :
La CII va augmenter son capital de 36 millions de francs.
Sur proposition du Conseil, l’Assemblée Générale des actionnaires de la CII,
Compagnie Internationale pour l’Informatique, réunie le 10 juillet 1967, a
décidé d’augmenter le capital de 36 millions de francs en numéraire. Une
première augmentation de 12 millions de francs sera souscrite avant la fin du
mois de juillet ; les augmentations ultérieures interviendront sur simple appel
du conseil. Au 24 juillet 1967: le capital de la CII au montant de de 13 millions de francs
se répartit comme suit : |
9 septembre 1967 : dans ENTREPRISE numéro 626, un article de Rémi SADOUX intitulé :
LE PARI DU PLAN CALCUL La C.I.I., ou Compagnie internationale pour l'informatique, fonctionne officiellement depuis le 6 décembre 1966. Elle regroupe les moyens « informatique » de ses fondateurs – C.G.E., C.S.F., Schneider et groupe Rivaud - et doit permettre le « décollage » d'une industrie française à l'échelle internationale. Le Plan Calcul a un an d'existence. Son but : permettre à la France de mettre sur pied, dans les cinq ans à venir, une industrie nationale du traitement de l'information. L'enjeu est de taille : l'informatique joue, en effet, un rôle déterminant dans la compétition économique internationale, et les activités de « matière grise » et les services dominent désormais l'économie. L'informatique pénètre et transforme la vie des entreprises comme celle des individus et, pour la contrôler et la communiquer, les industriels doivent faire appel aux ordinateurs. Pourquoi un Plan Calcul ? Le premier problème consiste donc à construire ces calculateurs dont
l'évolution technique est vertigineuse et qui abordent, déjà, la quatrième
génération. Mais à ce problème purement technique s'en ajoute un second, non
moins important : la machine le hardware ne vaut que par son mode d'emploi,
le software, c'est-à-dire l'ensemble des méthodes qui permettent de «
communiquer » avec la machine. Aussi la création d'une industrie des ordinateurs
exige-t-elle également la mise en place d'une infrastructure de recherche, de
programmation, d'assistance aux entreprises et de marketing qui représente un
nombre considérable d'emplois nouveaux. Ainsi, on estime que l'industrie de
l'informatique utilisera aux États-Unis 1 800 000 personnes à plein temps en
1970 et, en France, on devrait atteindre 4 à 500 000 emplois vers 1975-1980... Les partenaires Tels sont les principes qui ont inspiré la création du Plan Calcul. Les
premières études remontent en fait à la fin de l'année 1964, lorsque la D.R.M.E.
et la D.G.R.S.T. confèrent à la Compagnie européenne d'automatisme (C.A.E.) et à
la Société d’Électronique et d’Automatisme (S.E.A.) le soin d'étudier une gamme
d'ordinateurs de conception française. Les rapports des deux sociétés furent
examinés par une commission officielle présidée par Marcel Boiteux, directeur de
l'E.D.F., dont les conclusions sont à l'origine du Plan Calcul proprement dit. Des regroupements en chaîne La C.S.F. qui s'était, pour sa part, intéressée aux calculateurs analogiques
utilisés à des fins scientifiques avait créé, en 1960, la C.A.E. avec les
participations d'Intertechnique et de Thompson Ramo Wooldridge rachetées depuis.
En 1964, la C.G.E. et la C.S.F. regroupèrent leurs activités dans le domaine de
l'automatisme du traitement et de la transmission de l'information autour d'une
filiale commune 50/50 : la C.I.T.E.C., ou Compagnie pour l'informatique et les
techniques électroniques de contrôle. La C.A.E. devint alors filiale de la
C.I.T.E.C. spécialisée dans le traitement de l'information, et reçut des apports
d'origine C.G.E., c'est-à-dire : les services automatisme industriel et
traitement de l'information de la division information de la C.I.T. et la
société C.E.G.I.S. à travers laquelle la C.G.E. avait, dans le domaine des
ordinateurs, établi une collaboration avec la firme américaine S.D.S. (Scientific
Data Systems). La convention du 13 avril Ajoutons qu'une autre société, la S.E.T.I., filiale de la Compagnie des
compteurs, avait acquis à cette époque une licence américaine de la Packard Bell
et développé par la suite un ordinateur moyen : le Pallas. Cependant, la
Compagnie des compteurs décida de ne pas poursuivre de nouveaux développements
au niveau des ordinateurs proprement dits et préféra orienter ses efforts vers
le secteur des périphériques, notamment à la création de la S.P.E.R.A.C. dont
nous parlerons plus loin. En résumé, dans le domaine des systèmes de traitement
de l'information d'usage général, seules la C.A.E. et la S.E.A. réunissaient les
moyens propres à assurer, au sein d'une nouvelle société, la base de départ
d'une industrie nationale du traitement de l'information. Quels matériels? Le choix des matériels qui devront être réalisés au cours de cette période a
fait l'objet d'une étude approfondie. Les ambitions de la C.I.I. sont, à cet
égard, modérées car il n'était pas question, naturellement, de couvrir la gamme
complète des ordinateurs. Suivant le programme prévu par la convention, la
C.I.I. doit au moins dans une première étape, et à partir des matériels de sa
gamme actuelle réaliser des machines moyennes ; cela exclut à la fois les
petites machines de gestion du type Gamma 10 de Bull et les très puissants
ordinateurs comparables au 6600 de Control Data. Cette gamme n° 1 se composera
donc de quatre matériels baptisés PO, Pl, P2 et P3 et qui ont, d'ores et déjà,
été étudiés au cours de la période de préparation du Plan Calcul. De puissances
croissantes, ils utiliseront les circuits intégrés et les trois premiers seront
totalement compatibles entre eux : Pour les périphériques C'est ainsi qu'une gamme de matériels périphériques - mémoires magnétiques à
ruban et à disques, terminaux de télégestion, etc. - sera développée par la
S.P.E.R.A.C., Systèmes et Périphériques Associés aux Calculateurs, filiale
commune de la Compagnie des Compteurs et de la compagnie Thomson-Houston-Hotchkiss-Brandt.
Ces deux sociétés sont, en effet, déjà très bien implantées sur le marché des
matériels périphériques. Regroupement dans les composants On sait, d'autre part, que les composants électroniques dont l'utilisation
connaît actuellement une progression spectaculaire dans tous les domaines
électronique industriel, matériels grand public, etc. représentent
également une fraction importante du coût des unités centrales des ordinateurs.
Il était donc indispensable d'assurer, là aussi, à l'industrie française une
certaine autonomie. Sans doute les marchés d'études du Plan Calcul proprement
dit pré-voient-ils dès maintenant la définition de certains composants, mais il
apparut aussi nécessaire aux Pouvoirs publics d'encourager cette industrie en
tant que telle pour lui permettre de développer encore son potentiel et
d'améliorer sa position vis-à-vis des fabricants étrangers. Aussi le Plan Calcul
proprement dit sera-t-il vraisemblablement assorti d'un programme « composants »
qui s'articulera autour des principales sociétés spécialisées. Un problème clé le « software » En ce qui concerne le potentiel industriel, tout d'abord, on constate qu'il a
fallu mobiliser l'essentiel des ressources de l'industrie nationale. Sont-elles
suffisantes ? Les promoteurs du Plan Calcul sont pleinement conscients, en tout
cas, qu'ils ont affaire à forte partie... Les chances d'une coopération européenne Un autre frein est constitué par nos télécommunications dont le retard
entrave le développement du téléprocessing, c'est-à-dire l'installation de
lignes de transmission permettant de connecter les utilisateurs sur une ou
plusieurs machines centrales gérant les dossiers et les fichiers. Enfin, la
réussite du Plan Calcul exige que l'on fasse un effort considérable en ce qui
concerne la formation : formation de techniciens pour la construction des
matériels mais également, et surtout, formation de spécialistes du traitement de
l'information. Certaines universités telles celles de Paris, Grenoble ou
Toulouse ont bien créé des centres spécialisés, mais nous aurons encore
beaucoup à faire pour que l'informatique occupe, dans notre enseignement
supérieur, une place comparable à celle qui lui est faite aux États-Unis. |
La carte d'identité de la Compagnie internationale pour l'informatique (C.I.I.) à mi-1967:
Capital .
· 63,73 % C.I.T.E.C. (filiale à parts égales de C.S.F. et C.G.E.).
· 33,33 % Schneider S.A.
· 2,94 % Intertechnique et Mines de Kali Sainte-Thérèse (groupe Rivaud).
Conseil d'administration.
· Jacques Maillet : président (président d'Intertechnique) ;
· Robert Rémillon : vice-président directeur général (président de C.I.T.E.C.) ;
· Henri Albert : administrateur (C.S.F.) ;
· Jean Auricoste : administrateur, directeur général adjoint ;
· François-Henri Raymond : administrateur, délégué à la politique des produits ;
· Alain Willk : administrateur (CGE).
Marchés actuels.
· C.A.E. : applications en temps réel, scientifiques, industrielles, militaires
et aérospatiales ;
· S.E.A. : construction du premier ordinateur électronique en France, orientée
vers les applications spécialisées de gestion.
La C.I.I. est donc présente actuellement dans le domaine de la gestion
(ensembles moyens), des applications industrielles en temps réel, des
applications scientifiques et militaires et aérospatiales. Plus de cinq cents
systèmes de traitement de l'information ont été installés à ce jour par la
C.A.E., la S.E.A. et la C.I.I.
Chiffre d'affaires des sociétés participantes : 180 millions de F en 1966.
Effectifs : 2 700 personnes (dont près de 700 ingénieurs et 800 techniciens). Prévisions fin, 1971 : 6 000 personnes.
Usines : Clayes-sous-Bois et Courbevoie. En projet : une usine à Toulouse et
un centre administratif et commercial dans l'ouest de Paris.
13 septembre 1967: signature d’un protocole d’intention entre Thomson et
CSF
visant « à unir leurs efforts en constituant un puissant groupe industriel
contrôlé par des capitaux français ».
L’opération a lieu sous l’égide de la Banque de Paris et des Pays-Bas et avec la
bénédiction des pouvoirs publics. L’omniprésente Paribas s’inquiète de la chute
des bénéfices de la CSF et, surtout, de la suppression des dividendes. Pour
sauvegarder les apparences, on ne parle pas officiellement d’absorption, mais de
réorganisation.
Thomson-Brandt apporte ses activités dans « l’électronique professionnelle » à
une nouvelle société (qui comprendra également les actifs de CSF), dont il sera
le principal actionnaire avec 46 % du capital. Maurice Ponte quitte la CSF.
16 novembre 1967 : d'après Le Monde daté du 18 novembre : M. Bernard Dorléac devient l’un des responsables de la réalisation du « Plan Calcul »
M. Bernard Dorléac a été nommé, jeudi matin, directeur général de la CII, qui
est l’instrument industriel du « plan calcul ». Ces fonctions étaient auparavant
exercées par M. Robert Rémillon, qui avait demandé à en être déchargé, voulant
se consacrer pleinement à ses fonctions de président-directeur général de la
CITEC (Compagnie pour l’informatique et les techniques électroniques de
contrôle). M. Robert Rémillon demeure vice-président du conseil d’administration
de la CII.
[Né en 1923, licencié ès sciences, diplômé d’études supérieures de
mathématiques, ingénieur militaire de l’air, M. Dorléac a notamment été
directeur du programme des fusées françaises à la Société d’études et de
réalisation des engins balistiques (SEREB). Il est l’un des responsables de la
réalisation du lance-satellite Diamant. M. Dorléac est chevalier de la Légion
d’honneur.]
14 décembre 1967 : étude présentée par la Section de la Production industrielle et de l’énergie, du Conseil Économique et Social, sur le rapport de M. Pierre Lhermitte, sur les : [rapport Lhermitte]
Conséquences prévisibles du développement de l’automatisation de la gestion des entreprises
Ce rapport comporte trois grandes parties :
· Les techniques de l’informatique de gestion.
· Les applications de l’informatique de gestion aux entreprises industrielles.
· Les conséquences de l’automatisation de la gestion dans les entreprises
industrielles
Nous ne reproduisons ici que les conclusions.
CONCLUSIONS Au terme de son étude sur les conséquences prévisibles de l’automatisation de
la gestion dans les entreprises industrielles, la Section de la Production
industrielle et de l’énergie tient à souligner la très grande influence de ces
techniques sur l’évolution et les structures de l’univers économique de demain
et, en particulier, des entreprises industrielles. Résumés des conséquences : |
Décembre 1967 : le site des Clayes sous Bois, principal établissement de la Compagnie Internationale pour l’Informatique.
Le 1 janvier 1968, Maurice Allègre est
nommé adjoint de Robert Galley à la Délégation à l'Informatique.
Le 9 janvier1968 , signature d'une convention
entre CGE, CSF, Schneider et CII pour préciser leurs domaines
d'activité.
Le texte de cette convention est
reproduit ici.
Maurice Allègre commente d'après French Ordinateurs
" Ce protocole est ahurissant. Les sociétés mères se réservaient
tout, explique Maurice Allègre. La CII avait juste le droit de faire des
machines parce que l’État les payait. Tout ce qui était susceptible de
devenir rentable, elles se l’attribuaient. Il y eut des discussions
homériques entre Mr Maillet, placé dans une position impossible, et les
dirigeants des trois firmes."
Une lettre de clarification est adressée le 15 mars 1968 à Monsieur Maillet par CGE, CSF et Schneider. Cette lettre se veut apaisante, preuve qu’il y a eu des réticences sérieuses de la part du PDG de la CII.
Monsieur le Président, Au moment où va se réunir le Comité de liaison, vous avez attiré notre attention sur la possibilité d'une interprétation restrictive de la position prise par les sociétés-mères relativement au domaine de C.I.I., position qui pourrait entraîner une limitation excessive des activités de la société en matière de systèmes. Nous vous donnons bien volontiers tous apaisements sur ce point en reconnaissant à C.I.I. une large vocation pour ce qui concerne les systèmes destinés à la gestion administrative et au calcul scientifique, même si ces systèmes comprennent des matériels spécialisés, ou si leur réalisation entraîne des études particulières ou un software spécial. En fait, étant donné le caractère évolutif
de l'informatique, et compte tenu de l'impossibilité de tracer a priori une
ligne de partage valable pour tous les secteurs, un vaste domaine commun
subsistera entre les deux plages de compétences, à l'intérieur desquelles les
attributions entraînant le chef de file peuvent être nettement marquées : Il appartiendra au Comité de liaison, dont le
rôle est fondamental, de créer le climat d'étroite collaboration qui devra
s'établir entre la C.I.I. et ses sociétés-mères pour mener à bien les
actions concertées qui seront de règle dans ce domaine commun. Plus encore que
de délimiter les frontières, l'objet même de la convention est d'organiser
une telle collaboration. |
Il semble que les assurances concernées sont relatives surtout au maintien de la pérennité des accords avec SDS pour permettre la vente du 10070 dans des applications scientifiques et de gestion, mais visent à empêcher CII de concurrencer les applications industrielles de Thomson et surtout de CGE.
En mars 1968: Paul Richard, vice-président de Thomson-Brandt, est nommé président de l’ex-CSF, André Danzin devenant directeur général.
En mars 1968, débutent les travaux de construction de l’usine CII de Toulouse. La CII a choisi Toulouse pour la mise en place de ses moyens de production, car cette ville présente toutes les conditions requises pour l’implantation d’une usine de production d’ordinateurs : centres scientifiques et universitaires, grandes industries chimiques, électroniques et aérospatiales, offrant des possibilités de coopération et de dialogue fructueux, ainsi que des ressources de main-d’œuvre spécialisée.
23 mars 1968 annonce de la fusion ICT avec
English Electric faisant de International Computers Ltd ( ICL) le seul survivant
des constructeurs d'ordinateurs britanniques.
English Electric et sa licence RCA qu'il partage avec Siemens
fusionne avec ICT héritier de mariages précédents en particulier BTM et
Ferranti. Si la présence d'un "champion britannique" laisse envisager
à certains la possibilité de faire émerger un "champion européen"
en le regroupant avec les partenaires français et allemands, l'héritage des
fusions donne le plus souvent naissance à des chapelles sectaires et
indociles, d'autant plus que ces mariages unissent des partenaires soi-disant
égaux.
En avril 1968: apparaissent dans les laboratoires d’études aux Clayes des premiers sous-ensembles du prototype de l’ordinateur P1. C’est en effet cette machine qui, selon les objectifs fixés par la convention entre CII et l’État, doit constituer la première réalisation industrielle issue des études entreprises dans la cadre du Plan Calcul.
Le 7 mai, au Cercle des utilisateurs, Robert Galley a tenu à rappeler quel était, dans l’esprit du gouvernement et de la délégation, " le plan Calcul ".
Sa réussite n’est pas seulement liée à la sortie immédiate,
sur le marché, d’ordinateurs de conception française, même si cela
constitue l’un de ses objectifs essentiels à moyen terme. Le premier but à
atteindre consiste à couvrir, par le canal d’une entreprise nationale, les
besoins de plus en plus grands en moyens électroniques de traitement de l’information,
non seulement sur le plan national, mais aussi sur le plan européen. C’est ainsi que la construction sous licence américaine de l’ordinateur 10 070 par la CII, qui a conçu et mis au point elle-même le support programmation nécessaire pour répondre au marché de la gestion, a été accueillie favorablement par la délégation à l’Informatique qui la considère comme une étape notable dans la croissance de l’industrie française de l’Informatique. Il a terminé son allocution en évoquant la nécessité de mettre en place des équipes de recherche fondamentale en informatique, et d’assurer la formation ou le recyclage des spécialistes qui encadreront dans quelques années l’énorme effectif nécessaire ; cette mission a été confiée à l’Institut de Recherche en Informatique et en Automatisme (IRIA) qui est en outre chargé de recueillir dès à présent le plus grand nombre de programmes possibles afin de constituer une bibliothèque de programmes, à la disposition de tous les utilisateurs. |
Monsieur MAILLET annonçait qu’
au Sicob 1968 la CII commercialiserait les machines P0 et P1 du plan calcul et ceci aux dates prévues par la convention. La machine P3 sera annoncée un an après, c’est-à-dire toujours dans les dates prévues par le plan calcul. Les deux machines militaires prévues au plan calcul, c’est-à-dire P0M et P2M, seront réalisées dans les délais prévus et la machine P0M en est à peu près à l’état d’avancement de la machine P1. " Monsieur le Délégué à l’Informatique a expliqué dans son allocution les raisons pour lesquelles nous avons fait un gros effort sur la machine 10 070. Il s’est trouvé effectivement que les besoins auxquels nous avons à faire face présentaient une acuité telle que nous avions le devoir d’anticiper autant que possible sur les délais prévus au plan calcul. C’est pourquoi nous avons choisi de doter d’un software complet, y compris pour la gestion, la machine 10 070 dont les livraisons commenceront cette année. De ce fait, comme il s’agit d’une machine d’une puissance voisine de celle de P2, nous avons pris un peu plus de temps de réflexion pour la définition de cette dernière qui se trouve ainsi retardée ". |
Le chiffre d’affaires de la Compagnie CII s’est élevé à 281 millions de francs TTC en 1967, soit 234 millions de francs HT. Le pourcentage d’accroissement des commandes enregistrées dans le premier trimestre 1968 par rapport à la période analogue de 1967 est de 57 %.
B. Dorléac écrit en juin
A ces critères répondaient les objectifs fixés
par la Convention et la gamme d'ordinateurs développée au titre
du Plan Calcul et appelée série P : série civile PO, P1, P2, P3 couvrant les
ordinateurs moyens et importants à usage scientifique et de gestion, série
militaire P0m, P2m se branchant sur le tronc civil puis développée avec sa
technologie et ses exigences propres. A ce plan d'ensemble viennent s'ajouter
les ordinateurs de la série 10000 dont le plus important est le 10070, machine
construite sous licence américaine SDS mais dans laquelle le software de
gestion a été entièrement développé sur notre initiative au titre du Plan
Calcul. Le 10070 en permettant de mettre au point un software sur un hardware
expérimenté, de lancer plus tôt nos équipes commerciales et de production,
se trouve être un outil exceptionnellement efficace dans l'accomplissement
harmonieux du Plan Calcul. Les ordinateurs de la série P correspondent à la technique de construction et d'utilisation la plus évoluée pour ces machines appartenant à la 3ème génération : choix des composants, structures des machines, modularité, souplesse remarquable d'utilisation, choix possible considérable d'ensembles périphériques de hautes performances, tout concourt à faire de cette série P la réalisation désirée au titre du Plan Calcul. Le P1, dénommé IRIS 50, sera présenté au public et commercialisé au Sicob de septembre ; la tenue remarquable des délais contractuels, le caractère attractif qu'il présentera grâce à son extrême souplesse d'utilisation (gestion, scientifique, opérations automatisées à distance, multiprogrammation, 5 langages variés disponibles, etc.), la mise en place d'une unité ultramoderne de production capable en début 70 (après un démarrage au milieu 69) d'une cadence de 5 à 6 machines par mois, tout cela constitue une entrée particulièrement heureuse dans la phase décisive de l'entreprise qui avait été confiée à notre Compagnie. Le P2 fait l'objet d'une étude de marché pour l'orienter au mieux vis-à-vis du 10070 et du P1. Le 10070, dans sa version française de gestion aussi bien que dans son orientation scientifique d'origine, a rencontré dès son entrée sur le marché un très vif succès. Les livraisons qui commencent à la fin de cette année atteindront une cadence de 2,5 machines par mois à la fin de 1969 grâce au relais pris par l'usine de production de Toulouse. Ajoutons simplement pour terminer ce tour d'horizon rapide sur nos produits, que l'année 69 verra un virage progressif des gammes anciennes civiles vers la gamme Plan Calcul et que cela sera en très grande partie accompli en 1970. |
Au cours du même colloque, il a été beaucoup question de notre mode de collaboration avec les USA et en particulier avec le bailleur de licence SDS, ainsi que des perspectives de coopération européenne. En ce qui concerne le premier point, on peut dire très brièvement que ces échanges avec SDS qui s'effectuaient à sens unique au profit technique du licencié CAE, deviennent à l'heure actuelle de plus en plus une collaboration "dans les domaines particuliers où elle s'exerce".
En juin 1968, une convention périphériques est signée avec la SPERAC
La Convention conclue fin juin entre les pouvoirs
publics et la Sperac, pour les unités périphériques d'ordinateurs, constitue
la suite logique de celle signée il y un an entre l'État et la Compagnie
Internationale pour l’Informatique (C.I.I.).
Cette Convention prévoit que cette société, filiale
de la Thomson-Brandt et la Compagnie des Compteurs, aura à jouer un rôle
" pilote " dans les périphériques terminaux de calculateurs et,
ceci, pour une durée d’application allant de 1967 à 1971. La Sperac s'est
ainsi engagée à étudier, produire et commercialiser une gamme d'équipements
terminaux d'ordinateurs correspondant aux systèmes informatiques modernes. De
même, dans ce rôle de pilote, elle devra établir des contacts étroits avec
les autres sociétés françaises touchant au domaine des périphériques
d'ordinateurs. Elle agira ainsi en fédérateur.
De son côté, l'État s'est engagé à fournir à la
Sperac une aide financière de 81,5 millions de francs répartis sur cinq ans,
auxquels s'ajoutent des prêts de développement remboursables en cas de
succès, pour un montant de 18 millions de francs.
La constitution de la Sperac (Systèmes et
Périphériques Associés aux Calculateurs) a eu lieu en octobre 1966. Elle
montrait déjà à cette époque le souci de la Thomson et de la C.D.C. d'aller
de l'avant dans le domaine de l'informatique en témoignant une indiscutable
volonté de s'engager davantage.
La Thomson réorganisait ses activités informatiques
autour de sa filiale la SNE-RI ; de son côté, la C.D.C. procédait dans le
même temps à une réorganisation de ses branches intéressées, qu'il s'agisse
de la SETI, aujourd'hui disparue, ou de son département automatisation.
La naissance de la Sperac, comme le signalait le
communiqué l'annonçant, s'inscrivait déjà dans le cadre de l'action menée
par les Pouvoirs publics pour promouvoir le Plan Calcul ; M. Guigonis,
Président-Directeur général de la société le laissait d'ailleurs prévoir
en déclarant au mois de novembre 1966, " Il est évident qu'un
rapprochement serait tout indiqué avec la C.I.N C. (aujourd'hui C.I.I.) ".
Cette collaboration est aujourd'hui effective de par les
termes mêmes de la convention qui mettent en évidence le fait que " l’effort
entrepris par la Sperac dans le domaine des périphériques sera mené en
étroite liaison avec la C.I.I. ".
11 juillet 1968 : présentation en avant-première du P1.
L’ordinateur P1 a été présenté aux Clayes le jeudi 11 juillet au délégué Adjoint à l’Informatique, Monsieur M. ALLÈGRE, et aux administrateurs de la CII : P1, premier ordinateur du Plan Calcul, a été réalisé dans les délais contractuel fixé au premier juillet 1968 pour la phase " fin de construction du prototype ", grâce au dynamisme et aux efforts de toute l’équipe P1 et ce malgré les retards dus aux " évènements ".
C’est le 19 septembre 1968 au Pavillon d’Armenonville que devant une centaine de journalistes de la presse quotidienne, périodique et technique, M. Jacques Maillet, Président de la CII, a présenté IRIS 50, premier ordinateur universel, conçu et réalisé en France [par la CAE/CII, dans l'absolu c'est faire peu de cas pour les machines de la SEA, sans parler de Bull et même de Bull-GE].
Suite à cette annonce divers articles pour le moins critiques paraissent dans la presse : Le Monde sur la CII, Electronique Actualités sur la Sperac
Le 14 octobre 1968 est signée une convention entre CII et SDS
Mutual Development Agreement CII – SDS. 1. SDS and CII intend to enter into an
agreement to provide for cross licensing between them with respect to technology
developed by each. Such agreement to include the following provisions as well as
such other provisions mutually agreed upon. The agreement will expire on December 31, 1974. |
Cet accord établit les conditions dans lesquelles le futur Iris 80 peut dériver du SDS Signa7. La CII et -éventuellement SDS- s'interdisent de produire des clones. La durée limitée à 5 ans est une entrave pour une collaboration durable entre les deux sociétés.
29 novembre 1968 : mise sous tension de P0 M.
décembre 1968 : début des négociations entre
Thomson-CSF et CGE.
Cette négociation a pour objectif de définir les
territoires d’intervention de chaque groupe, de procéder à des échanges d’actifs
et de couper les concurrences stériles afin d’agir dans la bonne entente.
Elle se terminera en 1969 par un accord, dit le " Yalta de l’électronique
française ".
janvier 1969: La première tranche de la nouvelle usine CII de Toulouse est
entrée en service, comme prévu, au début janvier 1969. Cinq cents personnes
environ travaillent dans cet ensemble très moderne. Cette tranche couvre 12.800
m² de hall d’usine et 2.800 m² de bureaux, accueil et services. La
construction, commencée en mars 1968, a été terminée en décembre de la
même année.
10 janvier 1969: exposé de Jacques Maillet aux cadres de la CII en début d'année
...D'abord, qu'est-ce que c’est que la C.I.I. ? Il y a
un processus de définition qui est la définition par contraste. On
peut commencer par dire ce qu'elle n'est pas. La C.I.I. n'est pas un Service Public fonctionnant sur des crédits budgétaires. C'est-à-dire un service où il n'y a pas un rapport direct entre les sommes dont on dispose et le travail que l'on produit. La C.I.I. n'est pas non plus la S.N.C.F. qui peut impunément avoir un déficit de 5 milliards de francs actuels et continuer, sans jeu de mots, son petit "train-train". Quand la C.I.I. a été créée, la question de sa nature s'est posée. Vous savez que la C.I.I. a été créée à l'occasion de certaines décisions gouvernementales qui tendaient à développer le calcul numérique en France. Il y a eu ce qu'on appelait le "Plan Calcul". Alors l’État aurait pu faire un Service public, un genre arsenal, il aurait pu faire une Société Nationale. Il est apparu que la C.I.I. n'a pas du tout pour mission de satisfaire certains besoins prioritaires de l'État, ce qui aurait justifié, après tout, une formule étatique d'organisation et de structure. La C.I.I. a pour mission de répondre aux besoins nationaux et internationaux, en matière de machines informatiques, en matière d'ordinateurs. Elle a donc pour mission d'avoir une action technique, industrielle, commerciale, et la forme privée a été choisie délibérément d'ailleurs, et par les services publics et par les industriels qui ont accepté de se grouper pour cette tâche. Il n'y a donc pas du tout antinomie entre les vues de l'État, les vues des actionnaires de la C.I.I. et de la C.I.I. en tant que telle, quant à sa forme et quant à sa nature. La C.I.I. est une Société privée, animée par les mobiles d'une Société privée. Il y a dans le cadre du "Plan Calcul", d'autres organismes participants, certains ont le caractère d'une Société privée par exemple : la CSF-Thomson pour les composants, la SPERAC, qui fabrique des périphériques. D'autres qui n'ont pas un but industriel et commercial, mais un but de recherches et d'études comme l'IRIA par exemple, ont une formule toute différente ; l'IRIA est un service public ce qui montre que la nature des organismes a été adaptée à la nature des tâches à accomplir, mais la C.I.I. est une Société privée, et comme toute Société privée, elle a, il faut bien se le mettre dans l'idée, comme moteur le profit, et non pas cela pour des raisons philosophiques ou politiques mais pour des raisons beaucoup plus immédiates ; chacun conçoit évidemment que la C.I.I. ne peut qu'atteindre un certain niveau élevé, une grande taille, ou échouer ; il n'y a pas dans le domaine de l'informatique tel que nous l'abordons, c'est à dire le calcul scientifique et la gestion, il n'y a pas place pour de petites entreprises, donc la C.I.I. doit se développer. Pour se développer comme toutes les sociétés, elle a besoin de fonds d'investissement ; il n'y a que trois procédés connus pour collecter des fonds d'investissement et tous les trois exigent le profit. Ces trois procédés connus, c'est d'abord de réinvestir ses bénéfices, alors il faut en faire, le deuxième procédé connu, c'est de trouver des gens qui vous prêtent de l'argent, mais les gens avant de vous prêter de l'argent regardent si vous êtes capable de le rendre, et vous ne pouvez démontrer votre capacité à le rendre qu'en ayant montré que vous êtes capable d'en gagner précédemment, donc il faut encore faire du profit, et le troisième procédé connu pour collecter des fonds d'investissement, c'est de trouver des actionnaires qui souscrivent, et les actionnaires avant de souscrire, ils regardent si vous gagnez de l'argent, il faut encore faire du profit. Donc C.I.I. a pour moteur et pour critère le profit et pour nature la nature d'une Société privée. ....La Convention qui est un document épais revient en somme à fort peu de choses à comprendre, mais ce qu'il faut comprendre c'est ceci : dans notre activité, nous sommes contraints d'avoir un volume minimal de crédits d'études par an ; il y a un seuil au-dessous duquel la compétitivité avec les autres sociétés internationales ne peut pas être atteinte, ces crédits d'études ne peuvent être payés que par une fraction du chiffre d'affaires d'une année ; il se trouve que le seuil est à peu près 100 millions par an et il se trouve que dans toutes les sociétés du monde on ne peut guère dépasser 10 à la rigueur 12 %, peut-être 14, du chiffre d'affaires, hors taxes, bien entendu, pour le consacrer à ses dépenses d'études. On voit donc que ce n'est guère qu'à partir de 700 millions ou 1 milliard de chiffre d'affaires que nous pourrions atteindre le seuil de volume d'études nécessaires à notre développement et à notre compétitivité. On n'en était pas là, puisque si l'on faisait le total du chiffre d'affaires des deux sociétés antérieures, on arrivait à 250 Millions. La convention, c'est d'abord des crédits d'étude que nous donne l'État, pendant la période de notre lancement, pour nous permettre de faire des études, que nous ne pourrions raisonnablement faire que si nous atteignions un chiffre d'affaires compris entre 700 millions et 1 milliard ; c'est en somme une avance sur les moyens d'études dont nous disposerons plus tard. Avance, d'ailleurs en partie remboursable. ... Le problème des domaines était le suivant : au début du Plan Calcul chacun a eu peur de ne pas avoir assez de travail, alors chacun voulant tout faire avait peur que l'autre ne lui prenne ce qu'il savait faire, et des problèmes très passionnés se sont posés, notamment quant aux activités de la C.A.E. en ce qui concerne les systèmes spécialisés. Et puis on s'est bien rendu compte d'une réalité qui est que le domaine de l'informatique est très grand et est d'une croissance extrêmement rapide, et on a pris conscience que dans les domaines qui sont spécifiquement les nôtres, c'est-à-dire ceux des systèmes de gestion et des systèmes de calcul scientifiques, en entendant systèmes au sens large, c'est-à-dire les systèmes répartis territorialement sur une grande surface, nous nous trouvions en face de besoins tels que nous ne pouvions les satisfaire, donc il était de bonne politique de nous limiter à ces activités pour bien travailler et de laisser aux autres la spécialisation dans le domaine des applications. |
Q Vous avez parlé, parmi les problèmes et difficultés
qui vont se poser en 1969, de l'intégration dans le cadre européen ;
pourrait-on avoir quelques précisions à ce sujet ? R : J. Maillet Je n'ai pas dit que ce serait un des problèmes à résoudre en 1969.
Je serai un peu plus prudent. Je ne pourrai certainement pas vous donner
des précisions, non pas dans une idée de secret, mais parce que sur ce
point, les idées ne sont pas précises. On peut, sur ce sujet, avoir
quelques idées générales ; d'abord je crois que ceux qui disent que
l'on aurait dû lancer l'opération Plan Calcul dans un cadre européen,
au départ, pour reprendre les thèses par exemple de Servan-Schreiber,
dans son livre sur lesquelles ce point-là n'est pas et de loin le seul
point sur lequel je ne suis pas d'accord avec lui, je ne crois pas donc
qu'il aurait été sage de vouloir entreprendre l'effort informatique
dans un cadre européen, ceci pour une raison expérimentale. |
Le 12 janvier 1969, Maurice Allègre écrit dans Electronique Actualités:
...La C.I.I. aura en effet, en 1971, six systèmes à
proposer sur le marché : le 10010, deux ordinateurs développés en
collaboration avec la firme américaine Scientific Data Systems, les
10070 et 10020, et trois ordinateurs exclusivement français P0, P1
(IRIS 50) et P3. Il est donc difficilement pensable qu'une firme
nationale qui possède une gamme de six produits, ne puisse pas entrer
en concurrence avec des firmes offrant des systèmes comparables.
En ce qui concerne P2, le report de sa sortie – car en fait pour la Délégation à l'Informatique il s’agit d’un report – est dû à une volonté d'optimisation économique et technique entre la gamme P et la série 10000. " Il ne faut donc pas donner au phénomène P2 l'importance que certains ont bien voulu lui donner " devait nous dire M. Allègre. Expliquant les raisons du décalage du système P2 dans le temps, et du développement à la C.I.I. du 10070, le Délégué à l’Informatique s'est tout d'abord livré à une constatation générale : " Les programmes du Plan Calcul, et en particulier ceux de la C.I.I., ont été trop largement mis sur la place publique. " Personne ne connaît à l'avance les systèmes qui seront développés par les autres sociétés d'informatique et en particulier par les firmes américaines. Elles ont donc la possibilité de modifier leurs programmes sans pour cela obliger le public à devenir en quelque sorte des censeurs. " Cela prouve une chose, devait ajouter M. Allègre, nous, Délégation et sociétés du Plan Calcul, avons trop parlé et nos paroles ont été souvent mal interprétées. " Il est, en effet, dans la normale des choses qu'une société modifie sa politique industrielle en fonction du marché et de ses possibilités surtout dans un domaine aussi évolutif que celui de l'informatique. C'est ce qui fut le cas pour la C.I.I. ... Le grand virage que le Plan Calcul a permis de faire prendre à
des sociétés comme la C.A.E. et la S.E.A., qui jusqu'alors étaient
spécialisées dans les systèmes à applications scientifiques, fut de
les intéresser à l’immense marché de la gestion. Ainsi ont été
programmés les calculateurs de la gamme Plan Calcul dont le "
cheval de bataille ", P1 (IRIS 50), fut mis en ultra-priorité car
il correspondait au marché le plus important. Mais comme, d'autre part,
la C.I.I. possédait un héritage de la C.A.E. avec les systèmes S.D.S.
et que parmi eux se trouvait l'unité scientifique 10070 qui possédait
un excellent hardware, la C.I.I. en accord avec la Délégation à
l'Informatique décidait d'opter pour la politique suivante : "
Valoriser au maximum les investissements sur le plan industriel pour
produire plus de 10070, en étudiant un software gestion de manière à
attaquer avec cette machine à la fois le marché scientifique et celui
de la gestion. " ..." Ce fut une décision logique et non de rattrapage, devait nous dire M. Allègre ; elle doit, en effet, nous permettre de fabriquer deux fois plus de 10070 et ainsi d'amortir la chaîne. " Cette position prise, il ne devenait plus nécessaire dans l'immédiat, de lancer le système P2 de puissance équivalente au 10070, mais de le redéfinir dans le temps. " Et le jour où P2 sortira, il sera mieux adapté aux besoins. " " Quant au retard du software gestion du 10070, a poursuivi M.
Allègre, il ne peut y en avoir puisque la décision d'entreprendre son
étude qui nécessite deux ans ne fut prise qu’en avril 1968. "
Il en est de même pour P1 (IRIS 50) dont la recette est terminée, et
pour P3 dont le prototype est actuellement sous tension. Maurice Allègre défend ensuite la politique du Plan calcul en soulignant que le but en est la création d'une industrie française de l'informatique et que la priorité apparente donnée au matériel CII sur le logiciel et sur le développement de périphériques s'explique par le fait que ces activités sont sous-traitées à l'extérieur. Il laisse entendre que la fusion Thomson-CSF va permettre la
réunion de la CII et de la SPERAC en une seule société. Maurice Allègre mentionne le Plan Composants: |
14 février 1969: signature d'un nouvel accord avec SDS.
Signé le 14 février 1969, cet accord est entré en vigueur le 1er janvier 1969. Il se substitue intégralement à l'accord de 1965.
1. Territoires Il existe trois sortes de territoires : SDS, CII et commun. Les Pays de l'Est sont explicitement exclus de l'accord. Chaque partie dispose d'une exclusivité, pour ses propres produits, dans son territoire et dans le territoire commun ; chaque partie dispose de l'exclusivité dans son seul territoire pour les produits qu'elle fabrique sous licence. Le Portugal fait désormais partie du territoire CII, le Vietnam Sud du territoire SDS. 2. Produits concernés par l'accord Ne font partie de l'accord que les produits annoncés par l'une ou l'autre des parties avant le 31 décembre 1969, à l'exception, pour SDS, du Sigma 5, des 940 et 945 et, pour CII, du 510 et des 3900 4000, et 10010. Pour les produits annoncés avant le 31 décembre 1969, chaque partie dispose de six mois après l'annonce du produit pour décider ou non de commercialiser les produits de l'autre partie. Ainsi, si SDS ne s'est pas prononcée avant le 30 juin 1969, CII disposera d'une exclusivité mondiale pour IRIS 50 (réciproque pour Sigma 3). ... 5. Brevets et connaissances techniques Chaque partie dispose d'une licence de l'autre partie pour fabriquer son propre matériel. 6. Redevances Paiement de la redevance ; – La redevance additionnelle sur le domaine d'intérêt (1 %) est supprimée. - CII ne paie une redevance que sur : les matériels fabriqués sous licence, les versions améliorées ou modifiées de ces matériels, les unités centrales compatibles avec des unités centrales SDS, dont SDS a fourni le dossier de fabrication, des équipements périphériques équivalents à des équipements périphériques SDS, dont SDS a fourni le dossier de fabrication, et connectés à des unités centrales SDS (ainsi, un lecteur de cartes Bull paiera une redevance s'il est connecté à Sigma 7 et n'en paiera pas s'il est connecté à IRIS 50). ... 8. Chiffre d'affaires minimum à réaliser Si des chiffres d'affaires minimum ne sont pas réalisés par CII , une pénalité de 6% sur la différence entre ce minimum et la réalisation effective sera versée à SDS. Une clause complémentaire sur les RAD (disques) avec des minimums à commander pour acquérir la licence de fabrication. |
En juin 1969 a lieu la présentation de l'Iris 35 M (P0M) au salon du Bourget.
Le 5 juin 1969 est conclu le "Yalta de l'électronique" entre Paul
Richard (Thomson) et Ambroise Roux (CGE)
Annexe IV Informatique
Les parties sont décidées à poursuivre leur collaboration pour la mise en œuvre du Plan Calcul, mais elles s’accordent pour considérer comme nécessaire au bon déroulement de ce plan que les responsabilités respectives des différents partenaires soient plus clairement affirmées, qu’il s’agisse des rapports des sociétés industrielles avec les pouvoirs Publics ou des relations des sociétés entre elles. CGE est d’accord pour donner à Thomson le leadership dans l’informatique. Schéma industriel
Le Directoire Industriel est composé de cinq membres. Le Président est une personnalité désignée par Thomson ; le vice-président est une personnalité désignée par CGE ; les trois autres membres sont respectivement le Président de CII et les responsables de STD et de SPERAC. (A noter que ce Directoire Industriel ne verra jamais le jour). La mission du Directoire Industriel consistera :
Non concurrence CGE et THOMSON s’interdisent de concurrencer, directement ou indirectement, CII, SPERAC et STD dans les domaines d’activités reconnues par elles à ces dernières Annexe V Automatisme Les deux parties conviennent de conserver leur liberté d’action. |
L'accord du Gouvernement est apporté par une lettre de Yves Guéna (PTT) et Robert Galley (Recherche) datée aussi du 5 juin 1969
Nous constatons avec satisfaction que vos deux groupes
sont parvenus dans les domaines de l’informatique et des
télécommunications par fil à un accord qui doit conduire au
renforcement des structures de l’industrie électronique française,
à l’amélioration de sa compétitivité et au développement de sa
capacité d’exportation.
Dans ces deux domaines, la coopération des firmes du secteur privé et des pouvoirs publics est une condition du succès de l’entreprise poursuivie. Elle doit permettre aux sociétés françaises de jouer un rôle important dans la compétition internationale, non seulement sur le marché intérieur, mais également sur le marché mondial. Cette coopération doit naturellement s’exercer dans le cadre des règles de la concurrence. En ce qui concerne le Plan Calcul, cette coopération est appelée à se poursuivre sur des bases nouvelles au-delà du 31 décembre 1971. Elle devra évoluer dans ses modalités comme dans son champ d’application compte tenu des incidences financières des programmes envisagés, des résultats obtenus, comme des modifications survenues dans la technologie et dans les positions des industries concurrentes. Une telle politique ne se justifie, en effet, que si elle permet la mise sur pied d’une véritable industrie française de l’informatique, c'est-à-dire une industrie capable de concevoir, de fabriquer et de vendre des matériels compétitifs en qualité, en prix et en délais, sur un marché international très concurrentiel. Au terme des conventions actuelles vos entreprises n’auront vraisemblablement pas encore atteint un stade de développement leur permettant de soutenir la concurrence internationale sans le concours de l’État. La poursuite de ce concours au-delà du 31 décembre 1971 sera sans doute nécessaire. Elle ne pourra cependant être envisagée que si vos entreprises ont apporté à cette date la preuve de leur aptitude à mener à bien les tâches proposées sur les plans techniques, industriels et commercial. Cela implique en particulier que la création par vos établissements d’un " directoire commun ", que nous approuvons entièrement, conduise effectivement vos deux groupes à définir et à mettre en œuvre une politique commune de développement même si cette action commune impose certaines redistributions des tâches assumées par vos entreprises. Le Délégué à l’Informatique étudiera avec vous, d’ici la fin de l’année, l’ensemble des modalités et des points d’application de la politique " informatique " et les modifications qu’il conviendrait d’apporter à la convention passée avec la CII. Les actions à entreprendre dans les domaines des transmissions de données seront examinées dans le même esprit de coopération. La direction générale des télécommunications et les services du Délégué à l’Informatique étudieront les conditions dans lesquelles une telle coopération entre vos entreprises et les pouvoirs publics pourrait se développer dans les domaines des études et des recherches, de la conception technique et de la construction des réseaux, de la fourniture des équipements. Enfin, dans le domaine de la commutation électronique, les dispositions que vous envisagez en matière de coordination des études et des fournitures des calculateurs et des composants sont de nature à favoriser le développement à terme des systèmes de commutation compétitifs sur le plan international. Elles sont par ailleurs conformes aux objectifs du Plan " calcul " et du Plan " composants ". Elles reçoivent donc notre agrément. |
Le 9 juin 1969 est annoncée la nomination de Monsieur Michel Barré (EN 38), ancien de la SFR et de CSF, au poste de Vice Président Directeur Général de la CII. Robert GEST est nommé en juin 1969 Directeur Général Adjoint de la CII.
En juin 1969, le rôle des directeurs généraux adjoints est précisé
Monsieur Auricoste se consacrera à toutes les activités spécifiquement informatiques de la CII
|
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Monsieur Gest est nommé également Directeur Général
adjoint et assurera la direction des activités suivantes :
|
Le 19 septembre 1969 sont publiées les caractéristiques d’IRIS 10.
Sous ce nom générique, la CII offre des systèmes complets, intégrant dans
une conception unique un ensemble de matériels comprenant un ordinateur CII 10
010 et les programmes d'exploitation correspondants.
Le 23 septembre 1969, parait un article de Michel Poniatowski.
Cet article doit son inspiration à FH Raymond, ancien directeur général de
la SEA. FH Raymond rapporte au colloque de Grenoble en 1988 qu'un de ses papiers
a servi de canevas à M Poniatowski.
M. Poniatowski note qu'au titre du " plan-calcul " l'État doit dépenser durant la période 1966-1970 quelque 782 millions de francs, soit, en tenant compte des dépenses déjà faites, environ 2 % des dépenses consacrées à l’énergie atomique ou encore 1,3 % de l'aide française aux pays sous-développés. La faiblesse de ces pourcentages est révélatrice, selon lui, de l'insuffisance de l'action menée dans ce domaine. Le député indépendant souhaite le redressement de certaines des
orientations du " plan-calcul " " pendant qu'il en est encore
temps ", et voudrait que l'effort soit porté " dans les domaines où
nous pouvons être compétitifs " : M. Poniatowski, selon lequel la Compagnie internationale pour l'informatique
(C.I.I.), principal instrument de mise en œuvre du " plan-calcul ",
ne sait pas si elle doit devenir une société de recherche ou une société de
production, déplore que cette C.I.I. ait le monopole de fourniture du secteur
public. " Le résultat n'est guère satisfaisant. D'une part, à cause des
retards de production, ces établissements ne se modernisent pas assez vite et,
de l'autre, la C.I.I., disposant d’un monopole de fait, ne se sent ni menacée
ni stimulée par la concurrence européenne et mondiale. " Dans une étude sur le " pari informatique " publiée dans le
périodique l’Économie, M. Poniatowski, député des Hauts-de-Seine, révèle
que M. Giscard d'Estaing, dont il fut le directeur de cabinet au ministère des
finances, avait proposé, en 1963, la nationalisation de la compagnie des
machines Bull, qui a dû s'associer finalement au puissant groupe américain
General Electric. |
Le 21 octobre 1969, il est annoncé que la Compagnie des compteurs cède sa
participation dans la SPERAC à la C.G.E. et à Thomson. La SPERAC, Société
Systèmes et Périphériques Associés aux calculateurs, a été créée en 1966
dans le cadre du plan-calcul. Avant que la Compagnie des compteurs cède
sa participation, elle était seule associée avec le groupe Thomson dans la
SPERAC. Ils détenaient chacun 50 % du capital.
C'est la C.G.E. qui recevra la presque totalité de l'ancienne participation de
la Compagnie des compteurs, tandis que Thomson n'en recevra qu'une petite
partie, mais celle-ci lui permettra de devenir momentanément majoritaire dans
la SPERAC, où elle restera seule avec la C.G.E. Cette dernière société
projette d'autres opérations qui pourraient, à nouveau, déplacer la majorité
dans la SPERAC à son profit. Elle apporterait en effet a la SPERAC la société
CORTES (ancienne Société de transmission des données - S.T.S.).
octobre 1969 : nominations
· Monsieur Jean-Baptiste Renondin a été récemment nommé Directeur Commercial des Affaires Civiles de la CII. Après avoir créé le département Télégestion au sein de la Compagnie Thomson, il a été successivement Directeur Commercial de SPERAC et Directeur du Service Marketing de Thomson-CSF
· Monsieur André Malapert est nommé Directeur Administratif de la compagnie à dater du 15 octobre 1969. Les directions suivantes :
-
octobre 1969 : la Délégation à l’Informatique émet
un rapport sévère
confidentiel sur la CII.
Ce rapport découvert dans les archives de CII semble refléter les
différences de vision entre une Délégation soucieuse de faire accoucher au
forceps une nouvelle industrie informatique et les actions de la Direction de la
CII écartelée entre le Plan et les possibilités limitées de l'héritier de
la CAE. On notera en particulier que la Délégation insiste sur la satisfaction
des clients de l'informatique de gestion objets formel du Plan Calcul. Le
rapport ignore totalement l'existence en France de Bull-General Electric.
Il comprend quatre documents :
1 / Relations entre la CII et l’environnement technique et industriel,
2 / La CII et la préparation de l’avenir,
3 / Politique commerciale de la CII,
4 / L’aptitude de la CII à commercialiser ses matériels.
1er novembre 1969: accords définitifs CGE – THOMSON
Les accords de principe conclus en juin entre les groupes CGE et THOMSON ont fait l'objet, au cours de l'été, de négociations complémentaires touchant un certain nombre de domaines et concernant notamment la mise au point de dispositions intéressant l'Alsthom.
Ces négociations ayant
maintenant abouti, les accords, qui portent sur de nombreux secteurs
d'activités (principalement électrotechnique, électronique
professionnelle, télécommunications par fils, informatique,
automatisme, nucléaire, grand public) sont devenus définitifs dans
leur ensemble à dater du 1er novembre 1969. Les modalités
d'application en seront soumises, en tant que de besoin, aux diverses
instances des sociétés intéressées.
Une première série de mesures concernant l'électronique professionnelle et l'instrumentation nucléaire était déjà entrée en application dès le mois de juillet. Les dispositions arrêtées tendent à confirmer la position dominante de THOMSON dans ces domaines et se concrétisent par certains apports du groupe CGE qui sont soumis à l'approbation de l'assemblée générale extraordinaire de THOMSON-CSF convoquée pour le mois de décembre prochain. Dans le secteur de l'automatisme, où les deux groupes conservent leur liberté d'action dans le cadre de leurs spécialisations, des dispositions ont été prises en vue de la redistribution entre eux des activités de leur filiale commune CITEC. En ce qui concerne le domaine du grand public, les deux groupes ont décidé, dans le cadre de leur politique de coopération, d'apporter leurs participations industrielles à une filiale commune, à large majorité THOMSON, tout en prévoyant d'exploiter les différentes marques et canaux de distribution existants. Dans le secteur de l'informatique, les récents accords précisent les dispositions déjà prévues. La reprise par CGE et THOMSON de la participation de la Compagnie des Compteurs dans SPERAC permet de simplifier le schéma industriel et financier envisagé tout en confirmant l'association étroite des intérêts des deux groupes et le leadership de THOMSON. Enfin, dans le secteur de
l'électrotechnique, les deux groupes ont pris un certain nombre de
mesures tendant à pousser plus avant la rationalisation de leurs
activités. La CGE se trouvera ainsi conduite à prendre la majorité du
capital de l'ALSTHOM, notamment par la réalisation d'une série
d'apports et le rachat d'une fraction de la participation de THOMSON.
Ces décisions sont de nature à faciliter la restructuration de
l'industrie électrotechnique française. La totalité du domaine faisceaux hertziens relèvera désormais exclusivement de THOMSON-CSF. En ce qui concerne les télécommunications par fil, pour lesquelles une importante évolution est prévisible dans le développement de systèmes nouveaux de commutation téléphonique basés sur les techniques de l'électronique et de l'informatique, les deux Groupes ont décidé d'associer leurs moyens et leurs efforts en vue de résoudre en commun les problèmes techniques posés par cette évolution et de réaliser ensuite les matériels correspondants. A cet effet, il est prévu de créer
une société commune chargée de coordonner les études effectuées par
les deux Groupes. Le Groupe CGE sera responsable de la conception des
systèmes et de la maîtrise d'oeuvre des matériels, Thomson étant, de
son côté, responsable exclusif de la fourniture de tous les composants
électroniques et des calculateurs. L'ensemble de ce domaine se trouve
placé sous le leadership de THOMSON. A cet effet, les deux Groupes ont
décidé de confier la conduite de leurs actions et le contrôle de
leurs intérêts dans l'Informatique à un holding commun, la Compagnie
Financière pour l'Informatique (FININFOR) dont THOMSON-CSF détiendra
la majorité La Compagnie Financière pour
l'Informatique, ainsi contrôlée par Thomson détiendra : |
16 décembre 1969 : recette du logiciel IRIS 50 par la Délégation à l’Informatique.
Les équipes de la Délégation ont procédé à la
recette du logiciel d’IRIS 50 à partir du 16 décembre. Les principaux
produits soumis à recette ont été : Siris 2, système d’exploitation de
base, SGF, système de gestion de fichiers, maintenance fichiers, Télésiris,
Fortran incrémentiel, LPG, Superviseur, Assembleur, Éditeur de liens, Magiris,
Bibliothécaire et RPG.
19 décembre 1969 : Michel Barré est porté à la présidence de la CII.
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Le Conseil d’Administration de la CII, qui s’est tenu le 19 décembre, a nommé Michel Barré Président Directeur Général de la Compagnie Internationale pour l’Informatique, en remplacement de Jacques Maillet nommé Président Honoraire. | passation de pouvoirs entre Michel Barré et Jacques Maillet le 8 janvier 1970 |
30 décembre : recette du premier ordinateur IRIS 80 à la CII.
Bibliographie:
JM Quatrepoint et J Jublin French Ordinateurs
JP Brulé L'informatique malade de l'Etat
Institut d'histoire de l'industrie Entre plan calcul et Unidata ICBN 2 84132 026 9 Editions Rive Droite
d'après un travail de recherche de Bruno Dallemagne ©2002-2005, commentaires en italique de Jean Bellec