APPLICATIONS ET COOPERATIONS

SUR GCOS 64/7

par Claude Rolland

1- APPLICATION : UNE NOTION EVOLUTIVE

La notion d’application a fortement évolué à mesure que les systèmes d’exploitation se complétaient.

Rappelons que CICS, le logiciel transactionnel d’IBM a d’abord été développé comme une ‘application’ pour un client donné. De même que les principaux logiciels de gestion de bases de données.

L’industrie des logiciels d’applications - notamment par des sociétés spécialisées dans le logiciel – s’est rapidement développée à partir des années 1970 : la plupart des clients informatiques se refusant à investir dans des équipes de développement, alors que des besoins communs en grands types d’applications devenaient évidents, et justifiaient un business.

Dès les premières années de commercialisation de GCOS 64 (1975), le système d’exploitation comprenait un moniteur transactionnel (TDS en 1977), un logiciel de développement interactif (IOF en 1979) complété par un éditeur de texte et un système de gestion de bases de données réseaux CODASYL (IDS2 en 1978).

Ces logiciels ont été réalisés par les équipes de développement du système GCOS 64/7 à Paris, où les compétences requises existaient.

2- TYPOGRAPHIE DES APPLICATIONS SUR GCOS 4/7

Applications génériques : génie logiciel (en particulier langages dits ‘de 4^ème génération’ ou L4G), systèmes de requêtes, bureautique intégrée, micro- mainframe links (MML), outils d’administration de systèmes (planification automatique, sécurité d’accès).

Pour ce type d’applications, de fortes exigences ont conduit au recours à la coopération de grands éditeurs de logiciels : soit que les compétences ou les ressources manquaient dans les équipes de développement de GCOS 64/7, soit –et surtout- que la compatibilité avec des investissements clients déjà effectués était nécessaire ( en particulier sur systèmes IBM- avec lesquels les systèmes L 64/DPS 7 devaient coexister).

Applications sectorielles : il s’agit là d’applications adaptées à des secteurs d’activité donnés, tels que l’industrie (logiciels de gestion de production intégrée), la santé (gestion d’hôpitaux), la banque/assurance (gestion de comptes et de polices)…

Là encore, des coopérations se sont avérées nécessaires avec des sociétés spécialisées, et même avec de grands clients. Les applications ainsi développées étant commercialisées dans des ‘filières’ sectorielles.

2- LES APPLICATIONS DEVELOPPEES PAR BULL

Des équipes de développement d’applications existaient dans Honeywell Bull et CII, et ont été regroupées à la fusion CII-HB en 1976. Elles ont développé des produits très compétitifs sur GCOS 64/7. C’est le cas de IMS et de MISTRAL, qui sont encore commercialisés avec succès.

IMS : gestion de production pour PME/PMI

Développé par une équipe d’origine Bull General Electric d’abord en traitement batch, il est converti sous transactionnel TDS en 1980. Il est alors très compétitif par rapport à COPICS (IBM), car c’est le premier produit de ce type intégrant la gestion transactionnelle et les bases de données (IDS2), tout en étant beaucoup moins cher; il s’implante rapidement dans les filières Petites et Moyennes Industries. Il est constamment complété de fonctions ‘état de l’art’ (par exemple gestion de stocks en flux tendu en 1987). Aujourd’hui encore, il se vend bien chez de petits clients car plus commode d’implantation et d’utilisation, et moins cher que SAP, BAAN…

MISTRAL : gestion de bases de données documentaires

Développé par une équipe d’origine CII sur SIRIS8, il est porté sur DPS 7 en 1980. C’est un logiciel de recherches documentaires en ‘typographie riche’ sans équivalent sur le marché à l’époque. Il s’implante la plupart du temps en serveur dédié. Il est complété régulièrement lui aussi de fonctions ‘à l’état de l’art’ (par exemple d’un ‘agent utilisateur’ sur PC/Windows, connecté en client au serveur MISTRAL sur DPS 7 en 1989).

Plusieurs dizaines de systèmes MISTRAL ont été installés, les principales références étant l’Assemblée Nationale, la Bibliothèque Nationale de France, le Ministère de la Culture, le Secrétariat du Gouvernement, le musée Georges Pompidou.. Plusieurs serveurs MISTRAL sinisés sur DPS 7 ont été implantés en Chine pour PSA.

SECURACCESS : accès sécurisé aux applications transactionnelles

Développé par une équipe d’ingénieurs technico-commerciaux du réseau commercial France, cette application a été largement diffusée ; elle a utilisé très tôt la technologie carte à puces pour sécuriser les accès aux applications transactionnelles sous TDS.

3- INVESTISSEMENTS DE BULL POUR LES PARTENAIRES

Jusqu’à l’apparition des systèmes standard (UNIX, DOS/WINDOWS, LINUX), les développements et portages d’applications ont requis d’importants investissements.

Ce fut le cas sur les systèmes dits ‘propriétaires’ notamment IBM, et naturellement sur GCOS 64/7, pendant toute la période 1975-1992 (avant l’apparition d’Open7 -environnement UNIX sur GCOS7).

Une bonne partie des développements d’applications a été faite en COBOL (PACBASE, SINDIA7), en APL (LIS, ATHESA/CISIGRAPH/PRIAM), et en GPL (GCOS64/7 Programing Language). GPL est une version client du langage d’implémentation du système GCOS 64/7, accompagné d’une batterie d’interfaces systèmes garantis et documentés.

Plusieurs petits éditeurs de logiciels ont décidé d’investir par eux-mêmes dans des applications COBOL qu’ils ont vendu aux clients GCOS 64/7. C’est le cas notamment dans le domaine de la planification automatique de travaux batch (sociétés Unilog, Genlog, Systar…) .

Dès 1978, il s’est avéré qu’il fallait mettre en place une équipe dédiée au support aux partenaires ( sociétés de logiciels ou grands clients pour des développements spéciaux) pour répondre aux besoins logistiques, renseignements techniques, internationalisation des produits,…).

Un budget a été réservé chaque année pour aider au démarrage des développements, après étude financière (coûts/revenus pour BULL et le partenaire).

La coopération avec les grands éditeurs de logiciels a été recherchée, et s’est instaurée à l’initiative de l’éditeur lui-même, de BULL, ou souvent d’un (ou de plusieurs) grand(s) client(s) .

- Oracle Corp (Oracle)

- Information Builders (Focus)

- Andersen Consulting (Foundation)

- CGI (Pacbase)

- CINCOM (Total/Mantis)

4- PARTENARIATS DE COMMERCIALISATION DES APPLICATIONS

Différents types de commercialisation, en fonction de l’aspect stratégique du produit, et/ou des compétences respectives des forces de vente des partenaires et du réseau commercial de BULL :

- Mise au catalogue : achat du produit auprès du partenaire (SINDIA 7, LIS, GAV 7).

- Joint Marketing Agreement (JMA): commercialisation commune partenaire/BULL, avec royalties croisées.

- Mise en référence : commercialisation par le partenaire uniquement.

5- L’ANNONCE ARES EN AVRIL 1987

ARES a été annoncé (quelques jours avant l’annonce de l’AS400 par IBM) avec une quarantaine d’applications qualifiées par BULL et ses partenaires.

Un soin particulier a été porté à la connexion des micros (Micral sous DOS puis Windows et Questar 400 sous CTOS) : développement de liens micro-ARES (MML), applications réparties : Affinity (accès aux bases de données via IQS), bureautique (DOAS7), Oracle PC, PC MISTRAL, PC Focus.

Des guides ont été fournis aux réseaux commerciaux, permettant de dimensionner le modèle ARES requis en fonction de l’application, et du nombre d’utilisateurs connectés (micros ou terminaux).

6- PARTENARIATS AVEC DE GRANDS CLIENTS : SYSTEMES SPECIAUX

Afin de préserver leurs investissements, des grands clients ont requis des modifications (parfois) profondes de GCOS 64/7.

Dans la mesure du possible, ces modifications ont été faites dans le sens d’améliorations du système (fonctionnalités ‘avancées’) standardisées dans les versions suivantes officielles de GCOS 64/7, après qualification par le client demandeur.

Ce fut le cas pour l’EDF (50 systèmes DPS 64/7), qui a requis en particulier un support au développement de transactions COBOL strictement identiques sur TDS et CICS/IBM (des demandes similaires ayant été faites à IBM).

De même que pour les Taxes Suédoises (25 systèmes) qui ont exigé un système totalement fermé de soumission de travaux, contrôlé sur terminaux spéciaux.

Les Hospices Civils de Lyon (reprise de systèmes SIRIS3 par 2 grands systèmes DPS 7 couplés) ont été le premier client à demander des extensions de configuration de TDS pour supporter quelques 1000 terminaux connectés en permanence, dont 600 actifs simultanément.

La BNP (plusieurs dizaines de DPS 7) a demandé les versions pilotes d’Affinity pour son parc de PC/Windows et de Questar 400, avec de nombreuses améliorations d’opérabilité.

L’ensemble de ces développements avancés ou spéciaux ont été pré-financés le plus souvent par les réseaux commerciaux concernés, et effectués par l’équipe de support aux partenaires de GCOS 64/7.

7- SYSTEMES STANDARDS SUR GCOS7

A partir de 1992, il a été décidé de développer un décor UNIX sur GCOS 7, dénommé OPEN 7, qui a permis l’ interopérabilité de GCOS 7 avec les systèmes ouverts, porteurs des applications existant actuellement.

Enfin la coopération avec INTEL a complété cette ‘standardisation’ de GCOS 7, l’ouvrant à WINDOWS et à LINUX.

8- LES CLUBS D’UTILISATEURS

Les plus anciens clubs d’utilisateurs ont été créés en Amérique du Nord : GLSUA, puis HLSUA (General Electric, puis Honeywell Large System Asssociation). Ils ont été actifs tout au long de la commercialisation des systèmes L 64 et DPS 7/7000 aux US et au Canada.

En Europe, le cercle le plus actif a été le CUBE (Club des Utilisateurs de systèmes Bull Européens). Il est né de la fusion en 1983 du Cercle des Utilisateurs de systèmes CII, et de l’AUSI (Association des Utilisateurs de Systèmes Informatiques), pour Honeywell Bull. Ce sont en majorité les grands clients français qui ont animé le CUBE. Ils ont reçu en permanence des informations avancées sur les produits nouveaux 64 et DPS 7/7000 au cours de séminaires et de présentations/conférences ; ils ont animé des groupes d’échanges d’expériences ; et au moyen de Propositions d’Evolution Software (PES) formelles, obtenir de nombreuses améliorations de GCOS 64/7. Une fois par an, le CUBE organise une Assemblée Générale avec forte participation de BULL et de ses partenaires (SSII, consultants) pour des échanges avec les Lignes de Produits et le Réseau Commercial sur la politique produits, les annonces en cours ou à venir, et pour des approfondissements de connaissances.

Les systèmes DPS 7/7000 ont grandement bénéficié de constants échanges avec les clubs d’utilisateurs, qui ont accru la confiance des clients.