BULL ET LES COMMUNICATIONS par Claude Rolland |
Dès lors que les techniques de communications à distance ont
été utilisées autour des ordinateurs (à partir du début des années 60), BULL les a
mises en uvre, au point den faire rapidement une compétence distinctive.
Leur développement est lié au contexte extrêmement complexe et foisonnant de
lenvironnement.
Cest pourquoi il est proposé décrire lhistoire des Communications dans
BULL en les situant en permanence dans ce contexte : évolution de loffre des
PTTs, point des recherches les plus caractéristiques, offre des concurrents
(constructeurs généralistes ou sociétés spécialisées).
Les Communications ne se réduisent pas seulement aux couches basses (pour
citer le modèle ISO), il faut aussi inclure dans le domaine présenté les couches
supérieures applicatives.
De plus, de nombreux aspects de la Microinformatique doivent être abordés.
Enfin, il semble judicieux de scinder la présentation en grandes périodes denviron
5 ans, en commençant par avant 1965.
CONTEXTE.
Les Communications sont très chères et très lentes (inférieures à 300 bauds). En France en particulier, un retard important a été pris dans le développement du réseau téléphonique (Le 22 à Asnières ), concentré autour de centraux analogiques. Le média est le fil de cuivre et plus rarement le câble coaxial. De rares liaisons hertziennes complètent le tableau. Les liaisons sont point à point.
La liaison Ordinateur - Communications (datacoms) est apparue nécessaire assez tôt, essentiellement pour transmettre des fichiers de données . Rappelons quil ny a pas dOperating System à cette époque. Les datacoms dérivées des applications du Telex- sont traitées en commandes de base (selecting, ouverture de la communication, synchronisation, début de transfert, fin de transfert, répétition éventuelle, fin de communication, ).
Les premiers terminaux sont de type machine à écrire, nont pas de buffer, et sont traités en mode caractère; les transmissions sont asynchrones, utilisant les interruptions du système central.
La première application dimportance est probablement SABRE, application de réservation aérienne développée en 1963/64 sur IBM 7094.
BULL GENERAL ELECTRIC.
Jusquau milieu des années 60, BULL se limite à des études restées pour la plupart en interne, telles que la réalisation dun Time Sharing mono-langage (LSA) sur Gamma M-40 pour des machines à écrire IBM, et des réalisations expérimentales sur Gamma 30 (embryons de systèmes transactionnels avec des terminaux Telex).
De son côté, GENERAL ELECTRIC développe le processeur de communications Datanet 30 quil utilise comme concentrateur de messages TTY ; le Dartmouth College utilise le Datanet 30 comme frontal de son système de Time Sharing. Le Datanet 30 est bel et bien le premier frontal de lindustrie.
CONTEXTE.
Loffre PTTs se développe. En France, les centraux numériques vont se multiplier, permettant de combler peu à peu le retard. Les liaisons sont maintenant multipoints.
Les Operating Systems se développent.
LECMA tente de normaliser dans les programmes une interface Télécommunications basée sur les caractères de contrôle STX, ETB, ETX, EOT dans le code ASCII. BULL participe à cette tentative, qui échoue avec lapparition des premières procédures de communication, avec le mode de transmission synchrone et la bufferisation (par exemple la BSC 2780, puis la SDLC dIBM) : elles permettent décrire des applications en assembleur qui sadressent à une méthode daccès (BTAM ou QTAM chez IBM). Elles gèrent directement les terminaux , car lOperating System noffre rien au-delà de la méthode daccès pour écrire des applications. Il sagit principalement de transferts de fichiers, de Remote Batch (RJE/CRJE dIBM en liaison avec des terminaux 2780), et aussi de Time Sharing pour des terminaux MAE gérés en asynchrone mode caractère.
Les Frontaux de communications.
BULL GE ayant fait figure de précurseur en la matière, les premiers ordinateurs spécialisés pour les communications se développent: ils permettent une flexibilité et une indépendance dadministration du réseau par rapport au central (notamment en évitant les sysgens en cas de modification de lenvironnement réseau).
IBM introduit dabord un concentrateur non programmable 270x, puis le frontal NCP vers 1970, mais garde ladministration sur le central. Cette rigidité perdurera quand SNA verra le jour.
Premières grandes applications commerciales.
Ce sont pour la plupart des applications transactionnelles développées en spécial.
SABRE est porté sur IBM 360/75 sous ACP (Aircraft Control Program) avec un BTAM spécifique. United Airlines et Air France ont leur système de réservation sur UNIVAC 1108 en 1968. La Redoute a mis son système de commandes en ligne sur IBM 360/50 (équipé dune Bulk Core Storage, puis dun Data Cell Drive) en 1967. Le Club Méditerranée a eu son système de réservation (développé en spécial sur IBM 360/40) également en 1967.
BULL GENERAL ELECTRIC.
GE continue le développement du Datanet 30, connecté aux centraux GE 400 et GE 600 (GE 400 livré à la Préfecture de Police).
BULL GE et UNIVAC introduisent le Remote Batch en même temps quIBM : ils utilisent lUNIVAC 1004 comme terminal RJE.
Puis GE utilise le GE 115 comme terminal GERTS (General Electric Remote Terminal Service, plus tard renommé GRTS).
CONTEXTE.
Les premiers satellites de communications apparaissent (TELSTAR) réservés en priorité, il est vrai, au téléphone. Des lignes à 9600 bauds sont louées par les PTTs aux entreprises.
Les terminaux écran avec buffer commencent à se répandre, et le mode Message vient compléter les fonctionnalités des procédures : IBM 3270 / procédure BSC 3270, VT de DEC, IRISCOPE 300 / procédure TMM/VU de CII, VIP7700 / procédure VIP mode message de HONEYWELL.
Le COBOL CTG (Communication Task Group) introduit par le CODASYL sous limpulsion de Ron HAM permet de faire des SEND/RECEIVE dans les programmes COBOL. Mais cette liberté de programmation sans accompagnement structurant par lOperating System cause des soucis aux programmeurs quant aux temps de réponse au terminal et à la cohérence des transactions. La solution viendra un peu plus tard avec les moniteurs transactionnels et les contraintes bénéfiques - quils exigeront.
IBM introduit la dimension Time Sharing TSO et la dimension Transactionnelle CICS dans lOS/360; CICS est aussi disponible sous DOS/VS. CICS nétant pas la stratégie officielle de lEngineering IBM, ne simpose dabord pas clairement ; IBM introduit aussi IMS/DC, dans le sous-système IMS destiné à gérer les bases de données, ainsi quACP (Advanced Control Program, sous-système dérivé de SABRE).
De gros efforts architecturaux sont faits aussi bien par les constructeurs que dans la recherche. La motivation des constructeurs en la matière que ce soient IBM ou la CII- est que chacun espère imposer son architecture de réseaux propriétaire, sans anticiper du tout le succès à venir du concept des systèmes ouverts.
Il faut ici mettre en lumière lévolution rapide et novatrice du réseau ARPANET, ainsi que les gros investissements faits par la CII dans le domaine des réseaux, enfin le rôle de XEROX PARC dans la création des réseaux locaux.
Le réseau ARPANET.
ARPA (Advanced Research Project Agency) avait été créé en 1957 par le Pentagone pour rattraper le retard que les US estimaient avoir pris après le choc du lancement de SPOUTNIK par lURSS. En 1964, Paul BARAN propose de relier les labos de recherche américains par un vrai Réseau décentralisé avec maillage et chemins daccès alternés ; de plus les données à transmettre seraient découpées en paquets (ou datagrammes), un paquet étant susceptible dêtre transmis en un seul coup dun nud à un autre, le suivant pouvant très bien prendre un autre chemin si besoin est, pourvu que lensemble des données transmises soit reconstitué correctement à la destination finale : cest linvention de la commutation de paquets (packet switching). Sur ces bases le réseau ARPANET est fondé en 1968. Outre les fonctions de sécurité, il permettait aux universités daccéder aux supercalculateurs situés dans dautres labos (resource sharing), accédés en Time Sharing. Un système de courrier électronique permettait aux chercheurs de communiquer entre eux. En 1972, les premières versions du File Transfer Protocol (FTP) apparaissent, de même que celles de TELNET (Remote Logging ou R-Logging).
Cyclades.
A lINRIA, sous la direction de Louis Pouzin et de Hubert Zimmermann, est développé CYCLADES, copie expérimentale dARPANET ; de nombreux échanges entre les deux équipes sont effectués.
Les développements de la CII dans les communications.
Après lexpérience 10070, la CII se lance dans des développements importants autour de la ligne IRIS, en particulier dans le domaine des communications.
Elle développe la série de terminaux écrans IRISCOPE 200 et 300.
Elle développe sur base MITRA 125 la série de datanets MCR (Moniteur de Contrôle Réseau): ce sont les processeurs frontaux et concentrateurs MCR1 en 1972, puis les MCR2 qui seront en plus commutateurs avec larrivée de la station de transport NNA (voir chapitre 4) en 1974, enfin les MCR3 en 1976, qui, après la fusion CII-HB, ajoutent le transport DSA ainsi que la passerelle DSA (voir également chapitre 4).
Les premiers terminaux de Remote Batch sont acquis de la SPERAC (SPS 5005), avant que la CII développe son propre terminal sur base MITRA 15.
Sur le système dexploitation SIRIS, tout ceci est géré par les procédures de transmission TMM (Transmission Mode Message) : TMM/VU pour les terminaux IRISCOPE 300 (synchrones) ; TMM/UC pour les liaisons par ligne ordinateur-ordinateur, TMM/RB pour le Remote Batch. Le Time Sharing, le transactionnel STRATEGE, le système de bases de données et de requêtes SOCRATE, et le système documentaire MISTRAL complètent loffre logiciel.
XEROX PARK pionnier des réseaux locaux.
XEROX PARK est en 1975 à lorigine de linvention dETHERNET, protocole de réseau local (LAN) simple et bon marché, dont les spécifications ne seront publiées quen 1981. Une suite de protocoles complète est aussi développée : il sagit de XNS, qui ne se répandra pas en dehors de XEROX, laissant place à TCP/IP On le retrouvera plus tard seulement dans loffre de NOVELL Netware (protocole de transport IPX).
HONEYWELL BULL.
La nouvelle compagnie hérite du DATANET 355, successeur du DATANET 30 venant de GE.
HONEYWELL a ses propres concentrateurs H316 et H516 à la fusion avec BULL ; une tentative de raccorder le H516 (rebaptisé DATANET 2000) au L64 aura lieu en 1976,qui naura pas de suite.
Comme chez IBM, lOS GCOS3 est tridimensionnel : au batch sajoutent le Time Sharing TSO, le Remote Batch et le Direct Access. Le transactionnel restera encore un produit non intégré ; cest par exemple le cas de lapplication spéciale pour les Postes Norvégiennes développée par léquipe BERTIN, intégrée vers 1975 sous le nom de DMIV-TP.
Le terminal VIP7200 est développé à Boston, géré en asynchrone, suivi du VIP7300. Le VIP7700 est proposé en mode message géré par la procédure VIP.
A noter que le réseau commercial France ouvre un service Time Sharing sur 635 sous GCOS 3, avec un certain succès.
Le développement du L64 sur MULTICS :
Le système de Time Sharing développé sur GE-645 au MIT a été utilisé intensivement pour le développement du L64. Un deuxième GE-645 installé à Paris a même permis des développements croisés entre Billerica et Paris, en jouant sur le décalage horaire: même avec des temps de réponse parfois longs, electronic mail, compilateurs et simulateurs accédés localement ou à distance ont été des outils indispensables.
Les premiers L64 disposaient dun contrôleur de communications intégré: le MLA (MultiLine Attachment) développé par léquipe de Jean AKRICHE. Le moniteur software est BTNS (Basic Terminal Network Support) développé par léquipe de René HOMEYER ; rappelons quà lorigine, le L64 était un système moyen et bas de gamme ne justifiant pas de frontal de communications séparé. Les procédures de communications supportées sont la VIP, la TTY, et la BSC 2780.
Léquipe de René HOMEYER développe également MCS, un environnement permettant de supporter les applications en COBOL CTG. Cet environnement requis par les normalisateurs ne sera que très peu utilisé.
CONTEXTE.
Cette période a été extrêmement active. Les chercheurs travaillent sur ARPANET, CYCLADES en France, mais aussi dans les labos dATT ; les constructeurs bâtissent leurs architectures réseau (SNA dIBM, DNA ou DECNET de DEC, NNA de CII, puis DSA de CII-HB), et lançent les grands réseaux transactionnels, les organismes de normalisation (CCITT,ISO), les PTTs installent leurs premières offres normalisées de réseaux numériques à intégration de services (RNIS alias ISDN).
ARPANET et CYCLADES : TCP/IP.
ARPANET, dont les performances ont été accélérées grâce à des lignes spéciales à 56 Kbps, a un succès qui déborde le cadre strict des labos de recherche et des universités : des mailing lists apparaissent, regroupant des abonnés sur des sujets non professionnels. TCP/IP naît de la collaboration transatlantique entre Vinton CERF, Robert KAHN, et Louis POUZIN, ce dernier travaillant avec Hubert ZIMMERMANN au réseau expérimental CYCLADES. Michel ELIE paticipe aussi à cet effort. IP(Internet Protocol) est conçu pour permettre des communications à base de datagrammes sur des réseaux de structures différentes : cest la création de Vinton CERF. TCP (Transmission Control Protocol) fournit des communications fiables sur des datagrammes IP :cest Louis POUZIN qui conçoit le contrôle de flux de TCP.
Dans les labos dATT.
AT&T Bell Labs ont investi dès le début dUNIX. En 1978, ils inventent UNIX to UNIX Copy Protocol (UUCP). Sur UUCP, des universités créent USENET avec son service de news et ses mailing lists analogues à celles dARPANET. USENET débordera largement ce cadre initial : par exemple, en 1982,le European Unix Network (EUNET) utilisera avec succès UUCP et USENET.
IBM/SNA.
IBM lance son architecture de réseaux, après avoir rattrapé les idées en lair du modèle en couches ; très hiérarchisé, il distingue les Physical Units (PU : centraux, frontaux, nuds de réseaux, concentrateurs distants, terminaux inintelligents, et plus tard intelligents) et les Logical Units (LU : couches réseaux et applicatives) ; le routing dans SNA est contrôlé par les PU-5 des hôtes (mainframes au début sur lesquels tourne SSCP ); VTAM fournit linterface communications aux applications tournant sur les mainframes. Ladministration reste sur le central.
Notons aussi quIBM lance son protocole de réseaux locaux basé sur TOKEN RING.
DECNET .
DEC promeut son architecture DNA (DECNET) sur VAX/VMS. Pour ses réseaux locaux, DEC promeut aussi ETHERNET. Les systèmes VAX sont largement distribués dans les labos et les universités, comme lont été auparavant les PDP 7 et PDP 10. Cela explique en grande partie quETHERNET sera adopté dans les futurs réseaux locaux de machines UNIX.
La CII et NNA.
Comme il a été dit plus haut, la CII a investi lourdement dans les communications. En parallèle avec les développements hardware et software, une équipe darchitectes (Claude BOULLE, Alain BRON, Michel BOURGUIGNON, Charles de BOURBON, Michel ELIE ) a mis au point NNA, sur un modèle en couches pur, utilisant les datagrammes comme ARPANET et CYCLADES. Cet effort aboutit en 1975, à peu près à la date de la fusion avec HONEYWELL-BULL. Cette équipe travaillera à la normalisation ISO, puis sur DSA et ISO/DSA dans le cadre CII-HONEYWELL BULL.
La normalisation : CCITT et ISO.
Les PTTs saccordent dans le cadre du CCITT(Comité Consultatif International pour le Téléphone et les Télécommunications) autour de la norme X25, des circuits virtuels et de la commutation de paquets.
Des procédures de communications sont proposées, et IBM, promoteur de SDLC, impose plus ou moins HDLC. X25 sera la pierre angulaire de lISO/OSI (Open System Intercommunications), et à la base de nombreuses offres de RNIS par les PTTs. Une autre norme, X21, basée sur la commutation de circuits, sera aussi légitimée ; elle sera adoptée pour le réseau nordique NPDN, et le réseau canadien DATAPAC.
En 1977, un certain nombre darchitectes travaillant dans les comités ISO spécifient OSI, norme basée sur le modèle à 7 couches (physique, link, réseau, transport, session, présentation, application). Hubert ZIMMERMANN sera un de ces contributeurs importants, ainsi que Charlie BACHMANN. Les spécifications finales du modèle de référence OSI ne seront publiées quen 1980.
Le divorce est consommé entre dune part les tenants des Circuits Virtuels (OSI), cest à dire les PTTs, le CNET, les architectes de CII-HONEYWELL BULL (abandonnant ainsi le support des datagrammes quils avaient implémentés dans NNA à la CII), et DEC, et dautre part les tenants des datagrammes (IP). En 1983, ARPANET simposera la généralisation des datagrammes IP(et donc de lensemble TCP/IP) à lexclusion de tout autre protocole de transport. Les motivations de chaque camp étaient différentes : les PTTs soutenaient les Circuits Virtuels, car elles voulaient offrir des liaisons sécurisées de bout en bout, à la manière du Telex, alors que les supporters des datagrammes étaient plus soucieux de performances et de flexibilité (par exemple pour les applications transactionnelles avec liaisons spécialisées si besoin était). Notons pourtant que les datagrammes étaient aussi bénis par lISO...
Quant IBM, sa politique de participation défensive tendait à retarder de fait toute normalisation, dangereuse à ses yeux, car forçant louverture de ses réseaux.
TRANSPAC et le MINITEL.
TRANSPAC, lancé par les PTTs françaises, avec Philippe PICARD comme patron, est le premier service fiable de transfert de données (RNIS) fourni aux entreprises.
Les PTTs avaient expérimenté les Circuits Virtuels sur le réseau CADUCEE. TRANSPAC est basé sur les Circuits Virtuels.
Les PTTs lancent aussi en France le MINITEL pour le grand public, sur la norme TELETEL, avec lannuaire comme premier service. Une foule de serveurs apparaîtra sur des machines départementales aussi bien que les gros serveurs. Ce succès durable se limitera à la France, à la différence de DATAPAC, de CEEFAX et de PRESTEL ; cela en grande partie grâce à la gratuité du terminal Minitel pour lusager et à la facilité daccès du kiosque (3615, ). Le kiosque permet aux PTTs, en situation de monopole, de se rattraper financièrement en faisant payer laccès à des services pour la plupart gratuits chez dautres fournisseurs
Le rapport NORA-MINC.
En janvier 1978 paraît le rapport NORA-MINC. Dune inspiration résolument colbertiste, il préconise une initiative forte de la part du gouvernement français pour promouvoir la Télématique dans la société : les écoles, les universités, et le grand public. Impliquant des terminaux écrans, il navait pas anticipé larrivée proche des micros, et les profonds changements culturels induits. Tel quel, il a suscité une certaine prise de conscience, elle aussi de nature culturelle, et a probablement contribué au succès du Minitel, et au fait que les PTTs et les fournisseurs (ALCATEL, THOMSON,SAGEM, ) ont commencé à sintéresser à linformatique. .
CII-HONEYWELL BULL.
DSA et le DATANET.
DSA, proche du modèle OSI tel que défini à lépoque, est luvre de léquipe réseaux de lex-CII, avec forte participation de Charlie BACHMANN et de léquipe d architectes de John COULEUR à Phoenix. Le circuit virtuel est en fait la session DSA.
Léquipe Réseaux de lex-CII (sous la direction de Claude BOULLE) est chargée par le Planning Central (DCP, dirigé par François SALLE) de développer un frontal unifié pour les lignes 64 (modèles haut de gamme) et 66, en liaison avec Boston, Phnix, et Paris. Ce frontal devra implémenter larchitecture DSA, pour limposer face à SNA. Ladministration de réseau sera sur le frontal.
Il reprendra le nom de DATANET, dont les premiers modèles (DN 71XX) sont basés sur le MINI 6 inventé et fabriqué à Boston. Le logiciel du Datanet, développé sur machine nue sous la direction de Pierre MEUNIER, est DNS (DataNet System). Une factory sur Motorola 68000 est développée par Jean-Pierre MIEVILLE.
Phnix fournit linterface canal (via DIA) adéquat sur le 66, ainsi que la session DSA et VCAM minimum sur GCOS 66. Ce ne sera que bien plus tard, avec TP8, que linterface VCAM sera utilisée. DNS préservera les anciennes interfaces GRTS pour TSS ainsi que la foule dutilitaires réseaux écrits en GMAP, et impossibles à reprendre immédiatement
Sur le 64,linterface canal est développé par léquipe BOULLE (André HALD). Sur GCOS 64, le Datanet est géré par FNPS (le pendant de BTNS pour le MLA - dailleurs BTNS / MLA ne respectent que de façon approximative les couches basses ISO). La session OSI/DSA est fournie sur VCAM, donc dans le central, ce qui pêche quant à lorthodoxie architecturale, qui la situe dans le frontal tout comme le transport et les couches basses. FNPS et VCAM sont développés par René HOMEYER. Au départ de René HOMEYER en 1979, les développements de FNPS et de VCAM seront repris par Alain TOURNE.
Le Datanet évoluera avec les modèles du DPS 6. Le parc installé atteindra 4500 systèmes. Le dernier modèle avant la génération suivante de frontaux sera introduit en 1991 : ce sera le Datanet 7500, basé sur le DPS 6 MRX/A, multiprocesseur.
Sur le Mini 6, DSA est supporté directement par GCOS 6; les développements sont faits par léquipe de Gérard LAUZEL.
Les derniers terminaux introduits par CII-HB.
Boston lance en 1980 son dernier terminal de la série VIP, le VIP 7800 synchrone et asynchrone, supportant la couleur.
CII-HB (équipe MESCAM) lance le QUESTAR 200 couleur, et les concentrateurs TCU associés.
Lexistence simultanée de ces deux lignes de terminaux entraîne des surcoûts dans les logiciels de communications des systèmes (procédures, formes, etc ).
Ce seront les derniers terminaux inintelligents (dumb terminals) développés dans la compagnie, les générations suivantes étant achetées en Extrême Orient (WYSE).
Les applications de communications.
Sur 66 comme signalé ci-dessus, peu dapplications sont vraiment intégrées à ce moment. Le nouveau transactionnel TDS66, qui est aussi conforme COBOL 74, se voit doté dun logiciel de présentation sous-traité à une SSII hollandaise pour gérer les nouveaux terminaux VIP 7700, et plus tard 7800 couleur.
Sur 64, TDS64 est demblée basé sur FORMS et VCAM. Conçu au départ par Michel JABSTRASKI et Maurice LESIMPLE, il recevra de grosses extensions (notamment pour les besoins de lEDF) par léquipe TDS dirigée successivement par Philippe PICOT et par Violette COHEN. TDS est livré pour la première fois en pilote sur la release 1C en 1977 chez JOURDAN, à Romans.
De même que TDS, IOF (Interactive Operating Facility, le Time Sharing du 64), et QUERY (plus tard IQS, système de requêtes du 64) sont intégrés demblée dans GCOS 64. Ils seront livrés en 1978 sur la release 1D. IOF est développé par les équipes de Jean-Pierre ONIMUS et de Guy HIOT ; QUERY par Jean-Jacques LACLAVERIE.
Le développement dun Remote Batch est décidé sur GCOS 64 en fin 1977, sous la pression de DCP; ce sera RBF, développé sur lien VIP par Jean-Pierre MOULARDE et son équipe, bien intégré à IOF, pour gérer des terminaux Remote Batch Mini 6. Un transfert de fichiers FTF complète ce développement. Il évoluera vers 1985 en UFT, qui sera aussi porté sur DPS 6, DPS 8, et IBM.
Sur le Mini 6, plusieurs développements de transactionnels sont effectués: lun à Paris, par Guy LE BOURHIS, un autre à Hemmel : cest TPS 6, qui sera le support de lapplication de lAmerican Express.
Les premiers grands réseaux clients.
Face aux grands réseaux transactionnels tels que SITA (réservation aérienne et gestion de bagages), ESTEREL(réseau français des agences de voyages), et SWIFT (réseau interbancaire), développés sur matériels concurrents, CII-HB commence à installer ses premiers clients transactionnels.
Pour le 66 : Credito Italiano, Swiss Life, KOP, Douanes Danoises, Postes Françaises, Postes Norvégiennes, Banco de Sabadell, Kansalis Osake Pankki, Australian Telecoms.
Pour le 64 : HCL, FIAT, Taxes Suédoises (pour lesquelles une grosse RPQ est développée pour supporter X21), EDF (également grosse RPQ à la fois pour CII-HB et IBM afin que des mêmes transactions développées en COBOL sintègrent aussi bien sous TDS 64 que sous CICS).
Pour le Mini 6 : réseau de compensation interbancaire de la Banque de France, et respectivement dans les grands réseaux de 64 et de 66.
A noter que pratiquement aucun réseau (mis à part le réseau interne de la Compagnie ) ne fera communiquer 64 et 66.
CONTEXTE.
Cette époque a vu lapparition du PC dIBM, de MICROSOFT, et du LISA dAPPLE. Dabord non connectés, les PC se connectent ensuite aux ordinateurs en émulation terminal.
Les premières machines bureautiques sont dabord non connectées (traitement de texte, par exemple le DISPLAYWRITER dIBM).
A signaler en 1985 la décision de la Cour Fédérale de Justice des Etats Unis de saucissonner AT&T, favorisant la concurrence.
Des lignes sur support fibre optique commencent à être tirées. Les transferts de données à débit acceptable se rentabilisent sur les réseaux PTT, jusquà 56 Kbps (T1 aux US, E1 en Europe).
La progression dUNIX.
UNIX continue de se développer dans les universités américaines. En 1983,la version 4.2 BSD (Berkeley Software Distribution) est livrée. Financée par le DoD, qui finançait aussi ARPANET, cette version doit supporter uniquement TCP/IP, avec le r-logging (TELNET), UUCP, et FTP.
Désormais, plus ou moins tous les constructeurs, voulant se doter dune offre de systèmes départementaux compétitifs, développeront ou acquerront des machines UNIX, dont le coût baisse grâce aux microprocesseurs Motorola 68000 et Intel 286. TCP/IP se répandra ainsi tout naturellement. Son évolution se fera de façon souple et rapide à coups de RFC (Requests For Comments), dont la RFC 1006, permettant de porter des applications ISO sur transport TCP/IP. De nombreuses souches portables TCP/IP se feront concurrence en fonctionnalités et performance, la communauté UNIX faisant son marché.
Rappelons que pendant quelques années encore, les systèmes VAX avec lOS VMS de DEC resteront les plus répandus des systèmes départementaux dans la recherche et la gestion.
Les applications distribuées.
La distribution des applications commence dans la gestion. La coexistence de plusieurs centraux dans les grandes entreprises (sur le même site ou dans des sites différents) permet le back-up de données à coup de transferts de fichiers et lutilisation simultanée de systèmes transactionnels répartis grâce au transactionnel à 2 niveaux (LU 6 dIBM), puis transactionnel coopératif symétrique (LU 6.2). Les clients ne vont que de façon très prudente dans lutilisation de ces mécanismes, qui leur laissent la responsabilité de la cohérence de lensemble.
CII-HONEYWELL BULL (BULL A PARTIR DE 1983).
Pour ce qui concerne le domaine des communications, les développements, les acquisitions et les coopérations se font dans plusieurs directions, notamment avec les fusions avec SEMS et TRANSAC.
Les micros et stations de travail. .
R2E, acquis en 1978 par CII HONEYWELL-BULL, développe le MICRAL 30, sous PROLOGUE. Le BM 30 (son nom commercial) est vendu à partir de 1984. PROLOGUE continuera dêtre commercialisé sur le BM 30 jusquen 1987, date à laquelle il sera définitivement remplacé par MS/DOS. R2E sera rattaché à BULL TRANSAC en 1987.
Un contrat avec CONVERGENT TECHNOLOGY en 1982 apporte le CORAIL, développé sur Intel 8086 et vendu sous le nom de B4000 (il était vendu auparavant par SEMS, alors dans le groupe THOMSON ).
Un deuxième contrat porte sur lacquisition par BULL TRANSAC du QUESTAR 400, qui sera vendu comme station bureautique multipostes principalement dans les banques (BNP), les assurances (UAP, Touring Club Suisse), et lindustrie (usine de roulements à billes allemande KUGELFISCHER, câbleries CORTAILLAUD en Suisse), et équipera toutes les équipes commerciales de BULL. Le système dexploitation CTOS du QUESTAR 400 reçu de CONVERGENT recevra des modifications à Paris dans léquipe de Claude BOULLE(notamment le support de lISO/OSI) ; cela créera en permanence un certain retard dans la mise sur le marché des nouveautés dorigine du QUESTAR 400, notamment vis à vis dUNISYS, qui le commercialise concurremment.
Un contrat précédent conclu en 1979 par CII- HB Petits Systèmes avec CPT, avait apporté le TTX 80, évoluant en TTX 90 en 1983 ; cette station bureautique autonome pleine page sera vendue et largement utilisée dans les secrétariats de la Compagnie. TTX 80 et 90 étaient des close gaps qui ne pouvaient communiquer que par transferts dimages de disquettes. BULL développera le TTX 35, station autonome demi-page, moins chère que et incompatible avec - les TTX 80/90. Le TTX 35 sortira en 1985 et naura quun succès limité.
Les premiers systèmes UNIX de BULL/SEMS.
Ils proviennent de 2 origines : en bas de gamme cest la machine SM90 du CNET commercialisée sous le nom SPS 7; en haut de gamme cest la machine provenant dun contrat avec RIDGE COMPUTERS commercialisée sous le nom de SPS 9. De technologies (68000 vs RISC) et dOS (dialectes différents dUNIX) incompatibles, elles peuvent difficilement coexister sur site, et les applications ne sont compatibles quau niveau du source
Ils supportent TCP/IP exclusivement.
JANUS (OSF SNA/DSA).
La coexistence de centraux au sein des réseaux BULL et IBM des grands clients nécessitera le développement de JANUS (vendu sous lappellation OSF/SNA) sur le Datanet par une équipe Réseaux dirigée par Jean Claude LAMACHE. JANUS est une passerelle SNA/DSA permettant de connecter des systèmes BULL frontalisés par Datanet; et aussi de connecter directement le Datanet sur le canal IBM. Les terminaux VIP ou QUESTAR peuvent accéder à CICS et IMS/DC; de même, les terminaux du réseau IBM (3270) peuvent accéder à TDS, DMIV-TP ou TP8 (qui est la dernière évolution en date du transactionnel sur DPS8 supportant le multiprocesseur). Lémulation des fonctionnalités respectives du VIP et du QUESTAR pour les centraux IBM, et du 3270 pour les centraux BULL, est réalisée sur Datanet par des émulateurs appelés Mappers. UFT est porté sur IBM. JANUS aura un grand succès commercial chez les grands clients BULL (BNP, CREDITO ITALIANO, BELL Canada, EDF, KUGELFISCHER), et sera en plus une source appréciable de services de conseils et de RPQs. On dénombrera jusquà 350 installations.
Lenvironnement PID/STID(OSF ISO/DSA).
Cest un environnement créé pour permettre à des applications ISO sappuyant sur un sous-ensemble des couches 3, 4, 5 (réseau, transport, session) du modèle OSI, de communiquer avec le monde DSA. Les STID (stations ISO/DSA) sont dabord implémentées sur QUESTAR 400/CTOS à partir de 1983, puis sur MICRAL/DOS. Elles rassemblent les fonctionnalités du Terminal Manager, de lUFT, et des UA(user agents) de messagerie (voir chapitre 6). Sur les Datanets puis les centraux DPS7, les STID se connectent aux PID (Prises ISO/DSA) pour compléter la traduction.
Les applications distribuées.
La coexistence de centraux BULL entre eux et avec IBM entraîne le développement de XCP1 (compatible LU 6), puis de XCP2 (compatible LU 6.2) sur TDS et TPS 6. Au-delà de requêtes lancées à partir des terminaux (ou micros en émulation terminal), il ny a pas encore réellement de bases distribuées, du fait des coûts de communications prohibitifs générés par les trafics induits.
Le succès du Minitel en France entraîne le développement de plusieurs moniteurs VIDEOTEX sur les transactionnels de DPS7 et DPS8 (GAV acquis de TELESYSTEMES, MOSCATEL développé par lopération commerciale de Bordeaux) et surtout sur DPS6.
CONTEXTE.
Alors que les réseaux Internet, dont ARPANET est à lorigine, se répandent aux US et traversent locéan pour communiquer avec les labos et universités européennes, les constructeurs (généralistes ou spécialisés) investissent dans la bureautique distribuée, et dans les infrastructures pour les applications clients distribuées. La concurrence devient féroce avec la diffusion de la micro et dUNIX, sur microprocesseurs de plus en plus compétitifs. Loffre pléthorique combinée avec les débuts de la crise économique fait que le client devient roi, et que la fidélité à son constructeur nest plus la règle.
Les infrastructures de réseaux locaux (LANs).
Pour supporter le travail en groupes (workgroups), loffre LAN se structure principalement en réseaux Ethernet à 5 Mbps nominaux, sur cuivre en paires torsadées blindées (Shielded Twisted Pair STP) ou non (Unshielded Twisted Pair UTP), avec une tête de grappe qui communiquera avec lextérieur. De nombreux protocoles de réseaux locaux existent : TCP/IP est le principal, mais il y a aussi IPX de Novell, LAN Manager de Microsoft (pour MS/DOS), son pendant pour UNIX LMX, loffre de Retix, 3COM avec son logiciel 3+OPEN (3COM fait vite machine arrière en revenant à son business dorigine dans les équipements matériels de réseaux). IBM continue à soutenir le protocole de réseau Token Ring, notamment autour des AS/400 lancés en 1987, qui constituent loffre départementale dIBM la meilleure avant la génération UNIX.
Des machines spécialisées bâties à base de microprocesseurs performants permettent linterconnexion des réseaux locaux directement ou à travers des WANs : ce sont les concentrateurs (HUBs), les ponts agissant au niveau de la couche réseau (bridges), les routers multiprotocoles agissant au niveau de la couche transport, les combinés bridges/routers. De nombreuses start-ups proposent ces équipements (3COM, CISCO, SYNERNETICS, NSC, ).
Le trafic aux nuds dinterconnexions pouvant maintenant devenir le goulot détranglement, on voit apparaître les liaisons en fibre optique normalisées sur anneaux FDDI à 100 Mbps nominaux permettant de réaliser les backbones des réseaux dentreprises.
On en arrive au câblage structuré en bureaux, immeubles, campus, et à la notion dimmeubles intelligents.
La bureautique distribuée.
Un grand nombre de compagnies se lancent dans le développement doffres de bureautique distribuée destinées à tourner sur des stations regroupées en grappes sur LAN et exploitées en workgroups. WANG et XEROX proposent des offres spécialisées, tandis quIBM propose PROFS, et surtout DEC qui, avec ALL-IN-ONE, présente une offre intégrée que BULL prendra comme modèle. Les fonctionnalités couramment fournies sont : le traitement de texte, la gestion de documents et la PAO, un agenda électronique, une messagerie électronique dotée dun annuaire, une passerelle TELEX, et, pour les offres intégrées, des ponts avec la gestion des bases de données.
Des standards naissent laborieusement : X400 (CCITT et ISO) pour la messagerie, ODA(Office Document Architecture) pour les documents, EDI (Echange de Documents Informatisés), utilisé pour les échanges interbancaires et la monétique .
Des réseaux à valeur ajoutée (Value Added Networks) permettent de gérer des messageries sectorielles, comme par exemple GALIA (réseau spécialisé pour les flux de pièces détachées dautomobiles).
Les architectures à 3 étages (3-tier architectures).
Une étude de consultants anglais connue sous le nom de KERNEY REPORT circule dans les grandes entreprises (avec le relais bienveillant des constructeurs ), qui tend à démontrer quil existe une corrélation forte entre le succès des entreprises sur leur marché et leur maîtrise dans la circulation de linformation interne et externe.
Les grands constructeurs aidés des gourous justifient alors une architecture en réseau à 3 étages pour la totalité du traitement de linformation dans lentreprise : létage corporate dans lequel seront situés les centraux porteurs des données et des applications stratégiques, létage départemental avec les minis traitant les applications locales dans une agence ou une petite filiale : cest le domaine des VAX, des systèmes UNIX, des AS/400 ; enfin létage office avec ses PCs ou stations bureautiques.
Si cette architecture de riches a fortement impressionné, elle a été rarement implémentée dans sa totalité, car très rapidement il est apparu au gré des fusions et restructurations dentreprises quune souplesse bien plus grande était nécessaire ; de plus, le commit généralisé des bases de données et des transactions entre station de travail, étages départemental et corporate sest avéré trop compliqué à implémenter et trop cher en termes de trafics générés sur le réseau. Cest ainsi que lUAP, qui sest lançée dans une architecture 3-tier en 1988, fait machine arrière en 1991.
BULL.
Tous les développements de BULL de cette période (en particulier pour les communications ) ont été regroupés dans le paradigme marketing BLUEGREEN : bureautique distribuée, relationnel, 3-tier architecture.
Affinity.
Affinity est un développement sur QUESTAR 400 et PC destiné à donner accès aux bases de données (relationnelles, CODASYL, et textuelles) sur centraux DPS 7 et DPS 8, ou départementaux (DPS 6 et UNIX) par lintermédiaire de requêtes générées et transmises. Les données rapatriées (par KERMIT au début, puis par TEMPUS LINK développé sur licence de la société canadienne MICROTEMPUS) peuvent alors être traitées localement, par exemple par tableur. Dans le jargon BLUEGREEN, Affinity est le User Agent(UA) ou client local des applications accédées sur Server distant. Affinity sintègre complètement dans larchitecture et les applications workgroup de BULL. Cest un développement de léquipe de Jean-Jacques LACLAVERIE.
Les PCs sont reliés aux hôtes via des concentrateurs TCU, ou directement par cartes intégrées (KORTEX ou MICROMATICS par exemple).
DOAS (Distributed Office Automation System).
Loffre normalisée bureautique de BULL est regroupée dans DOAS : messagerie X400 avec UA sur QUESTAR 400 et sur PC, et serveurs de messagerie et de classement de documents (conformes ODA) sur DPS 6 et DPS 7 (DFA6 et DFA7). MISTRAL est ponté avec DOAS, et accessible sur PC et QUESTAR 400 via Affinity.
Affinity et DOAS ont été installés en pilote très tôt à la BNP, qui les a utilisées par la suite de façon intensive dans ses agences.
Le support des WANs.
Un concentrateur X25 est acheté à TELEMATICS et installé à des centaines dexemplaires dans les grands réseaux (CREDITO ITALIANO).
ARES est lancé sur la ligne DPS 7 en 1987 (à lannonce de BLUEGREEN). Il est doté (avec un retard de un an) dun frontal intégré, le Microfep (commercialisé sous le nom de CNP7) ,développé par léquipe Réseaux de Louveciennes sur Motorola 68000, dont lOS baptisé CNS écrit en C reproduit intégralement les fonctionnalités du Datanet.
Le BULL CABLING SYSTEM (BCS).
Le BCS est un ensemble de produits et de services lancés à cette époque par une équipe de lorganisation producteur(Henri VIALARD-GOUDOU) en liaison avec les réseaux commerciaux.
Lensemble de produits est constitué de prises normalisées pour équiper les bureaux, de câbles Ethernet et FDDI également normalisés, darmoires de répartition, de répéteurs, de HUBs et de ponts/routeurs acquis auprès de la compagnie anglaise BICC. Le tout saccompagne de règles de câblage structuré , notamment pour lanneau FDDI équipant les backbones des campus. Des équipes dITCs spécialisés fournissent les services dinstallation associés. BCS a eu un succès certain en France, au Bénélux, dans les pays nordiques, et aux US (où les produits BICC étaient remplacés par les produits 3COM). La tour BULL a été, dès son achèvement en 1989,la vitrine de BCS.
UNIX et la normalisation ISO.
De gros investissements continuent à être effectués sur UNIX, dont la Direction Générale veut faire le fer de lance de sa stratégie douverture et de standardisation. En particulier, à côté des souches portables TCP/IP acquises auprès de petits fournisseurs spécialisés, léquipe de développement de Grenoble (Pierre MAXIMOVITCH),se lance dans le développement dun stack ISO dont les premières versions livrées savéreront de performances insuffisantes.
Notons que des petites SSII françaises ont déjà développé des liaisons OSI/DSA entre systèmes UNIX et DPS7 et DPS8.
CONTEXTE.
Cette période a été marquée par un mouvement général vers le libéralisme en matière de communications ( dérégulation des PTTs, saccompagnant dune baisse importante des tarifs), aussi par de nouvelles technologies de communications à grand débit (ATM), puis par lessor rapide dInternet et la suprématie de TCP/ IP, par la baisse rapide du prix des PC (de 10000$ en moyenne à 3000$) pour une puissance quadruplant tous les 3 ans, et pour couronner le tout, lalliance WINTEL (MS/WINDOWS - INTEL) autour du PC.
Cette période est aussi marquée par la chute rapide de la position dominante dIBM, et par lérosion des mainframes dIBM, dUNISYS, et de BULL, au profit dune informatique décentralisée même si cette érosion est plus lente que prédite par les gourous. De plus, les grandes architectures 3-tier autour des mainframes sont belles et bien caduques.
La dérégulation des PTTs.
Commencé avec les BabyBell, le phénomène de dérégulation des PTTs sintensifie : privatisation de British Telecom, qui sexporte (service de messagerie X400 lancé en France dès 1992, alliance avec la Générale des Eaux dans le futur Cegetel ); privatisation annoncée (mais repoussée plusieurs fois ) de France Telecom, qui conclue avec Deutsche Telekom une alliance pour reprendre lAméricain Sprint et former Global One .
Sensuit une baisse importante des tarifs de télécommunications, dont profitent en premier les entreprises : des audio ou vidéoconférences sont de loin plus rentables quauparavant; dautant plus quaprès la Guerre du Golfe, et avec la chasse aux coûts internes (les cost killers ), des directives sont données pour limiter les déplacements transatlantiques.
ATM.
La technologie ATM (Asynchronous Transfer Mode) permet de décupler les transferts sur les backbones et les réseaux câblés en fibre optique : 1 Gbps nominaux. ATM encapsule directement dans le hardware les 3 premières couches réseau (au sens ISO). Long à se normaliser surtout dans le domaine administratif, il suscite demblée malgré tout de nombreuses offres commerciales de Hubs et de routeurs, tant est grande lattente pour les gros débits.
FRAME RELAY sur X25.
De nouveaux moyens logiciels contribuent à améliorer aussi le débit des lignes sur WAN. Tel que le FRAME RELAY qui consiste à supprimer optionnellement le contrôle dintégrité dans X25, en comptant sur la qualité des nouvelles lignes : on gagne ainsi jusquà 40%.
Les Autoroutes de linformation. Internet.
Lancé par les gourous, le concept dAutoroutes de lInformation (utilisé en public par Al GORE dès 1992) plaît bien à la communauté des multinationales, des PTTs, et des constructeurs qui voient poindre de nouvelles sources de profits à lombre du concept. Car cela reste un concept, au moins jusquau décollage dInternet.
En effet Internet, lancé avec ARPANET, généralisé dans les universités et les labos de recherche du monde entier, utilisé par des groupes dintérêts divers et des clubs, et promu par les PTTs de certains pays avancés tels que la Finlande, attaque désormais le grand public, dabord dans des cybercafés, puis à domicile. Cela a été possible grâce à quelques progrès importants dans la facilité dutilisation, comme linterface MOSAIC, la technique des liens hypertextes (dans le langage HTML) pour définir des enchaînements de pages sur les sites serveurs dinformations, le protocole de base du web HTTP, CGI (protocole de liaison avec les reste des applications), lintégration transparente de FTP dans le web, le SSL (système de sécurisation des transactions). Le WorldWide Web (www, ou web) est né.
ISO vs TCP/IP.
Les comités de normalisation ISO continuent, notamment autour dUNIX, de la sécurité et de ladministration de réseaux. Il faudrait choisir un transactionnel de référence (TUXEDO plutôt que ENCINA ?), un algorithme pour équiper les serveurs de sécurité (KERBEROS ?), des interfaces pour écrire des applications dadministration de réseaux et de systèmes (CMIS/CMIP ?). Cela se concrétisera avec leffort de rationalisation effectué par lOPEN SYSTEM FOUNDATION (OSF- voir page 18). Ladministration US semblant vouloir imposer ISO, lance sa directive GOSIP, qui contraint les organismes détat américains à acheter (mais pas forcément à utiliser ) les produits garantis conformes ISO. Quelques organismes français emboîtent le pas (EDF). Mais le système dapprobation est lourd et lent. Cela, auquel sajoute le succès dInternet, assoit le succès de TCP/IP, standard de facto imparfait, mais évoluant rapidement au gré des besoins par le mécanisme de RFCs. De plus, la limitation dans le nombre dadresses IP disponibles est levée avec la version IP V5 sortie en 1995.
Les serveurs de workgroups.
Alors quUNIX continue dêtre leader dans le domaine des serveurs, IBM tente dimposer OS/2 sur sa ligne de PC/DOS avec un succès limité. De fait, IBM Corporate na pas su choisir entre OS/2, AIX, AS/400, et WINDOWS/NT pour équiper ses serveurs. Au contraire, Microsoft prépare son succès avec WINDOWS/NT, fonctionnant en multiprocesseur sur de puissants microprocesseurs Intel.
Larchitecture client-serveur.
Larchitecture 3-tier na pas marché en particulier à cause de la difficulté dimplémenter le commit du transactionnel réparti et des bases de données distribuées. Larchitecture client-serveur tend alors à sy substituer. Dautant plus que, dune part les transactions véhiculées entre le client et le serveur sont surtout des read (commit pas nécessaire ), dautre part le design interne dUNIX le rend impropre à la réalisation de transactionnels lourds à la mainframe. Enfin dun point de vue conceptuel, larchitecture client-serveur semble plus facile et plus souple de réalisation et dévolution (ajouts ou retrait indépendants de clients et/ou de serveurs sans nécessité de régénérer une installation, serveur déchargé de la présentation et de la mémorisation du contexte des transactions).
IBM BLUEPRINT et APPN.
IBM arrive maintenant à lextrême limite de lexploitation de SNA, dont la rigidité le rend impossible à supporter le développement foisonnant des réseaux de ses clients : à chaque évolution du réseau, aussi petite soit-elle, il faut regénérer lensemble ! Avec BLUEPRINT, IBM tente de reprendre lavantage en inventant une architecture prenant en compte lexistant en matière de transports réseaux, et en faisant des ouvertures explicites à des partenariats. IBM conçoit APPN (Advanced Peer-to-Peer Networking) : il sagit dune interface session générale et publiée permettant daccommoder sur tous types de transports (SNA, ISO, TCP/IP, IPX, ), tous types dapplications. IBM fournit avec APPN un protocole de réseaux avec auto-apprentissage de la topographie par les routeurs associés, et la façon pour un client de faire évoluer son réseau existant SNA. Ce gros investissement sera lancé sous la direction de Helen HANCOCK : ce sera son dernier coup déclat avant son départ dIBM en 1994. IBM aura beaucoup de mal à imposer APPN chez ses clients, même en proposant une gamme étendue de services associés. Nombreux seront ceux qui préféreront basculer directement sur TCP/IP.
Les administrations de réseaux
Les réseaux installés chez les clients comprennent désormais un grand nombre déquipements de nature diverse : mainframes, serveurs spécialisés, grappes de PCs, frontaux, hubs, routeurs, mais aussi des appareils de climatisation ou dalarme. Il nest plus possible de se contenter des outils classiques dautomatisation dexploitation. Un certain nombre de constructeurs et de grosses SSII se lancent alors dans le développement de systèmes dadministration qui sont à peu près normalisés et ouverts : description des objets à administrer dans des MIBs (Management Information Bases), langages portables et interfaces pour écrire les applications dadministration. IBM propose ainsi NETVIEW, HP propose OPENVIEW, et Computer Associates propose CA/Universe.
BULL.
BULL investit lourdement dans UNIX et dans PURPLEWAY. PURPLEWAY se voudra dailleurs le fédérateur de tous les développements de la période 1990-1995. PURPLEWAY est lancé en 1990 par le stratège Jacques PANTIN, et les architectes Georges LEPICARD et Alain BRON.
PURPLEWAY et DCM.
PURPLEWAY est leffort de rationalisation de lensemble de loffre BULL. Il sera annoncé en 1992 sous le nom de Distributed Computing Model (DCM). Ce modèle veut aussi décrire larchitecture informatique et réseaux des clients, et lambition de BULL est dy aider avec une panoplie de services associés. DCM embrasse linfrastructure de communications, les systèmes dexploitation, les interfaces dancrage des bases de données, du transactionnel, des systèmes de requêtes, les présentations sur stations et PCs, les applications clientes, le génie logiciel associé, et ladministration de lensemble.
DCM sappuie sur les travaux de lOPEN SYSTEM FOUNDATION (OSF), créée en 1988 par un ensemble de compagnies sengageant sur UNIX : IBM, BULL, HP, DEC, APOLLO, HITACHI, NIXDORF, PHILIPS, SIEMENS.
LOSF partage entre ses adhérents un environnement applicatif commun au moyen de logiciels que chacun apportera, développé sur les recommandations de lX/OPEN GROUP:
- OSF-MOTIF pour les applications graphiques,
- OSF-DCE pour un accès transparent à certains services : RPC(remote procedure call), RTS (remote time service), threads, KERBEROS pour le serveur de sécurité, X500 pour les services dannuaire,
DCM utilise larchitecture client-serveur, et investit principalement sur UNIX pour les nouveaux services : OPENTEAM comme serveur de réseaux locaux fournissant par exemple une passerelle Affinity vers les mainframes, le transactionnel TUXEDO (sur lequel léquipe de développement de Hemmel ajoutera une interface COBOL ce sera dailleurs son dernier développement), dictionnaire de données distribué dérivé de PCTE/EMERAUDE , serveur de sécurité basé sur KERBEROS.
Enfin ISM, Information System Management, qui donnera lieu à de gros efforts de normalisation, et qui sera finalement le seul vrai succès de DCM, tant du point de vue notoriété, que de services générés. ISM sera développé et activement promu par Denis ATTAL et son équipe. ISM permettra dadministrer lensemble des produits BULL, et son ouverture autorisera linsertion de produits hétérogènes.
Le support de lISO.
BULL continuera relativement tard à investir sur ISO. Un stack ISO portable et performant sera enfin implémenté sur UNIX par léquipe de Grenoble ; ce stack fera partie de laccord de coopération sur UNIX signé avec IBM en 1992.
A la demande de lEDF, désireuse de remplacer son architecture réseaux RETINA, une qualification de loffre BULL (réseau ISO, systèmes DPS 7 avec Datanets, et serveurs UNIX entourés de PCs avec OPENTEAM) sera effectuée avec succès dans le cadre du projet ARPOSE. De même HFSI demandera une démonstration ISO de serveurs UNIX autour de DPS 8 pour satisfaire les règlements GOSIP, effort qui savérera inutile. ISO sera enfin supporté à 100% par le nouveau frontal MAINWAY.
MAINWAY.
Le Datanet arrive en fin de parcours avec larrêt définitif de la ligne DPS 6. En 1990 et 1991,on envisage sérieusement d'implémenter un nouveau frontal sur UNIX. Ce projet sera arrêté pour raisons de non-fiabilité du système, de performances insuffisantes pour concentrer des réseaux transactionnels lourds, et aussi de non-continuité de service en cas de panne (UNIX pas encore multiprocesseur à cette époque), enfin de non-compatibilité avec lexistant Datanet.
Mainway est alors développé sur une architecture distribuée ouverte. Le cur de Mainway est un Hub de très haut débit acheté à SYNERNETICS, société spécialisée dans le haut de gamme des équipements réseaux locaux. En cours de projet, SYNERNETICS sera rachetée par 3COM.
Du côté mainframe, des cartes dinterface sont développées sur Motorola 68XXX . Ce sont les FCP7 et FCP8, respectivement connectés au canaux du DPS7 et du DPS8. A la connexion canal près, FCP7 et FCP8 sont identiques. Ils comportent les deux transports: TCP/IP, souche portable en C achetée à un fournisseur spécialisé (LACHMAN), et ISO (et son avatar ISO/DSA) provenant du développement de Grenoble. La sortie de FCP7 et FCP8 est une sortie FDDI qui se raccorde au Hub cur de Mainway. Cela permet de réaliser des réseaux locaux FDDI structurés autour de DPS7 et DPS8 ou FDDI-Ethernet en utilisant la fonction pont du Hub.
La fonction support WAN est réalisée par un développement également sur Motorola 68XXX. Le système CNS du processeur intégré Microfep du DPS7 est porté sur ces processeurs WAN. Le support de la session TCP/IP sur WAN est ajouté ensuite. Autant de cartes WAN que nécessaire (jusquà un maximum de 8) peuvent équiper Mainway.
Le Hub cur de Mainway supporte des connexions FDDI, TCP/IP et ATM.
Les redondances et la qualité des composants du Hub assurent à Mainway une fiabilité et une évolutivité sur site qui navaient pas pu être atteintes sur Datanet.
Tel quel, Mainway est installé en clientèle à partir de 1994. Il atteint dès le début la fiabilité du Datanet 7500 en fin de vie, grâce à la fiabilité intrinsèque des composants hardware et un développement logiciel fait essentiellement de réutilisation, avec des techniques de génie logiciel modernes (gestion automatique des modifications, gestion automatique des configurations, langage C portable ).
Mainway est le résultat dun développement des équipes hardware/software de Claude CAMOZZI et Claude ROLLAND.
Laccord avec 3COM.
3COM devient un acteur majeur dans le domaine des équipements réseaux. 3COM avait absorbé BICC (qui fournissait la majeure partie de loffre du Bull Cabling System BCS) en 1992 ; 3COM achète SYNERNETICS en 1993 ; puis US ROBOTICS fournisseur de modems-fax-répondeurs.
BULL conclue en 1993 un accord avec 3COM portant sur lensemble de son offre pour mise au catalogue BULL et fourniture de services dinstallation associés.
La filialisation du réseau interne de BULL.
Suivant une tendance générale de diversification vers la vente de services, et vers la mesure et donc la diminution des coûts internes, BULL conclue avec FRANCE TELECOM un accord au terme duquel le réseau interne IBT est filialisé en 1995 dans une entité commune, qui vendra des services daccueil pour les grands clients, en particulier ceux ayant besoin de liaisons internationales.
CONTEXTE.
La dérégulation des PTTs saccélère. Une directive européenne agit dans ce sens (sauf pour le Portugal et la Grèce). France Telecom est partiellement privatisée ; plusieurs opérateurs sont désormais en concurrence sur lensemble des territoires.
Les communications par satellite permettent déquiper en téléphonie cellulaire les pays en voie de développement, par un saut technologique de plusieurs décennies.
Lannonce récente de la technologie ADSL (Asymetric Digital Subscriber Line) promet de bientôt transférer des données cent fois plus vite (1.5 Mbps nominaux) qu'avec les modems actuels, sans investissements nouveaux en lignes, en empruntant les fils téléphoniques existants. Le principe dADSL est dexploiter la totalité de la bande passante disponible, en particulier les fréquences inaudibles. Microsoft, Intel, Compaq, Alcatel se rallient à ADSL.
La maturité dInternet.
Internet est maintenant une technique de communication mûre, pour laquelle se pose désormais le problème de la régulation et de la protection des données. Au début de 1998, Francis LORENTZ a remis au gouvernement un rapport sur le commerce électronique sur Internet. Jacques STERN (et dautres) étudient en ce moment le problème du cryptage des données sur Internet.
La domination de WINTEL. Lévolution du paysage Constructeurs.
Le tandem MICROSOFT-INTEL domine le marché des microprocesseurs, des PCs, des serveurs (avec WINDOWS/NT version 4.0 et le Transaction Server sortis en 1996/1997), et des logiciels. Transaction Server, en même temps que le succès des Networks Computers (voir paragraphe suivant) pourraient bien démoder le Client/Serveur.
MICROSOFT entre dans le capital de APPLE , ce qui le rend incontournable pour les utilisateurs de Word et dExcel sur MAC, cest à dire presque tous.
Un moment contesté sur Internet quil a abordé avec un certain retard, MICROSOFT se rétablit, et va même jusquà bundler Internet Explorer dans WINDOWS. Des procès pour prise de monopole abusif sont intentés aux US à Bill Gates, qui pour linstant sen sort .
Dune façon générale, la survie des constructeurs classiques passe par lalliance avec des sociétés déquipements ou des opérateurs de télécommunications, des leaders du multimédia ou de lentertainment, ou une évolution vers la fourniture de solutions clés en main.
On assiste au déclin dAPPLE, et avec le rachat de DIGITAL par COMPAQ survenu en janvier 1998 , on pressent la disparition prochaine de DIGITAL
Les NETWORK COMPUTERS.
Larry ELLISON, patron dORACLE, essaye de contester cette domination en lançant le concept de Network Computer (NC), PC léger à prix (fixé à moins de 5000 FF) et à fonctionnalités réduites, ses applications étant téléchargées à partir du serveur auquel il est connecté. Le NC est destiné en priorité au marché des entreprises (intranet), car il tend à réduire fortement les coûts internes dune équipe bureautique. Les spécifications du NC sont publiées. Et ORACLE bénira les implémenteurs de ces spécifications.
SUN (inventeur du langage JAVA) est le principal développeur de NC, avec sa NETBOX, boîtier Internet se connectant sur le téléviseur, attaquant donc le marché grand public .
A lheure actuelle, le succès du NC nest pas encore complètement démontré, tant le rapport coût/performance des PCs diminue.
BULL .
BULL se transforme peu à peu en prestataire de services et de solutions clé en main, bien que le chiffre daffaires et le résultat positif de 1997 proviennent encore des grands serveurs.
BULL a négocié avec NEC un accord de commercialisation des serveurs EXPRESS 5800 tournant sous WINDOWS/NT.
ISM continue à être une source notable de services.
BULL Electronics remporte de nombreux marchés de développement de cartes à puces et de lecteurs associés: cest lentité de BULL qui dégage actuellement le meilleur profit.
BULL, avec dautres fournisseurs, vient dêtre sélectionné pour participer à leffort déquipement en microinformatique et Internet des écoles, lycées et collèges décidé par le gouvernement.