Victor Thevenet

LA CARTE PERFORÉE
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les machines à statistiques et de comptabilité
évolution de la mécanographie
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Elargissement du marché
        Vers le milieu des années 30, les banques et les assurances sont demandeuses d’équipements mécanographiques car elles ont aussi de grosses quantités de données à traiter régulièrement.

Cette orientation ouvre aux constructeurs le marché de la gestion y compris dans l’industrie, ce qui demande de nouvelles fonctions :
        - pour les tabulatrices, elles doivent pouvoir
                - imprimer
                - soustraire au rythme de la vitesse de lecture des cartes
                - disposer de plus grandes capacités de calcul en nombre de positions, mais aussi réaliser exceptionnellement des multiplications et divisions
                -
être d’une utilisation plus souple : les programmes deviennent complexes, les tableaux de connexion deviennent amovibles
                - pouvoir perforer des cartes de récapitulation de résultats

  
     - par la création de nouvelles machines auxiliaires spécialisées :

Inter.jpg (8286 octets)

       - l’interclasseuse permet dans certain cas de diminuer les temps de tri

calcul.jpg (8881 octets)

      - la calculatrice qui effectue des calculs à partir de données lues sur une carte et perfore les résultats sur la même carte (ex : calcul d’un prix de revient unitaire : coût total / quantité)

prd.jpg (8319 octets)

                - la PRD (Poinçonneuse Reproductrice Duplicatrice) duplique et compare les fichiers
                - l'ULP (Unité de Lecture et de Peroration)b elle remplacera la calculatrice et le PRD dès la disponibilité de Gamma 3.

trad_nb.jpg (10422 octets)

                - la traductrice permet d’imprimer sur une carte les données perforées

report.jpg (15420 octets)

                - la reporteuse imprime plusieurs liges sur une carte en une ou plusieurs fois permettant d’utiliser celle ci comme support de saisie (ex : étiquettes, fiches de stock).

                - le photo-lecteur et le magnéto-lecteur saisissent automatiquement les données crayonnées en direct sur les lieux de production.
                - etc…

- la puissance électrique  consommée impose la nécessité d’installer des groupes électriques tournants pour générer le 48 volts continu.

Evolution technologique

        La technologie évolua très peu jusqu’au début des années 50, il y eut essentiellement des perfectionnements tels que la mise en service par Bull des " petits relais " et les améliorations mécaniques qui permirent de doubler la vitesse des machines.
        En 1950 le calculateur électronique fit son apparition, il permet de faire tous les calculs à la vitesse maximum des machines. Il est connecté à la tabulatrice et à la PRD, ce qui arrête immédiatement l’utilisation et la commercialisation des calculatrices.
        Le calculateur électronique devient rapidement scientifique par ajout de mémoire, notamment des tambours, c’est la transition qui annonce l’arrivée de l’ordinateur.

        Le brevet d’imprimante rotative a permi aux tabulatrices Bull d’avoir une vitesse de fonctionnement surclassant la concurrence pendant plus de 30 ans.
Les tabulatrices successives sont : la T30 avec imprimante numérique, la T50 avec imprimante alphanumérique, la S 96, puis la BS 120 (le nombre incorporé à l’identification indique le nombre de position de totalisation).

tabu_t30.jpg (13602 octets)

tabu_bs120.jpg (9243 octets)

tabulatrice  T 30
classée "monument historique"
tabulatrice  BS 120 avec
poinçonneuse connectée

la mécanographie et les calculs:

        Les calculs scientifiques étaient pratiquement exclus des traitements mécanographiques avant la disponibilité des calculateurs électroniques.
Pour les applications de gestion, c’est la lecture des cartes données qui contrôle le calculateur électronique, il ne peut travailler qu’après la fin de la lecture d’une carte et le début de la lecture de la carte suivante, c’est à dire pendant 20% du temps. Il était naturel de chercher à utiliser toute sa puissance pour traiter des applications scientifiques 
        Mais les instructions de programme d’un calculateur sont normalement définies par des liaisons de commandes réalisées au moyen de fiches sur un tableau de connexion amovible. Un programme ne contient donc qu’un nombre très limité d’instructions. Pour les calculs techniques et scientifiques, il faut avoir la possibilité d’élaborer des programmes très volumineux.
        La solution est fournie par la carte perforée qui a donné la possibilité de supporter directement les instructions de programme et a repris ainsi le rôle initial qu’elle assurait avant 1890. C’est le PPC (Programme Par Cartes).

        Les instructions étant codées en binaire sur 16 bits, (4 groupes de 4 bits pour définir le type d’opération et les adresses), il a été décidé de représenter une instruction par 16 perforations faites cote à cote sur une ligne de carte et de mettre ainsi 4 instructions par ligne, soit 48 instructions exécutables dynamiquement au fur et à mesure de la lecture de la carte.
        Les instructions occupaient 64 colonnes de la carte, il restait 16 colonnes utilisées de façon conventionnelle pour identifier le programme et la place de la carte dans le programme.

cart-ppc.jpg (19004 octets)

nb : Le programme est exécuté au fur et à mesure de la lecture des instructions sur les cartes. Le programme contrôle la disponibilité des cartes données qui doivent être insérées à la bonne place dans le paquet de cartes.

Remarques :
        - les 4 instructions de chaque ligne sont exécutées de la gauche vers la droite, elles devaient être terminées avant le début de lecture de la ligne suivante.
Il était recommandé de ne mettre qu'une seule instruction de longue durée par ligne telle qu’un multiplication ou une division.
        - Il était recommandé de mettre un nombre " raisonnable " d’instructions par carte pour ne pas trop affaiblir la tenue mécanique des cartes au cours de leur lecture.
        - le nombre de cartes n’étant pas limite, la taille des programmes était toujours aussi grande que voulu.
        - l’itération des programmes était obtenue en repassant le paquet de cartes autant de fois qu’il était nécessaire.
        - le tableau de connexion gardait son utilité car il affichait en permanence les sous-programmes des opérations en virgule flottante.

Ce système a été abandonné dès la disponibilité des tambours magnétiques qui permettaient d’enregistrer des programmes.

CONCLUSION
        A la fin des années 50, Bull commercialisa une nouvelle série de matériels à cartes perforées fonctionnant à 300 cartes à la minute et qui pouvait utiliser 2 dérouleurs de bandes magnétiques. Ces matériels, très modulaires, furent rapidement abandonnés car chaque application nécessitait l’utilisation simultanée d’au moins trois tableaux de connexion.
Le Gamma 10 de Bull et le 1401 à carte d’IBM furent une bonne transition de la mécanographie à cartes perforées vers l’ordinateur dont le premier modèle largement commercialisé fut le 1401 à bandes magnétiques d’IBM.

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