Claude LEBRAS & Jacqueline VIDAL

LE GAMMA 140

Plan

I - Le déroulement du projet

II - Les aspects techniques

Le déroulement du projet

1 - Le démarrage (fin 64 - début 65)

Le contexte politique :

Les accords signés entre BULL et General Electric ont abouti à la constitution de 2 sociétés,

BGE, où BULL est majoritaire, qui gère le réseau commercial qui distribue les produits informatiques de "GE"

SIBGE, sous contrôle de GE, qui regroupe les activités d 'études et de fabrication de la Compagnie des Machines BULL.

Simultanément, General Electric a racheté la division "Ordinateurs" de OLIVETTI et créé à Milan "GEIS" pour la commercialisation des produits informatiques "GE" et l'étude et la fabrication de nouveaux produits.

GE gère l'ensemble des activités Études de sa division informatique US et Europe, au moyen d'un Product Planning Central qui décide des "projets" et de l'allocation des budgets "techniques".

Organisation interne

A la rentrée 64, une Division LOGICIEL, confiée à Jean Paul BOSS, a été créée à la Direction des Études.

Elle regroupe les activités de développements des projets en cours.

Climat social

Le personnel BULL est troublé par la première affaire BULL et par les premiers licenciements auxquels il a été procédé.

La définition du "produit"

Le Product Planning de General Electric a demandé à ses filiales européennes d'entreprendre l'étude de 2 systèmes compatibles, pour "upgrader" le parc GAMMA 10 et remplacer le GAMMA 30.

Un groupe de travail "franco italien" est constitué :

- pour BULL : Gérard COTTET, architecte, Max de FERRAN, Michel KOPP, André MAITRE, Jacqueline VIDAL...

- pour Olivetti : Simone FUBINI, architecte, Marisa BELLISARIO, Mario MORPURGO...

Olivetti propose de partir de son projet ELEA 4004.

Les spécifications de 2 systèmes, désignés par les lettres "alpha" et "beta" sont présentées à M. FANCHER au cours du premier trimestre 1965.

Olivetti est chargée du développement de "alpha" qui deviendra le GE115.

BULL de "beta", alias G140.

Le lancement du développement

La cellule architecture est placée sous la responsabilité de Georges LEPICARD qui reprend le dossier (Gérard COTTET n'étant pas convaincu de la faisabilité de "beta" dans le cadre fixé s'est vu confier d'autres fonctions avant son départ de BULL).

François SALLE et son équipe du CNCE viennent étoffer la division LOGICIEL et prendre en charge la réalisation de l'"Operating system".

2 - Le développement et la construction des prototypes ( année 1966)

L'année 1966 est consacrée au développement d'un operating system à bandes, à l'étude de la connexion de différents périphériques, à la définition d'outils pour la reprise des applications exploitées sur GAMMA 30.

A partir de Septembre, un groupe de travail (Claude CARRE, Claude CHEMLA, x NICOURD, Dave SLOSBERG, H VERDIER...) prépare les spécifications d'un operating system disques.

Au Sicob, en septembre 1966, le GAMMA 140 est présenté au public et reçoit un accueil positif.

Mais les développements sont en retard. Il y a de nombreux problèmes avec les dérouleurs de bandes,...

3 - L'arrêt du projet

En décembre 1966, le Product Planning de GE se trouve devant 2 projets qui visent le même segment de marché : le G140 et le GE400 développé aux US. Il décide l'arrêt du projet G140, qui présentait plus de risques que le GE400.

Le GE400 sera commercialisé dans les réseaux BULL(BGE) et Olivetti (OGE).

Le projet "alpha" poursuit sa carrière sous le nom de GE115.

4 - L'essaimage vers la CII (fin 1966- Début 1967)

Le Plan Calcul, défini par les Pouvoirs Publics prévoit la création d'une société de construction d'ordinateurs, pour laquelle une campagne de recrutement est en cours en fin 1966.

A la suite de François SALLE beaucoup des participants au projet G140 rejoignent cette nouvelle société. L'operating System disques prévu pour le G140 s'appellera SIRIS 3 et tournera sur les ordinateurs IRIS 50 DE CII.

5 - La renaissance TESLA (1967 - 1968)

En Mars 1967 des contacts sont établis avec la société tchèque de construction d'ordinateurs TESLA qui souhaite racheter le dossier G140.

La division LOGICIEL poursuit les développements en cours avec une équipe réduite.

En septembre 1967, le G140 est présenté à la foire de BRNO sous le nom de TESLA 200.

Le premier TESLA 200 sort d'Angers en Mai 1968.

Le transfert de technologie s'organise entre Angers et Prague. L'entrée des chars russes ralentit ce processus.

Angers a livré 15 machines pour environ 7 millions de dollars, entre Septembre 68 et Mars 69.

TESLA a fabriqué une centaine de T200, et en a exporté en URSS.

Les aspects techniques

* - Le G140 est un monoprocesseur possédant une mémoire à tores adressable au caractère, organisée en octets, dont la taille est < 64 k.

* - C'est une machine sans horloge interne.

Ceci rend extrêmement difficile l'implémentation de la logique et constitue la cause principale des difficultés du projet.

La logique est réalisée en transistors packagés dans des "minimodules".

Il n'y a pas de "firmware". Son code interne est EBCDIC.

* - Les instructions sont de longueur fixe, à 2 adresses.

Elles permettent l'indexation par des registres et l'adressage indirect.

Un dispositif hardware fournit l'arithmétique en virgule flottante.

* - Le fonctionnement des périphériques est contrôlé par des "programmes canaux" exécutés par les contrôleurs. Ils sont lancés par une instruction "CONNECT" et se déroulent simultanément avec le programme "central". ils signalent la fin de l'entrée/sortie par une interruption de programme à laquelle sont associés des "statuts" précisant la bonne fin de l'opération ou la rencontre d'un incident.

Il y a 2 types de canaux, des canaux rapides pour disques et bandes et des canaux spécifiques pour les "unit record devices".

* - La liste des périphériques connectables est "classique" :

- lecteur/perforateur de cartes BULL

- bandes magnétiques avec lecture arrière

- disques amovibles à secteurs fixes (DS15 de GE qui n'ont jamais marché correctement)

- imprimantes I51 de BULL

- console et machine à écrire

- lecteur bande perforée

* - L' "Operating System" bande permet :

- l'initialisation du système

- la gestion des interruptions

- le dialogue opérateur

- la gestion de librairies de programmes

- la gestion de l'exploitation à travers un langage de commande le JCL

* - Les fichiers

- Sur bandes magnétiques : labels standard, code EBCDIC, compatibles IBM

- Sur disques : le contenu du disque est géré à travers une VTOC, les informations sont enregistrées en EBCDIC.

- Les fichiers sont organisés en modes: séquentiel, partionné, séquentiel indexé, random.

* - Les langages de programmation

- Assembleur

- COBOL dont le compilateur est écrit en COBOL

- FORTRAN