Elève de N. et A. Tcherepnine, Pierre Barbaud poursuit jusqu'en 1958 une carrière normale de compositeur. En 1954, afin de pratiquer par curiosité la musique à 12 sons alors à la mode, il a l'idée de définir les transformations de type sériel par des opérations arithmétiques très simples dans le groupe Z/12. Elargissant ensuite le domaine ainsi prospecté, il se livre sur le papier à des calculs souvent compliqués, destinés à lui fournir des partitions au terme d'une liste finie d'opérations.

Il entre chez Honeywell Bull et peut y jeter les bases de la composition musicale automatique au moyen d'ordinateurs. "Factorielle 7", la première oeuvre entièrement composée par un ordinateur, est présentée en 1961. En 1968 paraît chez Dunod son ouvrage "La musique, discipline scientifique".

Il fonde le groupe BBK, se verra proposer l'accès au tout nouveau convertisseur numérique-analogique du CNET, ainsi qu'à l'IRCAM.

En 1975, Barbaud est nommé chef de projet à l'INRIA : avec son équipe, il y construit un système de composition automatique à partir d'un micro-ordinateur, qui pourra être commercialisé.

Son livre "Vademecum de l'ingénieur en musique" n'a pu être achevé de son vivant. Son plus proche collaborateur, Rémi Lengagne, a effectué les dernières révisions du manuscrit et permis ainsi de mener le projet à terme. Présenter les fondements et les évolutions de la musique occidentale, d'une manière nouvelle car complètement rationnelle, voilà le but premier du "Vademecum". Une fois mise au point la codification, originale, de tous les concepts musicaux, Pierre Barbaud peut alors proposer des méthodes de composition avec un ordinateur.

Vient de paraître "Schoenberg", aux éditions Main d'Oeuvre,(collection musique mémoire) avec une préface d'André Riotte. Dans ce livre écrit en 1963 (inédit jusqu'à ce jour) Barbaud évoque la vie de Schoenberg et "revisite" son oeuvre (et celle de l'école de Vienne) à la lumière de ses travaux de pionnier sur la formalisation scientifique de la musique. Cette analyse brillante reste sans équivalent aujourd'hui. Complétée par les transcriptions musicales, elle s'adresse au spécialiste comme à l'amateur curieux de la musique de notre temps.

Pierre Barbaud, à qui l'on doit l'invention de la musique algorithmique et les premières compositions automatiques par ordinateur, exerce encore une influence considérable sur l'informatique musicale contemporaine.