Bull-General Electric

Gamma 140

1965-1968

Le Gamma 140 est aussi connu comme le GE-140. Il s'agit d'un projet de machine moyenne destiné à compléter par le haut la gamme inaugurée par le système GE-115 introduit par Olivetti General Electric. The Gamma 140 is also known as GE-140. It was a medium range computer the goal of which was to cap the GE-115 introduced by Olivetti-General Electric.
C'est un des rares produits menés officiellement jusqu'à la réalisation de prototypes, annoncés et retirés du catalogue de la compagnie.

Sa licence de fabrication et de développement a été cédée en 1967 à la compagnie tchécoslovaque Tesla qui l'a commercialisé sous le nom de Tesla 200.

It was one of the rare products in Bull  that have been cancelled after the prototypes succesful operation and after its marketing announcement.

Its manufacturing and license have been bought by the tchecoslovakian company Tesla that has produced it under the Tesla 200 name.

Le déroulement du projet

1 - Le démarrage (fin 1964 - début 1965)

Le contexte politique :

Les accords de 1964 signés entre BULL et General Electric ont abouti à la constitution de 2 sociétés, 

Simultanément, General Electric avait racheté la division "Ordinateurs" de OLIVETTI et créé à Milan "GEISI" (GE Information Systems Italia)  pour la commercialisation des produits informatiques "GE" et l'étude et la fabrication de nouveaux produits.

GE gère l'ensemble des activités Études de sa division informatique US et Europe, à travers un Product Planning Central qui décide des "projets" et de l'allocation des budgets "techniques".

Organisation interne Bull

A la rentrée 1964, une Division LOGICIEL, confiée à Jean Paul BOSS, a été créée à la Direction des Études.
Elle regroupe les activités de développements des projets en cours.

Le climat social est morose. Le personnel BULL est troublé par la première affaire BULL (1963) et par les premiers licenciements auxquels il a été procédé.

La définition du "produit"

Le Product Planning de General Electric a demandé à ses filiales européennes d'entreprendre l'étude de 2 systèmes compatibles, d'une pour "upgrader" le parc GAMMA 10 et d'autre part pour remplacer le bas de gamme GAMMA 30.

Un groupe de travail "franco italien" est constitué :

Olivetti propose de partir de son projet ELEA 4115 déjà en développement..

Les spécifications de 2 systèmes, désignés par les lettres "alpha" et "bêta" sont présentées au directeur général de BGE  M. FANCHER au cours du premier trimestre 1965.

Le lancement du développement

La cellule architecture est placée sous la responsabilité de Georges LEPICARD (auparavant responsable de l'architecture de la M-40) qui reprend le dossier (Gérard COTTET n'étant pas convaincu de la faisabilité de "bêta" dans le cadre fixé s'est vu "confier d'autres fonctions" avant son départ de BULL).

François SALLE et son équipe du CNCE viennent étoffer la division LOGICIEL et prendre en charge la réalisation de l'"Operating system".

2 - Le développement et la construction des prototypes ( année 1966)

L'année 1966 est consacrée au développement d'un operating system à bandes magnétiques, à l'étude de la connexion de différents périphériques, à la définition d'outils pour la reprise des applications exploitées sur GAMMA 30.

A partir de Septembre, un groupe de travail (Claude CARRE, Claude CHEMLA, Paul NICOURD, Dave SLOSBERG, Henri  VERDIER...) prépare les spécifications d'un operating system disques.

Au Sicob, en septembre 1966, le GAMMA 140 est présenté au public et reçoit un accueil positif.

Mais beaucoup de développements sont en retard. Il y a de nombreux problèmes avec les dérouleurs de bandes,...

3 - L'arrêt du projet

En décembre 1966, le Product Planning de GE se trouve devant 2 projets qui visent le même segment de marché : le G140 et le GE 400 développé aux US. Il décide l'arrêt du projet G140, qui était moins avancé et présentait plus de risques que le GE 400.

Le GE 400 sera commercialisé dans les réseaux BULL (BGE) et Olivetti (OGE).
Le projet "alpha" poursuit sa carrière sous le nom de GE115.

4 - L'essaimage vers la CII (fin 1966- Début 1967)

Le Plan Calcul, défini par les Pouvoirs Publics prévoit la création d'une société de construction d'ordinateurs, pour laquelle une campagne de recrutement est en cours en fin 1966. 
A la suite de François SALLE beaucoup des participants au projet G140 rejoignent cette nouvelle société. L'Operating System disques prévu pour le G140 s'appellera en fait SIRIS 3 et tournera sur les ordinateurs IRIS 50 de la CII.

5 - La renaissance TESLA (1967 - 1968)

En Mars 1967 des contacts sont établis avec la société tchèque de construction d'ordinateurs TESLA qui souhaite racheter le dossier G140. La division Logiciel poursuit les développements en cours avec une équipe réduite.

En septembre 1967, le G140 est présenté à la foire de Brno sous le nom de TESLA 200. Le premier TESLA 200 sort d'Angers en Mai 1968. Le transfert de technologie s'organise entre Angers et Prague. L'entrée des chars russes ralentit ce processus. Angers aura livré 15 machines pour environ 7 millions de dollars, entre Septembre 68 et Mars 69. 
TESLA a fabriqué une centaine de T200, et en a exporté en URSS.

Les aspects techniques

* - Le G140 est un monoprocesseur possédant une mémoire à tores adressable au caractère, organisée en octets, dont la taille est < 64 k.

* - C'est une machine sans horloge interne.
Ceci rend extrêmement difficile l'implémentation de la logique et constitue la cause principale des difficultés techniques du projet.

La logique est réalisée avec des transistors packagés avec les composants passifs dans des "minimodules".

Il n'y a pas de "firmware". Son code interne est EBCDIC.

* - Les instructions sont de longueur fixe, à 2 adresses. 
Elles permettent l'indexation par des registres et l'adressage indirect.

Un dispositif hardware fournit l'arithmétique en virgule flottante.

* - Le fonctionnement des périphériques est contrôlé par des "programmes canaux" exécutés par les contrôleurs. Ils sont lancés par une instruction "CONNECT" et se déroulent simultanément avec le programme "central". ils signalent la fin de l'entrée/sortie par une interruption de programme à laquelle sont associés des "statuts" précisant la bonne fin de l'opération ou la rencontre d'un incident.

Il y a 2 types de canaux, des canaux rapides pour disques et bandes et des canaux spécifiques pour les "unit record devices".

* - La liste des périphériques connectables ne comporte guère d'originalités :

* - L' "Operating System" bande permet :

* - Les fichiers

* - Les langages de programmation

 

© Claude LEBRAS & Jacqueline VIDAL