RCA            Compagnie des Machines BULL

Gamma 30

1962-1964

En 1961, la Compagnie des Machines Bull vit se réduire la part de marché émergent des ordinateurs qu'elle avait conquise avec le Gamma 3 et ET. Le Gamma 60 était trop onéreux et trop difficile à mettre en œuvre. Bull n'ayant rien de sérieux dans ses cartons devant l'IBM 1401 se décida à acquérir en septembre 1961 une licence de commercialisation et de fabrication du RCA 301. Le Gamma 30, le RCA 301 rebaptisé fut vendu avec succès jusqu'au moment où General Electric prit le contrôle de Bull en 1964

Le RCA 301 fut aussi vendu par English Electric, par Siemens et par Hitachi.

Quelques Clients Gamma30

In 1961, Compagnie des Machines BULL saw its market share of the emerging computer market dwindling. The Gamma 60 was too expensive and difficult to use. The IBM 1401 encountered a big success in all countries. Bull had nothing like that on its drawing board and decided to acquire a marketing and manufacturing license for the RCA 301. The Gamma 30 , as the RCA301 was renamed, was successfully sold until Bull was acquired by General Electric in 1964.

RCA301 was also licensed to English Electric (then ICL) in UK and the Commonwealth, to Siemens in Germany, and to Hitachi/

L'unité centrale, le pupitre et la connexion des entrées-sorties était logée dans une armoire principale.

Le RCA 301 était doté de périphériques développés par RCA:

Bull développa pour le Gamma 30 un certain nombre de connexions de périphériques indépendamment de RCA et des autres constructeurs ayant aussi acquis des licences RCA.

En outre certains périphériques non fabriqués par RCA avaient été connectés par celui-ci

The central unit, console and I/O connections stood in a main rack.

RCA had developed for the 301 and its successors some specific devices:

  • cluster of low performance magnetic tape drives
  • 33-66 Kc/s magnetic tapes
  • a magnetic disc juke-box
  • paper tape reader-punch
  • punched cards reader and punch
  • RACE magnetic cards memory sold by Bull as Bullrac
  • typewriters (with keyboard or receive only)

Bull developed for the Gamma 30 a certain number of peripherals attachments for Bull manufactured devices, independently from RCA and from  its other licensees.

  • Bull card reader-punch 300cpm
  • Bull LD1 CMC7 document reader 
  • Burroughs CMC7 check reader/sorter
  • Control Data magnetic tape unit, IBM compatible

Among the non-RCA designed peripherals, 

  • the Bryant large (at least by size) disc file unit was connected.
  • Anelex line printer
Bull a utilisé, en interne seulement, un concentrateur de lignes de transmissions (en l'occurrence télex)  CMC d'origine RCA. Bull has also used internally a communications lines multiplexer CMC of RCA origin.

 

Configuration Gamma 30 avec de gauche à droite: lecteur de documents CMC7, bandes magnétiques, imprimante Anelex, unité centrale et pupitre, lecteur de bande perforée, disques juke-box
© G Natan FEB Belgique

GAMMA 30 (RCA 301)

En 1961, la Compagnie des Machines Bull, tout comme ses rivaux européens Siemens et ICT, ne vit que dans l' importation de machines américaines RCA la fourniture d' une offre compétitive en face de l' IBM 1401. RCA était à l' époque un géant de l' électronique américaine qui dominait le marché de la télévision, mais aussi à l'instar des Bell Laboratories et de IBM, avait développé des centres de recherches technologiques dans pratiquement tous les domaines de l' électronique. Le RCA 301 venait d' être annoncé comme une machine bas de gamme sous le RCA 501 qui avait obtenu un succès modeste aux USA. 

Bull signa un contrat d' importation de quelques machines et de fabrication sous licence de cette machine à des conditions quelque peu léonines, car elles limitaient l' expansion géographique de Bull (excluant les USA ainsi de facto l' Allemagne et le Commonwealth britannique). Bull se lança bravement dans une francisation du dossier dans la toute récente usine d' Angers, et dans une opération coûteuse qui consistait à masquer l' origine américaine de la machine (traduction approximative du logiciel américain, y compris un COBOL français, changement du code cartes...). Par ailleurs, une partie des études Bull se consacra à la connexion de produits périphériques Bull ou de périphériques importés indépendamment sur cette machine.

J' ai connu cette machine en essayant de répondre avec elle à des appels d' offres provenant de la clientèle pour  son utilisation en temps réel. Le plus souvent, ces consultations portaient sur le plus long terme et Bull avait prévu de livrer en 1964 un successeur plus puissant le RCA 3301 (qui s' appela pour quelques temps fin 1963 le Gamma 40).

Le RCA 301 était une machine de gestion qui contrairement à la 1401 ne dérivait pas d' un projet de tabulatrice électronique. On peut plutôt dire qu' il s' agissait d' une déclinaison de bas de gamme des gros ordinateurs du genre IBM 705 et RCA 501. La technologie était au "state of the art" de 1960, c' est à dire transistorisée avec des cartes de petite taille enfichées dans un panneau arrière et reliées entre elles par une forêt de fils. Le découpage en racks (le système comprenait 3 armoires de 4 (?) racks) ne correspondait pas entièrement à un découpage fonctionnel.

Architecture.

le RCA301 est une machine ayant une mémoire de 10, 20 ou 40 000 caractères de 6 bits adressable au caractère . L' adressage en est décimal. Les instructions portent sur des opérandes en mémoire centrale. Elles portent sur deux adresses dont l' une comporte un opérande et le résultat. Le logiciel faisait un usage intensif de l'adressage indirect.
L' utilisation d' instruction de longueur importante (10 caractères soit 60 bits) nécessitait l' utilisation d' astuces pour limiter la taille des programmes. Bien entendu les programmes étaient modifiables et les aiguillages étaient souvent réalisés par des modifications dynamiques du code du programme.

Il était possible d' exécuter des entrées-sorties en mode normal, c' est à dire en mode "synchrone" avec les instructions du processeur ou en mode asynchrone dit "simu". Dans ce dernier mode, le déroulement des instructions du processeur était repris juste après l' initialisation du transfert (on appellerait aujourd'hui cela un  du transfert en mode DMA). Cependant le RCA301 ne disposait pas d' interruption de programmes et le programmeur devait écrire un test d' un registre spécial pour détecter la fin normale ou anormale du transfert. 
Il n' était pas normalement possible au RCA301 d' exécuter plusieurs threads simultanément, même en utilisant le mode "simu".

Une autre caractéristique de l' architecture était une unité arithmétique fonctionnant par tables. Les premières positions de la mémoire étaient consacrées à ces tables.

Il y avait peu de contrôles de l' exécution des instructions et des comportements surprenant du système avaient pour cause des erreurs de programmation. Par exemple mettre à zéro la zone adressée indirectement par une instruction de branchement provoquait la lecture d' une carte (le début de la mémoire -contenant la table arithmétique était prise pour l' instruction 012345 étant exécutée et représentant lecture-cartes-adresse réception 2345).

Un programme d'émulation de l'IBM 1401 a été réalisé. La mémoire du 1401 était représentée par deux zones de taille égale à celle du 1401: la première comprenait la partie significative 6-bits des caractères 1401 -transcodée à la lecture du media externe en code interne Gamma 30- , la seconde comprenait les flags de mot. Les registres 1401 étaient aussi représentés en mémoire. Certaines anomalies d'impression pouvaient apparaître sur des caractères spécifiques de l'IBM 1401. Compte tenu de la taille mémoire du Gamma 30, seule l'émulation de la 1401 4K à cartes était envisageable.

 Les études (division 8) avaient acquis un RCA301 un peu particulier en 1963. Il était doté du système dit CMC Communications Multiplexing Controller qui introduisait un second canal simultané sur lequel on pouvait installer jusqu'a  10 adapteurs de lignes  télégraphiques (45 à 110 bps). Je ne me souviens plus des autres adapteurs disponibles (probablement asynchrone 200 bauds et synchrone 2400 bauds ainsi qu' un numéroteur en  fréquences vocales -alors non supportées en France- sous contrôle du programme du Gamma 30 -aussi interdit en France, pour éviter le déni de service. Donc, nous n' avions à Paris que des liaisons télex établies manuellement depuis le terminal.
Cette machine avait également un gros  disque Bryant de 10 Millions de caractères (?) dont la fiabilité nous donnait beaucoup de souci.

Cette machine avait été acquise pour former les gens des études et du service technico-commercial à la télégestion. La capacité de mémoire limitée du Gamma 30 et le manque d' interruption de programmes rendait cette machine peu capable de faire autre chose que ces applications américaines de switching de messages télex. Mais Bull comptait introduire le successeur plus puissant du Gamma 30 le RCA 3301 qui était "upward compatible".

© 2004 Jean Bellec