General Electric, Honeywell, Bull HN, Bull SA

Histoire des Grands Systèmes GCOS
GE-600, H-6000, Level 66, DPS-8, DPS-90/9000

Sommaire:

Bull a pris une part notable sur le marché français des gros ordinateurs, grâce aux machines fournies par ses partenaires Américains et Japonais. L'histoire de ces machines commence au début des années 60 avec General Electric, puis pendant les années 70 et 80 avec Honeywell, passé depuis sous le contrôle de Bull. La ligne de produits couvre quatre générations de technologies (du transistor au CMOS, en passant par les circuits intégrés et le micropackaging CML). Elle englobe trois architectures dont celle de Multics. Un système d'exploitation GECOS, devenu GCOS8, domine cette histoire, mais on n'oubliera pas l'influence de MULTICS sur l'évolution de l'informatique, en général.

 

Plan:

General Electric 1962-1970
Fusion avec Honeywell 1970-1979
Nouvelle Technologie 1980-1982
Alliance NEC 1983-1990
Contrôle par Bull 1990-

L'histoire débute au début des années 60s, pendant la période de transition entre la seconde et la troisième génération des ordinateurs.

A ce moment, la Compagnie des Machines Bull est encore à capitaux privés purement français. La commercialisation du Gamma 60, première tentative d'entrer dans le marché des grands ordinateurs, a été un échec. Les partenariats avec Remington Rand (matériel à cartes perforées) et Mitsubishi n'offrent pas de perspectives. La collaboration avec Olivetti ne dépasse guère celle d'un partenaire commercial. Bull a dû en 1961 se faire revendeur de matériel RCA pour assurer une présence commerciale en face du succès de l'IBM 1401. En ce qui concerne les perspectives à terme, Bull se préparait à introduire d'autres matériels RCA: le RCA 3301 et le futur Spectra, mais RCA n'envisageait pas d'assister financièrement ses distributeurs.

General Electric

General Electric était le plus grand utilisateur privé d'ordinateurs IBM. Toutefois, sa direction générale n'envisageait pas de faire des ordinateurs un de ses axes stratégiques. Le management décentralisé des grandes entreprises américaines de l'époque avait cependant permis au laboratoire hyperfréquences à faire à la Bank of America une proposition d'un ordinateur pour le tri des chèques, en collaboration avec NCR. Un laboratoire fut créé à Stanford CA pour la création du premier ordinateur GE, connu sous le nom de ERMA1. La direction de GE décida finalement de créer un Département qu'il installa à Phoenix AZ pour continuer ce projet de 32 ordinateurs. Le développement d'un système de "process control" (GE-312) évoluera ensuite puis dans le GE-225 et la série GE-200.
GE obtint un autre contrat de dispatching de messages qui donna lieu au développement d'un ordinateur spécialisé, le Datanet 30. Le Dartmouth College fut intéressé par l'acquisition du Datanet 30 comme ordinateur frontal d'un GE-235 afin de réaliser un des premiers systèmes de time-sharing: le GE-265, célèbre pour avoir été la plate-forme de développement du langage BASIC.

En 1962, le laboratoire de Phoenix décidait de lancer une autre gamme (nom de code Mosaic), aux entrées-sorties plus sophistiquées, ce fut le GE-400. Cette ligne devait comporter 3 modèles, le modèle du haut Y devait concurrencer l'IBM 7070 qui était l'ordinateur de gestion le plus puissant du marché. 
A la même époque,
GE établit se mit à réfléchir à l'avenir mondial du groupe dans le domaine du traitement de l'information. GE avait un partenariat avec Toshiba au Japon, mais une implantation directe dans ce pays était exclue. GE commença à bâtir un réseau commercial en Europe, tirant parti des accords de partenariat avec des sociétés ayant des licences General Electric, telles Thomson en France et ASEA en Suède. 
En examinant le marché européen, GE s'aperçut que Bull avait une présence commerciale dans presque toute l'Europe mais aussi que son assiette financière ne lui permettait pas de poursuivre les investissements des machines destinées à la location. GE approcha alors la direction de Bull avec l'objectif de prendre une participation qui aurait l'avantage de couper l'herbe sous les pieds de Honeywell et surtout ceux de RCA, peut-être la meilleure alternative technique à IBM à l'époque. 
L'histoire de la prise de contrôle de Bull par GE est largement connue. Elle fut gérée essentiellement sous l'angle commercial. Le GE-400, plus puissant que le Gamma 30, s'efforça de le remplacer dans l'offre Bull. L'historique de GE dans la banque lui permit une certaine pénétration, notamment en Espagne, en Belgique et en Italie. 
En ce qui concerne les Études Bull, assez déconsidérées par l'échec du Gamma 60 et de la Série 300, GE essaya de les fédérer avec l'Italie pour développer une gamme basse, la série 100. Bull développa le GE-140 qui, tiré vers le haut pour se distinguer du GE-115 italien, se trouva chevaucher les plates-bandes du GE-400. Le développement en fut interrompu fin 1966.

En 1959, et tout à fait indépendamment du Computer Department, le département militaire de General Electric, situé à Syracuse NY, recevait un contrat de l'USAF pour développer un matériel de trajectographie radar pour Cape Canaveral. Le responsable du processeur en était John Couleur, qui fut jusqu'à 19752 le chef architecte de la ligne de produits. Il décida qu'un ordinateur "general purpose" serait plus avantageux qu'un matériel spécialisé pour ce projet. Ce processeur fut baptisé M236 et installé à Eleuthera (Bahamas). C'était une machine à mots de 36 bits (coexistence avec l'IBM 7094 et précision des calculs obligeant).

Le Computer Department finalement officialisé dût se soumettre à l'analyse méthodique de ses plans par la Direction de GE à New-York. Il fut rapidement établi que le haut de gamme (Y) du GE-400 ne tiendrait pas ses objectifs de performances. La proposition de Syracuse de faire de son M2360 la base du processeur de haut de gamme fut retenue après un débat interne de plus d'un an. En février 1963, le directeur du Computer Department Clair Lasher fut remplacé et le lobbying de John Couleur et de Don Shell3 porta enfin ses fruits. La Direction Générale de GE fut surtout impressionnée par le fait que la location annuelle des matériels à IBM lui coûtait aussi cher que le coût estimé du développement et laissa le Computer Department faire des offres aux autres départements de GE, plutôt réticents à abandonner leurs machines IBM.
Syracuse devait réaliser le processeur et Phoenix les entrées-sorties et le logiciel, avec un transfert de personnel d'autres départements de GE (clients IBM grands systèmes). Finalement l'équipe de Syracuse fut partiellement transplantée à Phoenix4. Ce fut la naissance de la série GE-600, avec un processeur et deux modèles à peu près identiques les GE-625 et GE-635.

La principale innovation du GE-600 était la création d'une plate-forme multiprocesseurs5 (appelée maintenant SMP Symetric Multi Processing). Cette offre, originale à l'époque, permettait , et permet encore, d'offrir une gamme de puissance avec des coûts de développements inférieurs à ceux de la réalisation de processeurs différents, tels que les faisait par exemple IBM. Les contrôleurs d'entrées-sorties utilisaient la même interface mémoire que les processeurs. 
Le processeur M236 fut modifié par l'addition de 7 registres d'index (pour FORTRAN) et par l'addition d'un registre de relocation et de limite pour isoler en mémoire les programmes indépendants.

 

Avant même la consolidation de la prise de contrôle de Bull, GE avait commencé une implantation en Europe: ASEA signera une lettre d'intention pour un GE-600 avec accès aux "nuclear codes" écrits par GE Nuclear. En 1965, une équipe centralisée dirigée par Pier Abetti dirigeait la diffusion européenne du GE-600. L'annonce du GE-600 permettait à Bull d'approcher de nouveau les prospects ou ex-clients Gamma 60 et de se positionner auprès des utilisateurs scientifiques, abandonnés depuis la pénétration du marché par les IBM 704 et 7090.

L'équipe d'études Bull qui venait de terminer le petit ordinateur temps réel M-40, fut invitée à faire un avant-projet de système GE-600 de bas de gamme. Ce fut le projet Q26, qui se proposait d'utiliser la technique de microprogrammation par mémoire morte mise en oeuvre dans la M-40 et inconnue des équipes de Phoenix. Cette étude n'aura cependant pas de suite.

 General Electric envisageait pour le GE-600 une utilisation du type IBM 7090, très orientée bandes magnétiques, mais plus automatisée et se passant des ordinateurs périphériques.

Le logiciel GECOS7-II avait pour objectif l'exécution de plusieurs programmes batch en simultanéité. Le partage efficace du temps de processeur était l'objectif essentiel de la science des ordinateurs des années 60s. Il était justifié par le coût des processeurs de haut de gamme. GECOS-II couplé au Datanet-30 permit aussi le remote-batch avec des ordinateurs à distance tels que l'Univac 1004 et le GE-115. Les applications restaient caractérisées par les entrées cartes et des traitements séquentiels où dominaient les bandes magnétiques. Les disques étaient utilisés pour le support du système d'exploitation, le spooling des entrées-sorties et quelques fichiers. Ce n'est pas cependant sur GE-600, mais sur GE-400 que Charlie Bachmann créait le système de bases de données réseaux IDS8. Mais IDS fut, peu après, porté sur GECOS-II.

 

Cependant, la fabrication du GE-600 n'alla pas sans problème: la conception9 du processeur entraîna des problèmes de fabrication. Les dérouleurs de bandes fabriqués par GE ajoutaient des problèmes mécaniques à des problèmes d'intégrité des données. Les nouveaux disques DSU-270 de conception GE ne répondaient pas aux exigences de fiabilité et de performances.

Si la réalisation du compilateur FORTRAN sur GE-600 alla sans problème10, il n'en fut pas de même du compilateur COBOL développé à Phoenix et débuggé en Suède (et à EDF à Issy-les-Moulineaux.) L'EDF décida de renoncer à la réception de son GE-600 puis Bull-General Electric décida de suspendre la commercialisation de cette ligne en Europe jusqu'à redressement de la situation technique. Entre autres, Bull-General Electric dut annuler la commande d'un système GE-635 temps réel pour la Météorologie Nationale.
General Electric avait également renoncé à un contrat très important de Martin-Maretta et arrêtait pour deux ans la commercialisation de la ligne GE-600.

Aux États-Unis, alors que le GE-600 n'avait encore été fabriqué qu'à quelques exemplaires, GE créa la surprise en obtenant un contrat avec le MIT (projet MAC, subventionné par l'ARPA) pour un GE-600 modifié, appelé le GE-645 pour le système MULTICS. Le MIT n'avait pas retenu la candidature IBM, empêtré dans les incertitudes sur son haut de gamme 360 et dans son refus de faire des modifications à l'architecture 360 que le MIT pensait indispensable à son projet. Le GE-645 garde l'essentiel de l'unité d'exécution du 635, mais utilise un système d'adressage très étendu avec segmentation et pagination. Un mécanisme de TLB (appelé alors mémoire associative) permettrait de garder des performances voisines avec celles du GE-635.
Le développement de MULTICS rencontra son propre lot de difficultés. La capacité de mémoire centrale prévue était notoirement insuffisante et le nombre d'utilisateurs possibles sur un 645 était souvent d'un ordre de grandeur inférieur à la centaine espérée. La coexistence avec GECOS, prévue pour assurer un service batch plus efficace, s'avéra décevante et les Bell Laboratories se retiraient du projet en 1969 avec comme conséquence inattendue la naissance du projet UNIX.

Le GE-635 était construit avec une technologie à transistors non intégrés et présentait un certain retard technologique sur IBM et surtout sur RCA. Aussi, un nouveau modèle fut réalisé en 1967 en circuits intégrés TTL par l'équipe matériel (restée ou retournée) à Syracuse. Ses performances étant meilleures que celles du 635, GE décida de le commercialiser au-dessus du 625 et du 635 et l'appela GE-655. Certes les marges étaient très confortables, mais le modèle n'eut pas de succès commercial avant 1970.

Le GE-265 et la publicité donnée à MULTICS avaient mis en lumière une demande pour le time-sharing. Certes, GE avait créé une Information Systems Division pour commercialiser un service commercial time-sharing d'abord sur GE-265 avec le Dartmouth Time-Sharing System puis sa propre version Mk-II sur GE-635. Mais, les autres départements de GE et les gros clients scientifiques souhaitaient aussi disposer d'un tel service sur leur propre GE-600. GECOS-II fut ainsi refondu en GECOS-III "multidimensionnel" en ajoutant au batch et au remote batch un sous-système time-sharing TSS. Cette refonte du noyau de GECOS-III laissera son empreinte sur les versions successives du système d'exploitation jusqu'à nos jours.

Le langage de programmation utilisé dans les années 60s était naturellement l'assembleur GEMAP. Bien que une grande partie des nouveaux logiciels sera plus tard écrit en PL/1, PL/8 un langage spécifique dialecte de PL/1 simplifié, puis C, le noyau du système restera toujours en GMAP11.

Un contrat spécial apporta à GE, puis plus tard à Honeywell, un contrat durable pour la fourniture de systèmes 600 (puis 6000) au Département de la Défense pour le système de C&C WWMCS. Au prix de modifications de GECOS III pour améliorer la sécurité, Phoenix se créait un business qui assurait sa survie12 pendant une dizaine d'années.

General Electric avait Toshiba Corp comme partenaire et licencié au Japon. Toshiba avait naturellement choisi d'exploiter les licences GE dans le domaine informatique (contrôle de processus et informatique générale) et entre autres les systèmes GE-600. C'est ainsi que les Japonais développèrent à la fin des années 60 un système de bas de gamme où les fonctions complexes de l'unité d'exécution étaient microprogrammées. Le système était réalisé au moyen de circuits intégrés T²L. En vertu des accords de licences croisées avec GE, ce design fut plus tard réimporté à Phoenix sous le nom de code ELS (Entry Level System).

John Haanstra qui avait dirigé plusieurs départements techniques d'IBM et qui avait participé (souvent dans l'opposition) à la naissance de la série 360 fut embauché par GE en 1967 et supervisa l'élaboration d'une nouvelle ligne de produits destinée à remplacer les lignes GE-100, GE-400 et GE-600. Les grands systèmes de GE devaient être remplacés par le haut de la gamme APL13. L'état du business grands systèmes de GE était assez catastrophique à cette époque et il n'était même pas prévu d'émulation du décor GE-600 dans cette APL. 
Le choix de la technologie CML pour cette APL s'avéra pour le moins prématuré et John Haanstra dut se consacrer au Computer Department à Phoenix au début 1969. Il entreprit de lancer des développements dans la lignée APL: nouveaux canaux PSI sur 9-bits, sous systèmes d'entrées sorties micro-programmés...
Après un réexamen des possibilités pour GE de se lancer dans une nouvelle ligne de produits (meeting Shangri-La à Hollywood-by-the-Sea, FL), la Direction de GE conclut en avril 1970 par la négative et par un abandon de la fabrication d'informatique. Il arrêta une expérience de 10 ans dans ce business, à l'exception de son activité de services. GE vendit cette activité informatique (filiales européennes comprises) à Honeywell.

Honeywell:

La vision d'Honeywell était plus empirique que celle de General Electric. Actionnaires importants de la Compagnie, ses dirigeants étaient plus sensibles aux résultats à court terme. Ses règles comptables étaient moins conservatrices que celles de GE et un business non rentable pour GE pouvait le devenir pour Honeywell. Une des premières mesures prises fut la baisse de prix du GE-655 rebaptisé H-6000 qui, réseau commercial plus étoffé aidant, acquit un succès commercial, non seulement aux États-Unis, mais aussi en Europe chez Honeywell-Bull. Par contre, la gamme de produits H-200 s'essoufflait devant l'IBM/360 puis 370 et Honeywell n'avait pas de produits dans ses cartons. Peut-être impressionné par le caractère méthodique des études de nouvelle ligne GE, Honeywell décida de lancer la NPL, qui était proche de l'APL de GE, mais en y ajoutant une stratégie généralisée d'émulation du parc existant GE-100, H-200 et peut-être même du GE-600. Mais la NPL, elle aussi, creva ses coûts de développements et ses délais. Elle vit finalement le jour en 1974 sous la forme de la Série 60 qui agglomérait produits nouveaux Level 62 et Level 64 et produits anciens Level 61 et Level 66 (nouveau nom du H6000).

Une première série d'évolutions apparut sur le H-6000: une unité de traitement14 de chaînes de caractères et de calcul décimal fut introduite en option sur les processeurs. Les performances furent améliorées au point de donner aux grands systèmes Honeywell une orientation gestion que le GE-600 dérivé du marché temps réel n'avait pas à l'origine. Un dispositif de cache, d'abord avec "flushing" contrôlé par logiciel, puis automatique, fut introduit. Les périphériques bénéficièrent de l'apport de Honeywell. Un peu plus tard, fut prise la stratégie d'avoir recours aux périphériques OEM en particulier à travers une joint-venture avec Control Data.

Un essai de reprise du parc H2000 sur Level 66 par reconnexion d'un processeur H3200 sur l'interface mémoire du H-6000 fut réalisé, mais une telle stratégie de reprise était trop coûteuse pour le constructeur quand la configuration périphérique n'apportait pas au client de révolution attrayante en matière de prix ou de fonctions.

La stratégie prévue par Honeywell en 1972 prévoyait de remplacer la ligne 66 par un modèle NPL dans la deuxième moitié de la décennie 1970 et de réaliser auparavant la fusion de GCOS et de MULTICS sur une plate-forme de décor MULTICS. Cette stratégie s'effondra au début 1973 quand Walker Dix (ex-GE) fut nommé directeur de l'engineering US (Boston ex-Honeywell + Phoenix). Il décida l'adoption d'un nouvelle architecture de processeur qui, au lieu d'un adressage segmenté (celui de Multics), introduisait un système de protection à capabilités, réputé plus impénétrable et prétendu pouvoir être ajouté aux systèmes déjà construits.
Multics devra donc survivre avec comme plate-forme matériel un processeur avec une technologie datant de 1969 (celle du 6180, rebaptisé system 68).15

L'introduction du nouveau système d'adressage NSA (New Six Thousands Architecture) fut annoncé dès 1973, mais l'adaptation du logiciel sera élaborée très progressivement et de manière non uniforme16. Outre ce changement de l'adressage, la ligne 66 standardisait le type de données sur des bytes de 9-bits codés en ASCII devant se substituer progressivement au code originel traitant des caractères sur 6-bits. Cette conversion BCD-ASCII sera très visible aux utilisateurs et la maintenance des sous-systèmes BCD devra être poursuivie jusque au milieu des années 1980s.

Un essai de reprise du parc H2000 sur Level 66 par reconnexion d'un processeur H3200 sur l'interface mémoire du H-6000 fut réalisé, mais une telle stratégie de reprise était trop coûteuse pour le constructeur quand la configuration périphérique n'apportait pas au client de révolution attrayante en matière de prix ou de fonctions.

GCOS III fut rebaptisé GCOS8. Le design d'un kernel nouveau sera abandonné et la réimportation d'un design Toshiba sera substitué au kernel GCOS-III. L'introduction de nouvelles fonctions dans GCOS8 se fera de manière incrémentale et le système d'exploitation ne sera pas fondamentalement refondu jusqu'à nos jours.

Les matériels furent de nouveau rebaptisés sous le nom de DPS-8. Les mots Distributed Processing System avaient pour objectif de donner une image de gamme couvrant toutes les applications du client et pouvant s'adapter à ses exigences de déconcentration ou de décentralisation géographique. Ils devancent aussi la réalisation de l'architecture DSA17 alors en cours de conception et qui sera introduite plus tard. Le sommet de la gamme était le DPS8-70, les modèles inférieurs étant dégradés et/ou de configuration limitée.

Nouvelle technologie:

Sur le plan technologie, Honeywell avait racheté le département semi-conducteurs de GE de Colorado Springs qui avait, outre la CML18, hérité des développements avancés d'interconnexions puces - cartes, conçues à Syracuse à la fin des années 60. Phoenix, en liaison étroite avec les services de Honeywell-Bull de Saint-Ouen, avait dans ses cartons un projet de l'utilisation de cette technologie19 pour de grands systèmes à refroidissement par liquide20.

Le premier projet entrepris à l'aide de cette technologie fut celui du Med-6, annoncé sous le nom de 66-85, en 1976. Deux raisons entraînèrent l'arrêt du projet: le choix de réaliser un système bi-processeurs sans contrôle d'intégrité se contrôlant l'un l'autre et des problèmes de prolifération biologique dans les circuits de refroidissement à eau. Compte tenu du faible degré de LSIfication des circuits de cette époque, l'amélioration de performances pures liée à l'impasse sur la redondance était de loin compensée par l'augmentation du coût des processeurs. Le problème de tuyaux était, à l'époque, difficile à résoudre techniquement car les adjuvants antibiotiques proposés s'avéraient contaminants pour l'environnement en cas de fuites.

Un nouveau processeur de bas de gamme le DPS-8000 (né RPM) fut introduit au début des années 80s. Le RPM était essentiellement une transposition du design du système d'entrée de gamme (ELS) en technologie "gate arrays" CML. Cette technologie permettait une augmentation notable des performances sans trop en augmenter le coût car les gate arrays permettaient de diminuer le nombre de composants. Le succès commercial fut assez inférieur aux prévisions, car Honeywell avait compté sur une explosion du marché des systèmes distribués qui ne survint en fait que sur les systèmes ouverts une dizaine d'années plus tard.

Un autre projet fut mené jusqu'à terme, ce fut "Orion21", le DPS-88. Ce modèle possédait un pipe-line multi-étages et des dispositifs de prédiction de branchements, ainsi qu'un store-into cache. Il souffrait cependant d'un niveau d'intégration insuffisant pour une telle complexité logique. Le programme de fabrication du DPS-88 (comme celui du DPS-722) est sérieusement compromis par la substitution du cuivre à l'or dans la fabrication des micro-packs et l'existence d'un phénomène d'électro-migration.

L'architecture des entrées-sorties, qui était à l'origine celle des canaux CPI de la série GE-400, évoluèrent quelque peu en intégrant les périphériques NPL avec l'introduction des canaux PSI (canaux étoilés parallèles sur 9-bits), puis vers le support du Byte Multiplexer Channel d'IBM, requis par l'Administration Américaine (FIPS60). En bas de gamme, le DPS-8000 supporta des sous-systèmes périphériques Control Data à l'interface IPI-3.

Les ordinateurs frontaux ont aussi évolué. Succédant au Datanet 30 vers 1968, le Datanet 355 était, lui aussi, issu du département Process Control Computer de GE. Après la fusion Honeywell, il fut partiellement remplacé par un Honeywell 316. Enfin le développement d'une ligne de minicomputers et la fusion CII-Honeywell Bull entraîna la naissance d'un nouveau frontal de réseau et la création d'une architecture DSA (Distributed System Architecture). Le DPS-6 frontal et le logiciel (Bull) furent connectés au système central au moyen de la même interface DIA que les frontaux précédents, et devaient émuler une partie des fonctions Datanet (connexions time-sharing et remote-batch). Plus tard, à la fin des années 80s, les frontaux à base DPS-6 furent remplacés par des machines à base de microprocesseurs Motorola. Le logiciel DNS du frontal fut d'abord réécrit à Louveciennes en un langage portable sur Level 6 et sur MC68000. Le passage sur des frontaux à architecture "ouverte" permit de supporter les protocoles TCP/IP et de permettre une intégration des systèmes GCOS dans le monde d'Internet et d'Intranet.

En dehors de GCOS et de MULTICS, plusieurs autres systèmes d'exploitations ont été développés sur la ligne de produits. Des variantes de GCOS ont été intégrées par la suite dans le système principal, les moins inconnues furent : WWMCS pour lequel la division Federal Systems Division mit au point un contrôle d'accès (avec des niveaux de confidentialité) aux fichiers et WEYCOS (développé pour Weyerhauser à la fin des années 60) sur lequel fut développé un système d'intégrité des bases de données, utilisé plus tard par tous les sous-systèmes transactionnels. Lorsque Honeywell acquit le business de Xerox Data Systems vers 1975, l'équipe XDS de Los Angeles porta sur Level66 le système d'exploitation du Sigma 7 sous le nom de CP/623. General Electric a, par ailleurs, continué son système d'exploitation Mark-III privé time-sharing sur H-6000 et DPS-8 ; ce système supportait des canaux IBM bien avant les systèmes de Honeywell.

ACOS6 fut développé par NEC sur la base GCOS. Après 1985, des velléités de fusion de GCOS8 et de ACOS6 échouèrent suite au désir de NEC de ne pas prendre d'engagements sur cette ligne de produits et à la stratégie de Honeywell-Bull qui était de ne pas cesser la fourniture de développements incrémentaux à ses gros clients.

Aujourd'hui, on qualifie volontiers GCOS8 de grand serveur transactionnel. Ce serait oublier que l'histoire du transactionnel sur cette ligne de produits ne s'est pas déroulée sans vicissitudes. Le design de GECOS III n'avait pas envisagé initialement d'autre stratégie que le time-sharing pour les traitements interactifs. Les bases de données (IDS en particulier) ne supportaient à l'origine que des mises à jour en batch processing. Des systèmes spécifiques écrits pour des clients permettaient l'interrogation des bases de données à partir des terminaux. Plus tard, le lancement de jobs batch depuis les terminaux time-sharing permirent de partager les bases de données (avec un verrouillage au niveau fichier, ce qui n'était guère commode avec des bases de données IDS). Ce sont des développements commencés par Bull sur des clients GE-400 qui convainquirent , à la fin des années 70, les responsables de Phoenix de fournir un système standard TDS de gestion de transactions qui comprenait des journaux de transactions et des mises à jour des bases de données. L'évolution de ce sous-système en DM-IV TP, puis TP-8 introduisit d'abord le support des données en ASCII sur 9-bits, puis utilisa les capacités de partage de code permis par l'architecture NSA, et enfin fut adaptée au multiprocesseur24.

Alliance NEC:

La seconde partie de l'histoire des grands systèmes du Groupe Bull se déroule à partir de 1983.

Il faut se souvenir que si Toshiba avait été licencié de General Electric, Honeywell avait conclu des accords similaires avec Honeywell et que NEC avait assez étroitement participé aux études de la NPL et avait signé des accords de licence avec Honeywell sur presque toutes ses lignes de produits. En 1970, sous la pression du MITI, Toshiba25 doit s'unir à NEC dans une société NEC-TIS (Toshiba Information Systems). Certains développements furent cependant continués par Toshiba et par exemple un premier portage du noyau de GCOSIII sur décor NSA fut entrepris par Toshiba qui en rétrocéda la licence à Honeywell.

Après la mise en commun des acquis GCOS entre NEC et Toshiba sous la bannière NEC, NEC offre deux lignes de produits en parallèle: la ligne ACOS4 dérivée du niveau 64 de Bull et la ligne ACOS6 dérivée de la ligne 36-bits de GE-Honeywell. Au début, les systèmes ACOS6 ne s'écartent guère de l'offre de Phoenix et des ingénieurs Japonais travaillent à Phoenix. Cependant, NEC donne priorité à ACOS-4 dont les modèles sont introduits avant les modèles ACOS6 de technologie équivalente (contrairement à la stratégie Honeywell et Bull qui privilégieront toujours GCOS8 en haut de gamme).

Après l'échec du Med-6, NEC décide de développer indépendamment ses processeurs en utilisant le maximum de développements communs entre les lignes ACOS6 et ACOS4. NEC développe des circuits LSI CML et un micropackaging -d'ailleurs dérivé de celui inventé par GE- qu'il introduit sur ses deux lignes ACOS.

En 1980, NEC annonce le processeur ACOS1000 qui dépasse les performances du modèle contemporain 3081 d'IBM. C'est alors que General Electric intervient de nouveau dans notre histoire. GEISD (Information Systems Division) avait continué son business service bureau et time-sharing après la vente du département ordinateurs à Honeywell. Tout en gardant des matériels DPS8 sous MarkIII pour le noyau de son système time-sharing, il utilisait aussi des systèmes IBM MVS pour le système batch et n'était finalement qu'un opérateur marginal sous GCOS. GE sollicita donc de NEC une offre de matériels ACOS1000 et signa un contrat d'achats de systèmes, au grand dam de Honeywell et de Bull - ce dernier étant également intéressé par le centre européen de GEISD situé à Amsterdam.

Finalement, compte tenu des problèmes de fiabilité du DPS-88. Honeywell prend la décision d'acheter en OEM le système central de ACOS1000, de lui connecter les sous-systèmes périphériques de la ligne GCOS8 et d'y porter son logiciel GCOS8. Les différences d'architecture entre les modèles NEC et Honeywell sont marginales et ce ne sont que des problèmes26 de synchronisation de releases de logiciel et de disponibilité de nouveaux périphériques (spécialement la connexion d'un adaptateur de canaux IBM) qui retarderont l'introduction du DPS-90 (alias Ajax, nom donné à l' ACOS1000) jusque 1984.

La question d'un portage de Multics sur cette machine se posa. En fait, NEC ne s'était pas intéressé à Multics et n'avait pas envisagé la possibilité d'une extension de l'adressage dans ce sens. Dans une machine très peu modulaire, une telle modification entraînait un redesign du processeur dont Honeywell ne voulait pas supporter les conséquences financières.

L'importation des processeurs DPS-90 du Japon eut comme conséquence la fermeture de l'usine de fabrication de Phoenix et le transfert des fabrications plus classiques (DPS-8000 et contrôleurs de périphériques) dans les usines de Boston et d'Angers. Phoenix devint progressivement un centre de R&D de plus en plus concentré sur le logiciel GCOS8.

Au début des années 80, Honeywell s'était convaincu du caractère irrésistible de l'attraction du marché vers les systèmes ouverts et de l'impossibilité de se vouloir le seul fournisseur27 informatique de ses clients. Par l'intermédiaire de RPQ des gros clients, la connexion de sous-systèmes étrangers achetés indépendamment se fit jour. Lorsqu'une connexion semblait intéresser un marché significatif, Honeywell et Bull préférèrent souvent devancer les initiatives des concurrents et offrirent eux-mêmes la commercialisation de ces produits. C'est pour devancer Hitachi-Comparex et pour satisfaire le "Buy American Act" sur DPS-90 que la commercialisation des sous-systèmes disques IBM fut lancée. Une des premières initiatives fut l'interconnexion de systèmes à travers les réseaux Hyperchannel de Network Systems Corporation, qui permit de connecter des systèmes GCOS à des mainframes IBM et à des supercalculateurs; cette interconnexion permit à de gros clients de banaliser l'usage de ses terminaux et d'assurer l'archivage de ses gros centres de calcul sur des systèmes moins onéreux. Dans ce cadre, Honeywell-Bull conclut des accords avec StorageTek pour connecter ses librairies de cartouches magnétiques aux systèmes de GCOS. On peut noter que, au début28, les librairies étaient contrôlées par un système IBM4331 relié au système GCOS par un adaptateur canal à canal.

Le logiciel a aussi évolué. Durant les années 70, Honeywell était convaincu de la supériorité des organisations CODASYL des bases de données. Honeywell était l'un des constructeurs le plus influent sur l'évolution de COBOL et en espérait la standardisation de son système de bases de données. D'autre part, IDS2 présentait des avantages de performances sur les premiers systèmes relationnels DB2, compte tenu du matériel de l'époque. Les responsables de GCOS8 s'aperçurent, au milieu des années 70, que l'idée d'une base de données unique IDS2 pour une entreprise n'était pas raisonnable et GCOS offrit une coexistence de plusieurs organisations ISAM (appelée UFAS) et IDS, en attendant la création d'un système relationnel qui vit le jour d'abord comme une superstructure au dessus des organisations existantes, puis ayant son propre moteur relationnel.

Un peu avant 1985, apparurent de nombreux fournisseurs29 de "machines bases de données". Ces machines utilisaient des microprocesseurs standard pour effectuer des opérations de recherche en parallèle et multipliaient les canaux de transfert vers des disques. GCOS8 fut adapté comme client du système proposé par Teradata30, système basé sur les x86 et un bus particulier. Ce système n'était cependant pas adapté au marché principal des mainframes qui restait celui des applications transactionnelles. Pour le système Teradata, il devenait plus commode de rattacher directement les clients finaux (stations de travail) au serveur que de passer par un système GCOS intermédiaire.

La coopération avec StorageTek s'étendit au marché des sous-systèmes RAID, mais les retards du projet Iceberg conduisirent Bull à utiliser comme d'autres sous-systèmes disques, tels les produits EMC, plus simples et plus économiques.

Le contrôle par Bull:

NEC avait prévu un successeur le S2000 à l'ACOS-S1000. Les plans en furent quelque peu modifiés pour devenir le DPS 9000 (Titan), en particulier le refroidissement à eau fut introduit pour diminuer le bruit de ventilation, et justifier l'investissement des clients Honeywell dans le DPS-88. Cette machine était la dernière machine prévue par NEC dans la gamme ACOS6, car le marché scientifique de ACOS6 au Japon était érodé par les supercalculateurs et les systèmes UNIX, le marché gestion commençant à migrer vers ACOS4.

Cependant, Honeywell-Bull (devenu entre temps filiale de Bull Paris et ayant mieux intégré le business mondial de la ligne) fit pression sur NEC pour fournir un matériel encore plus puissant: le DPS 9000-900 (Zeus) qui proposait un processeur contenait une seule plaque de 9 substrats de grande taille avec des puces VLSI CML, toujours avec refroidissement à eau. La mémoire centrale en SRAM était dérivée de celle du supercalculateur SX-2. Zeus reste encore le monoprocesseur "mainframe" "general purpose" le plus puissant au monde.

Il devint évident en 1992 que Zeus allait être un des derniers membres des ordinateurs en technologie bipolaire micropackaging. Déjà en 1986, Bull réalisait un DPS-7 en une seule plaque de circuits CMOS et en 1991 sortait Auriga 1. Ce programme Auriga fut appliqué à la ligne GCOS8 dans le programme appelé en interne RPM-II (commercialisé sous le nom DPS 9000-300). Ce programme était un design fait par les équipes de Phoenix utilisant les outils de développement et la technologie mis au point aux Clayes-sous-Bois par les équipes de Bull. Tout comme le système Auriga, le processeur était réalisé en une plaque et jusqu'à 6 processeurs et deux IOC pouvaient être implantés dans un tiroir.

Après que le programme Auriga-2 (alias Artémis) fut achevé sur la ligne DPS-7, un développement coopératif entre Bull (Paris et Phoenix) et NEC fut entrepris sur les lignes ACOS6/GCOS8: ce fut le projet Jupiter (annoncé sous le nom de DPS 9000/700). Ce développement inversait en quelque sorte les rôles remplis pour Zeus: Bull réalisant cette fois le processeur pour NEC. Jupiter contient 7.1 millions de transistors. Le nombre de processeurs est étendu à 8. Chaque processeur dispose d'un cache particulier L1 et d'un cache L2 partagé entre 4 processeurs. La plaque comprend 4 processeurs et le système complet tient dans un tiroir à refroidissement à air.


Les premiers systèmes en ont été livrés au Japon en décembre 1996 et en 1997 sur le marché Bull.

Notes :

1Egalement commercialisé sous le nom de GE-210 en dehors de la Bank of America.
2 avec une interruption entre 1968 et 1971.
3Auteur du FORTRAN sur M236 et directeur du Département Mathématique à Schenectady.
4 Le reste de l'équipe essaya de développer des versions militaires M605 et A605. Elle reprit la maintenance du GE-645 en 1967.
5 Cette architecture était quelque peu pénalisante sur le plan "shop cost" pour un système moyen, mais elle a permis la couverture d'une gamme très large avec un coût engineering relativement réduit.
6 Le 635 a eu un moment le nom de code Q-1.
7 GEneral Comprehensive Operating System. GECOS-I est une première version interne à l'Engineering non commercialisée.
8 Integrated Data Store.
9 Le processeur n'était pas conçu sur une base "worst case" des spécifications des transistors, mais sur une base "statistique". La fiabilité ne résista pas à un changement de constructeur décidé par la fabrication.
10 Le FORTRAN de GECOS reprenait celui du M236.
11 GEMAP comme GECOS perdront leur E après l'absorption par Honeywell.
12 L'existence de ce contrat empêchait une compagnie très engagée dans les contrats de Défense, comme Honeywell, d'arrêter brutalement la ligne de produits.
13 Appelée aussi dans son premier avant projet L178 avec trois modèles E,R et W.
14 baptisée EIS Extended Instruction Set
15 Après 1975, avec la fusion CII Honeywell-Bull, une trentaine de processeurs 68-80 seront encore livrés en France souvent en substitution à des Iris 80.
16 Les conventions de linkage et même de compilation seront différentes selon les sous-systèmes batch, time-sharing et transactionnels.
17 Distributed System Architecture, développée par Honeywell et CII-HB à partir de 1975.
18 Current Mode logic, une forme d'ECL avec non-saturation de courant, aussi rapide, mais moins consommatrice de courant
19 Cependant le refroidissement à air sera utilisé pour le DPS-7 en France et par NEC au Japon sur les lignes ACOS.
20 La technologie à liquide introduite par Control Data et IBM était imposé par les contraintes de dissipation calorifique dans un espace de plus en plus réduit. La plupart des serveurs de l'époque étaient encore servis par des opérateurs à qui l'on voulait éviter une ambiance industrielle de bruit (normes suédoises).
21 appelé aussi ADP.
22 voir le livre de Jean-Pierre Brulé "L'informatique malade de l'État".
23 On pourrait s'étonner que ce système n'ait pas été commercialisé en France dans le cadre de la fusion CII-Honeywell-Bull. En réalité, CP/6 se limitait aux fonctions time-sharing qui avaient été développées indépendamment par XDS sur CP/5 et par CII sur Siris8. Il faut noter que l'émulation de l'Iris 80 sur le système Med-6 avait été étudiée et rejetée au profit du émulation sur DPS-7 et de l' introduction de Multics sur le marché Français.
24 TDS, tout comme CICS de IBM, était considéré par le noyau du système comme un seul programme (une seule "thread" au niveau du dispatcher central).
25 à la notoire exception des micro-ordinateurs
26 Les produits NEC devaient en outre être modifiés pour supporter les normes US et Européennes et être conformes aux systèmes informatisés de Honeywell (et de Bull).
27 Ce n'était pas le cas en 1972-1975 où l'on demandait aux ingénieurs des modifications d'interface pour interdire aux "clones" de se greffer sur les systèmes. Les interfaces internes de GCOS ne furent jamais officiellement publiées.
28 Cette connexion sera plus tard remplacée par un mini processeur UNIX connecté par liaison FDDI.
29 En France, Copernique développa ce type de machines qui fut utilisé en connexion du DPS-6, mais pas sur GCOS8.
30 racheté par NCR au début des années 90.

Références:

L'histoire de l'engagement de General Electric dans l'industrie informatique et du début des grands systèmes de Bull est décrite dans le livre de Barney Oldfield (The King of the the seven dwarves) et dans la publication de l'IEEE Annals of Computing (1995) http://www.computer.org/annals/
L'éclairage donné par ses documents reflète essentiellement l'opinion des techniciens de GE, développeurs du GE-600, frustrés par les contraintes imposées par le management du Groupe.

Une histoire des ordinateurs GCOS a été publiée récemment dans l'IEEE Annals of Computing en oct 1997.
Écrite par Bill Shelley qui est l'un des principaux designers de processeurs à Phoenix, elle se concentre essentiellement sur la période 1962-1975. Elle inclut aussi un bon aperçu des caractéristiques du logiciel de GCOS.

Multics est bien documenté sur le Web. Un point de départ en est http://www.multicians.org. Les articles historiques publiés à l'occasion de la FJCC 1965 sont reproduits dans . La description de la fin de Multics décrite sur ce site est un peu partisane et porte la marque du ressentiment (compréhensible) des créateurs de Boston contre leurs "rivaux" de Phoenix et de Paris. Le portage de Multics sur un minicomputer n'aurait probablement pas pu concurrencer utilement le succès d'un UNIX disponible gratuitement aux universités.

L'histoire de la division services informatiques de GE restée en dehors de la fusion Honeywell de 1970 n'a pas, semble-t-il, été écrite. Certains développements spécifiques, surtout dans l'intégration entre les systèmes Honeywell et IBM, tant du point de vue logiciel que matériel ont été réalisés à l'initiative de cette division.

Il n'existe pas, à la connaissance de l'auteur, de publications documentant les relations de NEC avec ses partenaires. NEC a observé une grande discrétion sur ces relations et se contentant de signaler les accords de distribution par Honeywell et Bull de ses produits. Bull a habituellement préféré minimiser ces accords jusqu'à la récente prise de participation de NEC dans son capital.

© avril 1998 Jean Bellec colloque Histoire de l'informatique de Toulouse