Prévisions CII 1970 – 1976 

 

I - OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES

1. Avant d'entreprendre une analyse de la situation présente de la Compagnie et d'examiner ses perspectives d'avenir, il a paru souhaitable de résumer brièvement le programme sur lequel elle s'était engagée au moment de la signature du Plan Calcul, le 13 avril 1967, à partir de la fusion opérationnelle des équipes de la CAE et de la SEA.
Cette Convention prévoyait sur le plan financier des engagements des Sociétés-mères de la CII d'une part, et des engagements de l'État d'autre part. Ces engagements ont été tenus jusqu'à présent et, en contrepartie de ces engagements, la CII devait :

2. Un programme de travaux accompagnait la Convention

Recette prototype  Sortie en série
P0
Pl
P2
P3
P0M 
P2M
février 69
janvier 69  
juillet 69  
avril 69 
avril 69 
juillet 70
août 69
juillet 69
janvier 70
décembre 69
décembre 69 
janvier 71

Ce programme très ambitieux n'a pas été entièrement tenu malgré les moyens financiers et humains mis en œuvre :
P0 a été volontairement retardé pour ne pas nuire à la commercialisation de P1,
P1 a vu son programme respecté jusqu'à maintenant, mais la sortie en série a 6 mois de retard,
P2 a été volontairement retardé en raison de la possibilité de prolonger la commercialisation d'un produit similaire antérieur.
P3 a 8 mois de retard, en moyenne, actuellement,
P0M est sensiblement dans ses délais,
P2M voit son avenir très incertain dans les programmes militaires.

3. La Convention prévoyait également une cadence d'expansion matérialisée par l'évolution du chiffre d'affaires (hors études Plan Calcul) réel et hors taxes de 1967 192 MF (réalisé : 167 MF)
1968 253 MF (réalisé : 173 MF)
1969 316 MF (réalisé : 267 MF)
1970 424 MF (budget actuel 322 MF)
1971 488 M
Les objectifs n'ont donc pas été atteints.

4. Enfin, sans entrer dans le détail de l'évolution des capitaux depuis l'origine, on notera que :

5. - Les prises de commandes 1969 s'élèvent à 537 MF dont:
Affaires civiles          277 MF
Affaires militaires     145 MF
Marchés Plan Calcul 115 MF

- La facturation 1969 s'élève à 375 MF se répartissant ainsi:
Affaires civiles           173 MF
Affaires militaires       94 MF
Marchés Plan Calcul 108 MF

Hors Plan Calcul, le chiffre d'affaires sera donc de 267 MF contre 316 MF prévus à la Convention.

- Le portefeuille commercial est passé, du 1er janvier au 31 décembre 1969, de 350 MF à 512 MF, avec la répartition suivante :
Affaires civiles 203 MF passant à 307 MF
Affaires militaires 111 MF passant à 162 MF
Plan Calcul et divers 36 MF passant à 43 MF

6. En ce qui concerne l'équilibre de la Société, l'examen des résultats comptables et budgétaires fait naître les observations suivantes sur la couverture des frais généraux :

- Sur le plan des études d'abord, on doit ajouter au chiffre des études propres, celui des études Plan Calcul qui correspondent aujourd'hui au soutien de la Convention.

On obtient ainsi au total ( en PRU ) :
· 90 MF pour les études civiles,
· 15 MF pour les études militaires.

En ce qui concerne les frais commerciaux, il est facile d'isoler les activités militaires qui sont rassemblées dans une Division autonome. On obtient aujourd'hui un total annuel de 35 MF ainsi répartis :
· 32 MF du côté civil,
· 3 MF du côté militaire.

- Si l'on admet en première analyse que les charges générales (hors études et frais commerciaux), soit 45 MF, se répartissent au prorata du chiffre d'affaires, on voit qu'en l'absence d'une Convention Plan Calcul, nous aurions un montant des frais généraux de 185 MF en face d'un chiffre d'affaires total de 267 MF, mais l'activité civile, à l'intérieur de ces montants imposerait 151 MF de frais généraux pour 173 MF de chiffre d'affaires civil réel.

Ce rapprochement montre clairement qu'une expansion considérable de l'activité civile de la CII reste à obtenir avant d'atteindre l'équilibre de la Société sur la base des structures et du train de vie actuel.

7. L'expansion trop rapide de la société, triplant les effectifs en trois ans, a provoqué un désordre industriel qui a conduit à un alourdissement des valeurs d'exploitation. En fin 1969, il apparaît une perte comprise entre 36 MF et 43 MF retenue, dans les calculs ci-dessous, pour un montant de 40 MF.

Ce chiffre correspond, pour une large part, à l'assainissement des valeurs d'exploitation au terme des trois premières années de démarrage de la Société.

L'expansion très rapide imposée à la CII (effectif triplé en trois ans) et la mise en route de l'usine de Toulouse correspondant aux mises en production des nouveaux matériels ont provoqué ces dépenses assimilables à des frais de lancement.

Il parait nécessaire de couvrir ces frais exceptionnels de lancement par une mesure exceptionnelle qui devrait être étudiée avec les Pouvoirs publics.Cette mesure exceptionnelle est indispensable pour éviter une très grave détérioration du bilan de CII susceptible de paralyser toutes opérations financières à venir.

Le bilan prévisionnel au 31 décembre 1969 figure à l'annexe n° 3. Il traduit les trois points faibles résultant de l'évolution qui vient d'être décrite :

La situation de la trésorerie de la Compagnie est extrêmement tendue et le financement de l'année 1970 n'est pas définitivement assuré. Il est apparent que la CII a tiré le plus grand parti possible des sources de capitaux prévues et qu'un glissement inattendu des recettes suffirait à la mettre en difficulté.

Suivent trois annexes, non reproduites ici :

 

II - CATALOGUE DES PRODUITS CII

1. Le tableau joint de l' Annexe 4 (tableau simplifié donné ci-après) donne les principales caractéristiques des matériels commercialisés par la CII, compte-tenu de ceux existant au catalogue des Sociétés CAE et SEA au moment de leur fusion.

A côté des principales caractéristiques techniques, on trouve l'origine des études du matériel, les dates de livraison et le prix de vente moyen d'un système comportant chacun de ces calculateurs. Enfin, on trouve dans le bas du tableau la vocation principale du calculateur : temps réel, scientifique ou gestion.

Ce tableau fait apparaître deux éléments importants :
- Hormis les deux matériels SEA 3900 et 4000, aucun des calculateurs antérieurs au P1 n'a été conçu pour la gestion. Cependant, le 10070 a été adapté à la gestion grâce à des travaux originaux de CII qui ont permis d'accroître largement les ventes et la durée de ce produit.
- Si l'on excepte le petit calculateur 10010, récemment baptisé Iris 10 pour sa commercialisation à l'intérieur de systèmes, et qui est une réalisation dérivée directement des techniques SDS, le premier calculateur original de la CII est bien P1 (Iris 50) dont les premières livraisons sont prévues en 1970.

Ces deux observations montrent bien que la CII est encore une société modeste et confirment qu'il est difficile aujourd'hui de juger du succès ou de l'insuccès du Plan Calcul.

2. Anciennes générations de calculateurs :

Il s'agit essentiellement des calculateurs suivants :

68 systèmes de la première série, 114 de la seconde et environ 40 de la 3ème sont en clientèle ; l'EDF et le CEA en ce qui concerne les premières séries, et les banques en ce qui concerne la 3ème, constituent les principaux clients.

On se trouve donc devant des matériels disparates et pour certains sans prolongements dans la gamme actuelle.

3. Produits de transition actuellement en vente :

Le catalogue dont dispose aujourd'hui la Compagnie est limité aux trois appareils : 10010 (Iris 10), 10020 (SDS S 2), 10070 (SDS S 7) :

4. Calculateurs du Plan Calcul en cours d'étude, de développement et de fabrication :

Il s'agit essentiellement de la série P qui constitue le premier objet du Plan Calcul et dont l'exécution a manifestement bénéficié des plus grands efforts de la Compagnie.

- La CII a fait porter son action en premier lieu sur P1 (Iris 50), dont la commercialisation vient d'être lancée ; P0 est une version dépouillée de ce calculateur, compatible évidemment avec lui, dont les performances ont été volontairement réduites pour admettre un environnement plus économique. P0 ne sera pas présenté avant que P1 n'ait connu un débouché appréciable sur le plan commercial.

- La définition de P1 (Iris 50) date de début 1967. Après la sortie de la présérie au début 1970, la livraison des premières machines de série construites à l'usine de production de Toulouse, devrait avoir lieu au cours de l'été 1970 avec son software ; un intervalle de 3 ans entre la définition et la sortie de série d'un tel produit constitue une réussite technique et industrielle dans une compagnie jeune.

Au cours des prochaines années, un programme de près de 450 machines P0 et P1 est prévu, représentant un chiffre d'affaires de plus d'un milliard. Le calculateur P1 semble considéré aujourd'hui par la clientèle comme une machine satisfaisante et compétitive.

- En ce qui concerne P3 (Iris 80), le bon aboutissement des études de hardware constitue en lui-même un succès technique pour la CII étant donné le niveau élevé de complexité du système très au-delà des réalisations précédentes de la Société. Iris 80 se situe en effet au niveau des IBM 360.75 et 85, avec une souplesse d'emploi plus grande ; il représente aujourd'hui le calculateur européen le plus moderne et le plus performant. 
Enfin, il faut signaler qu'Iris 80 parait avoir reçu un accueil très favorable sur le plan commercial.

5. Produits en projet :

Deux projets de calculateurs ont fait l'objet d'une étude sérieuse ; il est nécessaire, en effet, de pallier deux défauts du catalogue actuel qui risquent d'avoir de rapides répercussions :

P2 :
- La non-compatibilité entre P1 et le 10070 (et par suite avec P3) rend impossible la translation de la clientèle de P1 vers un matériel plus performant. La CII perdrait certainement une part de la clientèle acquise à P1 ou susceptible de s'intéresser à P1 si on ne lui offrait pas la perspective d'un débouché vers une machine plus puissante, capable d'utiliser les softwares d'applications précédemment mis au point.

Q0 :
- Les machines 10010 et 10020 verront progressivement leur diffusion décroître ; pour prendre le relais, CII a prévu un petit ordinateur Q0 dont les premières livraisons pourraient intervenir vers 1972.

6. Périphériques :

La Convention Plan Calcul mentionne un rôle important de la CII dans la politique française des périphériques, mais ne laisse pas entendre que la Compagnie aura à réaliser elle-même certains d'entre eux.
En fait, la nécessité commerciale de présenter un catalogue de périphériques standards autour d'un calculateur, a conduit la CII à pratiquer une politique de périphériques propres.
La CII n'a pas cherché à réaliser intégralement les périphériques de son catalogue ; elle utilise les sous-ensembles électromécaniques vendus isolément par d'autres industriels telles qu'imprimantes, lecteurs de bandes et de cartes, perforatrices, etc. et leur associe des unités de liaisons réalisées dans la même technologie que ses ordinateurs.
L'étude de ces unités périphériques constitue une charge importante pour les moyens techniques de la société et constitue l'une des principales causes de ses retards de livraison. Il convient de noter qu'une remise en ordre des domaines CII et SPERAC conduira en 1970 à certains transferts entre les deux sociétés. Les prévisions du présent rapport ne tiennent pas compte de ces mouvements qui devront entraîner des transferts de crédits d'étude non envisagés ici.

7. Matériels militaires

Enfin, le catalogue des produits de la CII comporte certains matériels militaires :

- Un premier produit n'est pas véritablement un produit de catalogue ; il a été réalisé pour la SEREB et le STCAN à l'intention des installations d'engins MSBS et SSBS. La première affaire a débuté en 1962 dans le cadre de la CAE ; la SEREB décida de confier à la Société le dispositif de tests des engins SSBS en silos qui sont aujourd'hui en cours d'installation sur le plateau du Vaucluse. 
Une installation différente, ayant cependant le même objet, fut ultérieurement confiée à la CII pour les sous-marins nucléaires.
19 installations de contrôle programmé ont été ainsi commandées pour l'affaire SSBS, 34 pour l'affaire MSBS.
Ces importantes affaires ne semblent pas appelées à connaître des suites prochaines.

- Le calculateur P0M (IRIS 35M) par contre, est une machine réalisée dans le cadre du Plan Calcul militaire et correspond à certains besoins identifiés depuis l'origine qui représentent plus de 200 machines.
Tenu à un planning très serré, le calculateur P0M a été dérivé des études Iris (P0-P1) ; la technologie du matériel civil a été utilisée au maximum bien que la compacité ait pu être fortement accrue.

- Le programme P2M correspond aux besoins des bâtiments d'escadre de la Marine Nationale.
Le marché du calculateur P2M parait s'être limité dès le début à cette unique application et sa position semble très fragile en raison de la modestie du débouché espéré, soit une vingtaine d'appareils. La CII s'efforce actuellement de présenter des solutions allégées du P2M permettant de résoudre le problème de la Marine à un prix acceptable.

8. Génération future :

Les matériels précédents appartiennent à la gamme actuelle des produits CII ; la préparation de l'avenir à long terme exige l'établissement d'un programme de remplacement. Les études préliminaires de définition des produits de la gamme future ont été entreprises et devront s'achever dans l'année en cours.

Annexe 4

Tableau simplifié des caractéristiques techniques des machines.

Matériel
510
90/10

SDS 92

90/40

SDS 930

90/80

SDS 9300

CAB3900
CAB4000

 

10020

SDS sigma2

10070

SDS sigma7

10010

Iris 10

P0

Iris 35

P1

Iris 50

P3

Iris 80

Origine des études
TRW+CAE
SDS SDS SDS SEA
SEA
SDS SDS CII CII CII CII
Premières livraisons CII
1964 1965 1966 1965 1963 1966 1968 1968 1968 1971 1970 1971
Dernières livraisons CII
1968 1969 1969 1968 1969 1969            
PV moyen HT en KF d’un système
1 500
1 200
2 500
5 000
2 500
2 500
800
7 500
200
2 400
3 000
18 000
Applications                        
Temps réel x x x       x x x x x x
Scientifique x   x x     x x   x x x
Gestion         x x   x   x x x


III - EXPANSION PRÉVISIBLE DE LA CII AU COURS DU PLAN

1. Plan d'expansion :

Le plan présenté aujourd'hui débute par la transition entre deux lignes de produits :

Le chevauchement prévisible de la ligne 10 000 et de la ligne P a conduit fin 1968 à revoir la politique de produits. L'ordinateur P2, compatible avec P0 et P1, se trouvait en effet au niveau du 10 070 et à la même époque, alors que l'ordinateur P3 plus puissant était conçu, à juste titre, dans la perspective d'une compatibilité 10 070. Il a donc été décidé,

Les études commerciales entreprises fin 1968 avaient en effet montré que la croissance de la Compagnie entre 1969 et 1972 reposait dans une très large mesure sur le 10 070, étant donné la chute prématurée des C 90 et 4 000.

Les créneaux " gros systèmes temps réel et scientifique " pour lesquels le 10 070 avait été conçu par SDS s'avéraient tout à fait insuffisants en France et en Europe pour assurer la croissance nécessaire. D'une part, en effet, le marché des grands systèmes temps réel est relativement plus faible en Europe qu'aux USA, d'autre part, avec la série IBM 360, la demande en ordinateurs " universels " (gestion et scientifique) se généralisait dans cette classe, au détriment de matériels plus spécialisés. C'est ainsi qu'a été décidé fin 1968, à la fois de reporter P2 et " d'élargir " le 10 070 avec :

Ces développements nouveaux s'appuyant sur une conception " hardware " de qualité et élargissant le chiffre d'affaires potentiel du 10 070, reculaient la date de son obsolescence, et amorçaient un programme cohérent entre 10 070 et P3 dans l'axe des gros systèmes universels.

Les produits visent ainsi trois marchés principaux :

La croissance du chiffre d'affaires CII durant le plan repose essentiellement sur ces trois axes. La politique de produits au cours de cette période d'expansion de la CII exclut donc l'axe des petits systèmes de gestion de grande diffusion et l'axe des ordinateurs géants.

2. Conditions de l'expansion :

Sur le marché français, la pénétration s'effectuera d'abord dans le secteur public et parapublic, en raison de la nature des produits de la CII, particulièrement bien adaptée aux besoins de ce secteur. L'attaque de la clientèle privée sera faite à partir de la clientèle susceptible d'utiliser les grands systèmes et devra s'étendre progressivement vers les installations de gestion moyennes. Cependant, la clientèle privée est déjà atteinte par CII dans le domaine des petits ordinateurs et des systèmes associés.

Systèmes moyens

Dans cette classe, la gamme constituée par Iris 50, P0 et P2 se situe au-dessus de la moyenne. Globalement et en ce qui concerne le marché français, le premier axe (systèmes moyens) correspond à une pénétration croissante à partir de 1970 et atteignant en 1973 10% de l'ensemble des livraisons en France dans cette classe ; ce pourcentage reste constant jusqu'à la fin du plan, la croissance de la CII suivant en gros celle du marché français.

Les livraisons prévues correspondront d'abord à la création de premiers équipements et à de nouvelles applications. Il sera en effet difficile, pour CII, de " déloger " ses grands concurrents, fortement implantés en gestion classique. Pour tenir compte de cette situation, la CII retient la notion de " marché accessible " utilisée dans les lignes qui suivent.

Dans ces conditions, les Iris 50 prévus dans le plan sur le marché français, représenteront néanmoins sensiblement 40 à 45% des systèmes moyens jugés accessibles par CII. Dans cet effort, les filières commerciales amorcées par nos machines antérieures, jouent un rôle limité il a été prévu que 20 à 30% des machines de gestion en service 3900 - 4000, seraient remplacées par des Iris 50. Il en est de même d'un certain nombre de machines C 90, en dehors du domaine de la gestion.
Les clients nouveaux seront recherchés de préférence parmi des organismes prévoyant des séries répétitives d'installations d'ordinateurs, ou encore parmi les utilisateurs ayant des applications de même nature. En offrant aux utilisateurs une possibilité d'extension ultérieure vers un ordinateur plus puissant, P2 renforce la position commerciale d'Iris 50, et permet de conserver les filières de clientèles ou d'applications relevant aujourd'hui du 10 070.
A l'exportation, des débouchés assez larges pour Iris 50 et P0 sont prévus, vers les pays de l'Est, vers le Marché Commun, et vers les pays en voie de développement, en s'appuyant sur des applications pilotes mises au point en France.

Grands systèmes

Le second axe (grands systèmes) est attaqué vigoureusement et avec succès avec le 10 070, le pourcentage de livraisons CII atteignant dès le début du plan 16% du total France et dépassant ensuite 20% à partir de 1973. Par rapport aux perspectives excellentes du marché des gros ordinateurs de cette classe, une stabilisation de la position de la CII sur le marché a été admise par prudence en 1974 et 1975. Les gros ordinateurs représentant sensiblement 45% des livraisons en valeur vers 1975, il est clair que le programme P3 a une importance capitale pour la CII.

Les percées importantes réalisées aujourd'hui par le 10 070 se répartissent ainsi sur les installations en service ou en commande :
· scientifique : 30 à 40%
· systèmes spécialisés : 35%
· applications universelles avec orientation gestion : 25%

Avec le nouveau software de multiprogrammation qui entrera en exploitation prochainement, une évolution davantage marquée par la gestion est escomptée, avec des applications complexes telles qu’ordonnancement de production, systèmes de gestion en temps réel avec liaisons à distance, etc. D'autre part, certaines filières relatives à Iris 80 sont amorcées avec des livraisons de 10 070.
En ce qui concerne Iris 80, l'accueil commercial a été très favorable ; la conception du système est pleinement conforme à l'évolution de la demande dans cette classe et aux tendances annoncées par les grands constructeurs.
Après analyse des prospects actuels et des besoins du marché, on a prévu que 30% du marché français jugé accessible à CII serait pris par Iris 80.
A l'exportation, différentes affaires ont été acquises en s'appuyant sur les références de SDS aux États-Unis (systèmes, universités). Des succès récents auprès d'organismes européens, en gestion notamment, permettent d'espérer un élargissement de ces percées en 10 070 puis Iris 80.

Petits systèmes et petits ordinateurs

En ce qui concerne les petits systèmes de gestion, la CII n'abordera pas ce marché dans la perspective de ce plan. Quant aux petits ordinateurs (hors gestion) la part de CII sur le marché français est déjà importante.

Le 10 010 est essentiellement vendu en OEM (automatisme, instrumentation, etc.) sous le nom d'Iris 10, et avec une meilleure rentabilité, des systèmes-types avec software spécialisé (package) sont en cours de commercialisation selon trois axes :
· enseignement avec pupitres multiples,
- concentration, diffusion de messages,
· terminaux évolués en connexion avec les grands systèmes installés par CII.
Le 10 020 a acquis une bonne position dans des installations spécialisées ou de calcul scientifique.

A l’exception d'Iris 10, les livraisons du 10 010 et du 10 020 seront en décroissance rapide à partir de 1971. Les projets en cours d'étude devraient permettre de conserver les positions acquises et d'élargir les débouchés

3. Taux d'expansion :

Les taux d'expansion prévus apparaissent ainsi comme relativement importants sur les deux axes principaux des systèmes moyens et gros. Ils tiennent compte des limitations rencontrées qui sont de deux natures :

En conclusion, l'analyse de ces différentes contraintes industrielles et commerciales a permis d'aboutir aux chiffres d'affaires exposés dans les pages qui suivent.
Le taux annuel d'expansion en équivalent-vente commence par croître en début de plan pour atteindre 30% environ en 1972 - 1973. Il a été réduit à 15% et 12% en 1975 et 1976 par mesure de prudence, ce qui rend compte de l'obsolescence possible des Iris 50 et d'un palier de chiffre d'affaires pour Iris 80, alors que les facturations relatives à de nouvelles machines restent encore difficiles à préciser.
Dans ces conditions, le taux annuel moyen ressort à 21% sur la durée du plan : il correspond à une expansion satisfaisante de la Compagnie sur les axes qu'elle s'est donnés et compatibles avec ses possibilités. Un taux plus ambitieux exigerait à la fois des efforts de diversification et des moyens supplémentaires difficiles à mettre en place.

4. Perspectives :

L'évolution constatée des applications à la gestion et, dans des conditions différentes, au calcul scientifique tend à créer un marché de systèmes comportant une centralisation du traitement avec accès multiples en temps réel, localement ou à distance. Cette orientation du marché, plus rapide qu'on ne le supposait il y a quelques années, a nécessité une adaptation de la politique commerciale de CII et entraîné des prolongements d'études sur les produits actuellement lancés : périphériques, terminaux, unités d'échanges de communications et élaboration de nouveaux produits software.

Il est probable que se confirmeront au-delà de 1975, les tendances du marché. L'aboutissement supposé de ces tendances, définira une nouvelle physionomie de l'emploi de l'informatique et par voie de conséquence, de son marché.

Deux conditions extrêmes d'exploitation peuvent être opposées en simplifiant :

· l'accès collectif à un système informatique central ou à un réseau d'ordinateurs à partir de pupitres et de terminaux adaptés aux divers postes de travail caractéristiques de l'activité de l'usager ;

· l'usage privatif d'un ordinateur, mode d'exploitation pouvant impliquer néanmoins l'usage de nombreux terminaux locaux, de même nature que les précédents.

A ces deux voies correspondent deux stratégies commerciales différentes :

a) La stratégie relative à la deuxième voie, correspondant à un usage privatif d'ordinateurs, conduirait à des matériels de bas de gamme et de grande diffusion. Elle nécessiterait un accroissement important des investissements en matière de réseau de vente, d'assistance technique et de software d'applications. Elle imposerait, par voie de conséquence, un accroissement considérable des marges, objectif impliquant une mutation technique et industrielle difficile à envisager à court terme, surtout dans une entreprise encore modeste.

b) La stratégie relative à la première voie est cohérente, d'une part avec l'activité commerciale de la CII nécessaire dans la période 1969 - 1975, et d'autre part avec la gamme de prix des systèmes actuels et en projet. Compte tenu de l'accroissement des performances, elle confirme deux axes à long terme :
· l'axe gros systèmes,
· l'axe systèmes moyens.

Le choix de cette orientation ne dispense pas la CII d'efforts importants pour l'amélioration de son PV/PRT, étant donné la concurrence probable au-delà de 1975, et la situation actuelle de la Compagnie à cet égard. Cet effort est néanmoins sans commune mesure avec celui qui serait rigoureusement nécessaire dans la stratégie relative à la seconde voie.

Cette première stratégie introduit à terme certaines formes de coopération avec les sociétés de services,
- soit pour la fourniture de systèmes à de telles sociétés capables de toucher des couches de clientèle qui ne seraient pas directement accessibles avec les produits ou les services informatiques de CII,
- soit encore pour la réalisation de réseaux d'ordinateurs de grande ampleur et impliquant une fourniture " clés en main ".

Ni l'une ni l'autre des voies possibles n'obligent la Compagnie à fabriquer des ordinateurs géants, dont l'étude absorberait l'ensemble de ses moyens, avec des risques certains et des avantages difficilement appréciables. 
Durant le plan 1970 - 1976, l'orientation à long terme de la CII s'appuiera donc sur la première stratégie, l'opportunité d'une inflexion de cette politique vers la seconde stratégie devant être examinée vers les années 1972 - 1973.
Sur la base de cette politique ont été établies les hypothèses à caractère commercial, industriel et financier qui suivent.

 

IV – Hypothèses A CARACTÈRE COMMERCIAL ET INDUSTRIEL RELATIVES A CII

1. Chiffres d’affaires :

Un premier tableau donne le C.A. équivalent-vente avec sa ventilation (en supposant que tous les matériels et services produits sont vendus), en MF.

Année
1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 Total
France :          
   
Activité civile secteur public 190,3
234,0 284,0
350,0
396,0
444,0 500,0
2398,0
Activité civile secteur privé 30,0

 

59,0

 

101,0

 

152,0

 

229,0

 

279,0

 

328,0 1178,0

 

Divers & maintenance 18,7

 

34,0

 

50,0

 

72,0

 

90,0 111,0

 

122,0

 

497,7

 

Matériels militaires 97,8

 

60,0

 

52,0

 

52,0

 

52,0

 

47,0

 

40,0

 

400,8

 

Exportation 52,2
88,0
117,0
162,0
190,0
222,0
242,0
1073,2
TOTAL CA EV 389,0 475,0 604,0 788,0 957,0 1103,0 1232,0 5548,0


Le chiffre d’affaires réel correspondant aux facturations des ventes et des locations se ventile approximativement comme suit, en MF :

Année

1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 Total
Activité civile France 114,4 111,0 115,0

 

122,0

 

155,0 185,0

 

202,0

 

1 004,0
Ventes 43,4 74,5 127,9 205,0 297,6 402,9 490,2

 

1 641,5

 

Redevances de location 18,7 34,0 50,0 72,0 90,0 111,0 122,0 497,7
maintenance et divers 97,8 60,0 52,0 52,0 52,0 47,0 40, 400,8
Militaire France 47,7
67,0
87,0
122,0
143,0
167,0
182,0

 

815,7
Exportation                
TOTAL CA réel 322,0 346,5
431,9
573,0
737,6
912,9
1 036,2
4360,1


Il est à noter que le chiffre d’affaires réel social et fiscal de CII sera supérieur à ces chiffres qui, dans la réalité, seront augmentés :

Après ce paragraphe I suivent les paragraphes non reproduits ici.

2. marge brute et PRT
3. valeurs d’exploitation,
4. frais commerciaux,
5. effectifs et surfaces,

et les chapitres non reproduits ici.:

V - Hypothèses à caractère financier,
VI - Comptes d’exploitation analytique CII,
VII - Plan de financement CII,
VIII - Bilans prévisionnels CII,
IX - Comptes d’exploitation et plans de financement de la société de financement,
X - Bilans prévisionnels de la société de financement,


XI – CONCLUSIONS

1 Les perspectives d'avenir chiffrées dans les tableaux qui précèdent paraissent dominées par les éléments suivants :

2. Il n'est donc pas concevable d'envisager la suppression de marchés d'études en provenance de l'État à partir de 1972, alors que l'industrie étrangère reçoit des sommes importantes pour financer ces études, aux États-Unis, en Angleterre et en Allemagne en particulier.

Pour tirer le meilleur parti de ce financement, il convient de considérer que le catalogue de la CII comporte 2 sortes de produits :

L'effort de l'État français devra être concentré sur cette deuxième activité de la CII.

3. Par ailleurs, il est nécessaire de rappeler l'importance capitale de l'action commerciale notamment à l'exportation. Il semble donc souhaitable d'admettre que l'État puisse apporter son appui à l'expansion commerciale de la Compagnie par le financement des implantations commerciales à l'étranger, en particulier pour les centres de calcul et de démonstration.

4. En outre, le domaine de l'informatique militaire française nous paraît devoir faire l'objet d'un nouvel examen.

Depuis la mise en route du Plan Calcul Militaire, incorporé dans l'actuelle Convention, une partie du domaine a été transférée à un industriel étranger à la CII. L'argument utilisé pour l'adoption de cette disposition réside dans la nature particulière des matériels aéroportés. Cet argument, justifié en apparence, donne lieu à une duplication des efforts techniques que l'étendue du marché de l'électronique militaire ne peut justifier.

En effet, tant sur le plan des caractéristiques que sur celui de la technologie, les calculateurs aéroportés se distinguent de plus en plus mal des calculateurs militaires de campagne au sol.

Une révision de la politique pratiquée depuis peut paraître nécessaire, si l'on veut éviter de voir osciller une charge technique, d'importance moyenne mais hautement spécialisée, entre plusieurs fabricants avec les inconvénients industriels et sociaux qui ne peuvent manquer d'en découler.