Paris-Gambetta

Bull a vécu pendant une cinquantaine d'années autour du 94 avenue Gambetta dans le nord-est de la capitale française.
Ces locaux ont hébergé successivement et souvent simultanément direction générale, services commerciaux, magasins, ateliers de fabrication, laboratoires d'études mécaniques, électroniques, développement de logiciel, centre de calculs.

Bull lived during about fifty years around the upper part of Avenue Gambetta in the north-west of Paris. This location has been inhabited successively or simultaneously by people from headquarters, sales, manufacturing, mechanical and electronical engineering, software development and computing centers.


image du quartier de Gambetta en 2005 © Google Earth 
(orientation vers l'est prise dans la matinée, l'avenue Gambetta est située l'ombre)

La société EW Egli-Bull s'installa en 1931 au 92 bis de l'avenue Gambetta au siège d'un des actionnaires initiaux ATEMETA. 

Il est bien évident que cette expansion nécessitera des locaux supplémentaires qui se trouveront d’une part dans une extension sur le site lui-même et dans ses environs immédiats et d’autre part dans d’autres locaux de la région parisienne ou de province. Parlons donc un peu de l’implantation à Paris (20ème)

En mai 1939 le bail des locaux du 92 bis est renouvelé pour 9 ans et est assorti d’une promesse de vente pour un certain nombre de terrains alentour. En 1940, un étage est ajouté sur une partie de l’usine et la décision est prise d’acheter les locaux. En 1943 sont achetés des locaux en face, un terrain au 157 (590 m2 pour 472000 francs), et au 159 un terrain de 1000 m2 avec un pavillon à usage de bureaux et des ateliers. Dans ces locaux du coté gauche de l’avenue se trouveront en particulier la cantine et des locaux de maintenance. La maintenance aura aussi des locaux rue Henri Poincaré. Tous ces locaux de la « rive gauche » de l'avenue seront abandonnés lors de l’extension des locaux en face. En 1944, sont achetés un terrain et diverses constructions aux 25 et 27 rue du Surmelin, payés par une rente viagère à la propriétaire, madame Munie. En 1959 de nouveaux bâtiments sont acquis rue Haxo (6000m2) -de la compagnie d'assurances Le Nord-  et rue Ernest Lefèvre (12000m2) -de la société Ducellier Bendix Air Equipement-

A la suite de ces extensions Bull couvre une grande partie du quadrilatère formé par l’avenue Gambetta et les rues Ernest Lefèvre, du Surmelin et du Groupe Manouchian et forme un labyrinthe d’escaliers, de couloirs, d’ateliers, de bureaux construits sans plan d’ensemble au fur et à mesure des besoins, qu’une expérience de plusieurs années était parfois insuffisante à maîtriser. 


entrée du 92 bis avenue Gambetta dans les années 1930


Cette impression est bien résumée dans le récit que fait un de nos anciens de son premier contact avec Bull, dans un essai autobiographique paru il y a quelques années :« Ils s’engagèrent dans un premier couloir qui débouchait sur une cour intérieure au milieu de laquelle se trouvait un bâtiment tout à fait inattendu dans cet environnement; il s’agissait d’une petite maison que Jacques entendit plus tard désigner comme “le pavillon Louis XIII”, sans qu’il sût jamais la raison de cette appellation. Après avoir emprunté plusieurs autres couloirs et tourné tantôt à droite, tantôt à gauche, ils débouchèrent soudain dans un grand hall recouvert d’une verrière : ils étaient dans l’usine et Jacques était émerveillé à la vue des nombreuses machines, tours, fraiseuses, décolleteuses et autres dont, jusqu’ici, il ignorait même l’existence. Ils traversèrent ce hall de part en part, poursuivis par cette odeur de brûlé si particulière, qu’exhale le métal travaillé par des machines­ outils. Ils ressortirent de ce hall par une petite porte, juste assez large pour le passage d’un homme et là, Jacques se crût arrivé dans les coursives d’un bateau. Un étroit escalier métallique s’élevait devant eux, dans lequel son guide s’engagea. Parvenus en haut, après avoir franchi une nouvelle porte étroite, ils se trouvèrent dans un couloir, bordé sur l’un de ses côtés par une cloison dont la partie haute située à environ un mètre du sol était constituée de vitrages plus ou moins dépolis. Derrière ce vitrage, des cloisons perpendiculaires au couloir découpaient l’espace en une série de petits bureaux. »

On a vu que Bull avait aussi acquis des bâtiments de l’autre coté de l’avenue où fut installée entre antres la cantine. Écoutons à nouveau notre mémorialiste :

« Lorsqu’arriva midi, Jacques qui se dirigeait alors vers la cantine avec deux collègues, souriait intérieurement. Il songeait à la fine plaisanterie faite par l’un d’eux pour conclure le cours: maintenant, lançons le cycle d’alimentation. La cantine était située de l’autre côté de l’avenue Gambetta, abritée sous un grand hall qui avait dû auparavant être un bâtiment d’usine. Il s’agissait de la cantine du personnel non cadre, car les cadres disposaient d’une cantine réservée à leur propre usage. La cantine était occupée en majorité par les ouvriers de l’usine, et les employés, qui étaient minoritaires se regroupaient autour de quelques tables, toujours les mêmes.
Les tables étaient immenses, toutes en longueur, permettant d’accueillir chacune sur des bancs en bois une bonne vingtaine de personnes. Bien qu’il eût passé auparavant sept années en internat, Jacques se sentit toujours mal à l’aise en pénétrant dans cette cantine. La première raison en était que chacun devait apporter son couvert complet, assiette, verre, couteau et fourchette, et déposer le tout dans une case, après avoir fait sa propre vaisselle dans une salle contiguë où se trouvaient d’immenses éviers collectifs. Il se trouve que les stagiaires techniques étaient habillés de manière identique à celle de leurs aînés qui opéraient chez les clients, car l’usage le voulait ainsi.
Jacques se trouvait donc, pour la première fois de sa vie d’ailleurs, habillé en “tenue de ville”, avec veste et cravate. Il faut reconnaître que ce n’était pas la tenue idéale pour faire la vaisselle dans un environnement où les risques d’être éclaboussé par les voisins étaient considérables. L’autre raison provenait du fait que les ouvriers de l’usine ne changeaient pas de vêtement pour aller à la cantine, probablement parce qu’ils n’en avaient pas le temps. En conséquence, ils s’installaient à table avec des bleus de travail parfois maculés de taches de graisse ou de poussières métalliques. Jacques rejoignait le plus souvent l’une des tables d’employés, mais parfois, soit qu’il n’y ait plus de place disponible à ces tables, soit parce que, par une sorte d’idéalisme, il ne voulait pas snober les tables d’ouvriers, il s’asseyait à l’une de leur tables. Bien qu’il y reçut toujours un accueil chaleureux, probablement grâce à son jeune âge, il était, pour la raison que l’on vient d’évoquer, mal à l’aise pendant tout le repas. »

Qualifié par le maire de l’époque de « plus beau fleuron du 20ème », Bull est évidemment de loin le plus gros employeur de l’arrondissement.

On imagine l’animation et l’apport économique d’une telle situation. Pour ne citer que quelques cafés, évoquons ceux de l’avenue Gambetta, fréquentés par les commerciaux et les personnels de maintenance, le Moderne, l’Avenir, noms prédestinés pour une industrie de pointe, le Petit Dôme et le St Fargeau. .N’oublions pas le Glou glou, de la rue du Surmelin, fief des développeurs des Études.

© François Holvoet-Vermaut extraits de http://mapage.noos.fr/fholvoet/Bull20eme2.htm 

 


Le dessin ci-dessus reproduit une vue de Gambetta au début des années 1950s. Au premier plan, le bâtiment principal construit sur l'emplacement du grand Garage Moderne Aucun de ces bâtiments n'existe plus dans les murs originaux aujourd'hui. Le bâtiment en façade de l'avenue Gambetta a été prolongé vers le Nord (à gauche de l'image) par un bâtiment de même style repris dans l'immeuble actuel du Rectorat de l'Académie de Paris. A l'extrémité gauche de l'image se trouve l'entrée du 96, l'impasse Fossard délimite alors l'empreinte des bâtiments Bull. Le bâtiment en haut à droite est le bâtiment Progrès.


Le plan ci-dessus datant de 1983 représente presque l'emprise maximum de Bull dans le quartier Gambetta. Seuls les quelques bâtiments en face sur l'avenue (au 159) ont été détruits au profit d'un parking et du théâtre de l'Est Parisien. Rue Haxo, Bull conserve encore des bâtiments occupés dans les années 1960 par les Études. En 1983, le réseau commercial France a été éclaté entre Louveciennes et la rue d'Avron. La direction Générale occupe encore l'immeuble Gambetta. Le bâtiment Fossard est utilisé par les Services Généraux. Le Thermomètre est essentiellement occupé par les Études Matériel, tandis que Ernest-Lefèvre héberge les Études Matériel.


façade avenue Gambetta en 1983

 


Photographie du début des années 1990 après la reconstruction de la façade Gambetta. 
A cette époque, Bull n'est plus que locataire des murs et ne conserve qu'une partie des Études Logiciel et Support GCOS7 dans ce qui fut le siège de la Compagnie.