Victor Thevenet 14 avril 1999

LA CARTE PERFORÉE
base des applications industrielles du traitement de l’information

1] Éléments et principes de base
        Le contexte :
le XIXème siècle voit l’émergence de la révolution industrielle, c’est l’ère de la technologie mécanique et les énergies deviennent largement disponibles, dont l’énergie électrique.
Les machines envahissent les usines et il y a un besoin de plus en plus pressant d’automatiser ces machines pour créer des " processus industriels ".
Pour automatiser il faut :
        - enregistrer dans une mémoire une suite de commandes spécifiques à une machine et à un travail précis,
        - relire automatiquement et de façon récurrente cette suite de commandes.
Les applications largement connues du grand public sont : l’orgue de barbarie, les automates et le métier à tisser Jacquard.

        Le principe : une commande est représentée par un ou plusieurs trous dans un support résistant ; chaque trou a une signification précise selon son emplacement ; chaque commande est ainsi codée. Le support est une bande de carton souvent bouclée sur elle-même. Pour reconnaître successivement les commandes la bande défile devant un dispositif de lecture qui est
- soit mécanique : une pointe tombe dans un trou situé à un emplacement précis (et ceci à un moment précis) ; le mouvement de la pointe actionne la commande ainsi sélectionnée.
- soit pneumatique le trou permet à l’air sous pression d’agir sur la commande.
- soit électrique : un contact est établi à un emplacement et à un moment précis, le courant électrique actionne la commande à l’aide d’un électro-aimant.

Les caractéristiques de cette " mémoire programme " sur bande
        - elle est lue automatiquement
        - elle est permanente
        - elle n’est pas modifiable
        - sa capacité est variable mais finie
        - elle est spécialisée pour un programme précis
        - elle utilise un code spécifique à la machine

2] Naissance de la mécanographie à carte perforée 
            Hermann Hollerith, obtient le contrat pour le dépouillement du recensement de 1890 aux USA car son invention : la carte perforée permet de mémoriser la masse des informations à traiter.

cart-stnd.jpg (11033 octets)

        - Il reprend l’idée de coder l’information par des trous dont les coordonnées sont représentées sur l’axe horizontal par des colonnes (souvent 80) et sur l’axe vertical par 10 lignes affectées chacune à la valeur des chiffres de 0 à 9, plus 2 lignes réservées pour des codes qualifiants ces données (ex : nombre négatif et extension du code pour la représentation alphabétique).

        - la carte passe horizontalement devant le poste de lecture et la valeur du caractère est défini par l’instant auquel il est lu.
        - il regroupe sur une seule carte des données homogènes référencées par un argument commun (l’identifieur).

Les caractéristiques de cette " mémoire" :
        - les dimensions des cartes sont standard, mais des applications particulières sont résolues par des aménagements qui permettent d’obtenir ; des cartes étiquettes, des cartes à talon etc…
        - le code est " standard " sa valeur numérique est déterminée par la coordonnée verticale du trou sur la carte, il y a la ligne des 9 puis des 8 etc…
        - la représentation alphabétique est faite avec 2 trous sur la même colonne.

        - cette mémoire est permanente
                - mais elle peut être complétée, par l’utilisation de colonnes non encore utilisées.
                - elle est lue automatiquement,
                - chaque carte portant un argument d’identification, sa place n’est pas fixe par rapport aux autres cartes. Il en résulte :
                        - l’ordre des cartes est modifiable, les données peuvent être classées (triées) par des machines
                        - leur nombre n’est pas limité
                        - elles peuvent être groupées en " fichier "
                        - accessoirement, elle est manipulable et facilement lue par les opérateurs. Si les cartes sont utilisées au niveau de " guichets " ou de " magasins " afin de fournir l’état de situations, les données utiles sont imprimées sur le haut de la carte pour être lues par les employés.

Remarque :
        La carte perforée est tout à fait assimilable à une pièce mécanique traitée successivement par des machines différentes pour lui faire subir des traitements et aboutir à un produit fini. C’est le processus de " travail en série " du XIX
ème siècle qui, en mécanographie sera appelé " travail par lot " ou " batch ".

        La carte perforée est principalement utilisée de 1890 à 1935 pour les travaux statistiques, puis à partir de 1935 pour tous les travaux administratifs et de gestion. Elle sera largement utilisée par les ordinateurs jusqu’à la fin des années 1970.  Elle sera définitivement détrônée par le mode de travail " transactionnel " qui à partir d’un terminal, permet une interaction directe entre l’ordinateur et l’utilisateur.

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