VII - EPILOGUE

Après 41 ans de carrière et 20 ans de retraite qui m'ont laissé le temps de réfléchir, je reste plutôt perplexe quant à l'avenir de la Compagnie.

D'abord, un point qui échappe totalement à mes petits-enfants. S'il est exacte que mes employeurs ont été très peu nombreux, mon métier, lui, s'est totalement transformé en 41 ans. Je suis entré chez Bull, qui était déjà une industrie de pointe, et donc en évolution constante. Elle passera ainsi de l'électro-mécanique à l'électronique d'avant garde que constitue l'informatique.

Ceci étant, j'ai été obligé, pendant toute ma carrière, d'avoir une formation "continue" pour satisfaire aux différentes fonctions que j'ai occupé dans un secteur industriel en mutation permanente, ce qui convenait très bien à mon caractère. En 1941, je suivais des cours de mécanique, en 1982, les deux derniers colloques auxquels j'ai assisté concernaient l'évolution des micro-processeurs Intel et Motorola et la mise en place du réseau Transpac.

Finalement, j'ai peu utilisé mes connaissances scolaires dans mon métier, puisqu'elles auraient dû normalement m'orienter dans le domaine de la fabrication. Je les ai surtout utilisées "à la maison" pour satisfaire mon besoin de réaliser des travaux personnels sans rapport avec ma profession.

Je ne regrette pas mon parcours professionnel. Je l'ai fait en fonction de mes goûts, mais je pense que j'aurais pu aller un peu plus loin si mon objectif avait été de "faire une carrière" avant de m'intéresser aux produits eux-mêmes.

Sur le plan de l'entreprise, les choses n'ont plus rien de comparable. En 1941, Bull produisait la quasi totalité de ses machines avec 500 personnes. AUjourd'hui, à travers de nombreux accords qui se font et se défont sur le plan mondial, la Cie est devenue une société multinationale et, majoritairement, une société de services. J'ai noté qu'en 1997, notre P.D.G. indiquait dans une allocution, que la Cie était handicapée par rapport à la concurrence du fait qu'elle fabriquait encore à Angers et que ce problème devrait être examiné.

Aussi, en ce qui concerne les fameuses normes ISO 900x, la Cie est-elle certifiée à la fois ISO 9000 pour la fabrication et ISO 9002 pour les services.

J'ai bien du mal à m'y retrouver dans ces conglomérats où on ne sait plus très bien qui est qui et qui fait quoi ? Je ne vois pas comment, de nos jours, Bull ou une autre société de pays dits "développés" serait capable de produire à un prix concurrentiel toutes sortes de machines vendues sur le marché à des prix défiant toute concurrence.

On a beau se recycler en permanence, si on ne veut pas perdre pied dans la compétition mondiale, je dis simplement aux jeunes, essayez de choisir la bonne voie, veillez en permanence pour avancer ou ne pas se faire devancer dans votre profession, car rien n'est jamais acquis définitivement et le premier aujourd'hui ne sera probablement pas celui de demain.

Ceci dit, je vous souhaite une bonne réussite. Pour moi, je peux donner éventuellement quelques conseils, mais ma carrière est terminée.

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